Premières Secousses

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Et, comme à chaque fois que je procrastine, il fait presque nuit au moment où je me dis qu'il serait judicieux de bouger.

Quand j'eus fini de jouer, je constatais avec stupéfaction que le soleil allait bientôt se coucher. Asphodèle était toujours dans le jardin, et j'ouvris la fenêtre pour lui ordonner de rentrer. Il obtempéra avec un sourire, en trainant des pieds. 

Je montais les escaliers quatre à quatre pour ranger mon violon et redescendit aussi vite que possible pour récupérer la laisse. Je sifflais pour appeler Cthulhu, qui vient en trottinant joyeusement. Hazel le suivit et me demanda :

-Tu vas le sortir ?

-Oui, tu veux venir ?

-D'accord.

Asphodèle venait de rentrer dans la maison par la porte de derrière et je lui lançais, en accrochant la laisse au collier de notre compagnon à quatre pattes :

-On sort le chien, tu veux venir ?

-Nan.

-D'accord. On revient dans une dizaine de minutes, fait pas de conneries s'il te plait.

-Hm.

Je pris les clefs de la maison, ma veste et la main d'Hazel au moment où nous sortîmes de notre maison.

D'ici à une dizaine de minutes, il y avait moyen que nous puissions nous rendre au parc, ce qui ferait sans doutes plaisir à Cthulhu.

La brise du soir s'amusait avec nos cheveux, caressant doucement nos visages tandis que nous avancions aussi lentement que possible, compte tenu du fait que le chien tirait sur sa laisse comme un malade, heureux d'avoir enfin pu sortir après avoir passé presque toute la journée enfermé dans la maison.

-Tu ne m'as pas dit comment ça s'était passé, l'école, dis-je finalement, pour briser le silence.

-Bien...

-Menteur. La vraie version, cette fois ?

-Je me suis fait traité de bébé... d'intello... et de nul, aussi...

Je lui caressais doucement les cheveux, énervée contre ses gamins qui ne savaient pas à quel point ils pouvaient être cons et à quel point leurs paroles pouvaient être blessantes.

-T'as rien dit à la maitresse ?

-Non...

-Faut le dire à la maitresse, quand ça se passe comme ça.

-Mais ils vont me traiter de balance après !!

-T'as qu'à leur dire que tu ramènes ta sœur.

-Si je fais ça, ils vont m'appeler "mauviette"...

-T'es pas une mauviette. T'es juste pas aussi bête et insensible qu'eux. Ils sont juste trop idiots pour s'en rendre compte, tu sais. Et si ça continue, je te garantis que je vais faire une scène avec les parents dans le bureau du directeur. Ils vont nous entendre hurler comme on l'a jamais fait, les murs vont en trembler !!

Un fugace sourire passa sur les lèvres de mon petit frère. Je lui frictionnais amicalement l'épaule, pour le rassurer :

-Et puis, si t'as ton renard, tout ira bien, tu ne croies pas ?

-Ça peut me protéger, une peluche ?

-Pas toutes les peluches, seulement les miennes.

S'il y avait quelque chose que j'adorais chez mon frère, c'était qu'il avait gardé une certaine forme d'innocence à l'âge où les enfants avaient tendance à apprendre leurs premiers gros mots d'adultes. À son âge, Asphodèle était très différent. Pas pire, mais différent.

Tout ira bien... (Fanfiction Creepypastas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant