-Tu... Tu plaisantes j'espère ?
-Non, je veux rester avec toi.
Je tentais de reprendre un minimum contenance et rétorquais d'une voix calme, de celle qu'on utilise pour parler aux jeunes bambins :
-Hazel, je vais faire quelque chose de long et de potentiellement dangereux, je ne veux pas te mêler à ça.
-Me laisse pas...
Son ton suppliant était sur le point d'avoir raison de moi. Oui, il m'en fallait peu, surtout venant de lui. Hazel n'a jamais été un enfant capricieux, de ce fait, je lui passais les rares volontés qu'il avait. Mon instinct me disait de le garder vers moi, s'opposant à ma Raison qui me signalait qu'un enfant ne pouvait pas me suivre.
Je sentis sa petite main tremblante se serrer faiblement autour de la manche de ma veste, alors qu'il rajoutait :
-Je veux pas rester là...
-Tu seras en sécurité ici, Hazel. Je m'engage sur une route dangereuse. Je ne veux pas que tu m'y rejoignes aussi.
-Pourquoi tu pars si tu sais que c'est dangereux... ?
Son ton suppliant était sur le point de m'arracher une larme. Je ne résistais pas à l'envie de le serrer contre moi, et lui murmurais :
-Parce que je dois le faire. Parce que si je ne le fais pas, personne d'autre ne le fera.
Je n'avais pas envie de lui confier la véritable raison de mon départ. Il aurait compris ma volonté de vengeance, et, avec son prisme d'enfant, l'aurait vu comme quelque chose à éviter, comme la fiction le lui a enseigné. Il aurait tenté de me dissuader, et nos parents m'auraient empêché de partir et surveillée.
-Je ne veux pas rester ici... C'est trop dur...
Ses paroles eurent l'effet d'un coup de marteau sur une vitre. Ma volonté de l'empêcher de venir avec moi vola en éclats, alors que je le serrais plus fort contre moi en murmurant :
-Prends tes affaires et allons dans ma chambre. Kassian est sensé nous aider à descendre du mur.
Comment avais-je pu être aussi bête ? Il vivait la même chose que moi, un véritable traumatisme. Ce n'était qu'un enfant. Il avait besoin de quelqu'un qui le comprendrait, qui avait vécu la même chose que lui. Il avait besoin que cette personne reste auprès de lui. Moi, j'étais incapable de rester, même avec ma volonté d'avancer pour venger Asphodèle. Hazel en était tout aussi incapable, et j'étais idiote de ne pas l'avoir remarqué avant.
Mon petit frère descendit doucement du lit tandis que je l'attendais, toujours assise, résolue à ne pas le laisser seul.
Quand finalement, il rassembla ses affaires, je lui pris la main et nous nous sommes dirigés discrètement jusque dans ma chambre. Une fois arrivés, j'embrassais une dernière fois la pièce du regard.
Cet endroit avait été celui qui m'avait vu grandir, et aujourd'hui, je lui disais au revoir. Je me débarrassais de cette pièce qui, auparavant, avait été centrale, mais qui maintenant, me rendait mal à l'aise. J'ouvris finalement la porte et vit Kassian qui nous attendait en bas. Il bougeait ses bras pour capter notre attention. Je lui fis signe que nous l'avions vu, et il nous lança une corde que je rattrapais au bout de la deuxième fois avant de l'accrocher au pied du lit, puis fit descendre mon frère avec son sac sur le dos.
Je vérifiais qu'il descendait correctement, avant de laisser ma lettre sur mon lit, d'éteindre la lumière et m'agrippais à la corde à mon tour, gardant mon sac sur le dos malgré le fait que son poids m'était douloureux. Peu importe, ce n'était pas la douleur la plus importante que j'avais vécu.
Lorsque j'atteignis le sol, Kassian insista pour porter mon sac, tout en portant celui d'Hazel, et me demanda ce qu'il faisait ici, ce à quoi je répondis par un geste de la main pour lui dire que nous en discuterions plus tard.
Kassian nous signala que sa voiture nous attendait non loin de la forêt, là où personne, surtout pas mes parents, l'auraient remarqué. Nous nous y sommes donc dirigés en silence, décidant de contourner les maisons au mieux pour être plus discrets. Je tenais la main de mon frère et m'appuyais sur ma béquille, qui avait tendance à glisser sur la terre humide.
Néanmoins la silhouette qui se mit en travers de notre route prouva que notre discrétion était futile.
Je me suis figée en voyant cela, parce que je reconnaissais cette personne. La dernière fois que je l'avais vu, c'était lorsque ma jambe se faisait écraser. C'était le seul homme du groupe, qui avait regardé de loin sans pour autant attaquer.
Kassian avait réagi en se mettant devant nous, posant nos sacs au sol, et l'homme lâcha un éclat de rire avant de se jeter sur lui. Notre allié réagit instantanément en bloquant ses bras et en lui lançant un puissant coup de pied dans le ventre. Notre assaillant s'étala au sol et Kassian le frappa de nouveau, à plusieurs reprises, avec le pied. L'autre répliqua en plantant le couteau qu'il tenait dans son mollet, mais Kassian semblait ne pas s'en préoccuper.
Moi, je me contentais de regarder la scène avec froideur, alors que mon frère s'était retourné pour cacher son visage.
Kassian finit par attraper notre assaillant par le col de sa veste et me lança :
-Tu souhaites t'occuper de lui ?
Je ne mis pas longtemps à réfléchir à ce que nous allions faire et répondis :
-Tu as toujours de la corde ? On l'embarque avec nous.
La réaction de notre assaillant ne se fit pas attendre. Il lui prit la jambe, donna un puissant coup dans l'autre jambe et le fit tomber. Il se redressa, nous lança un dernier coup d'œil puis s'enfuit. Je tentais de le poursuivre mais ma jambe m'empêcha d'aller vite. N'ayant aucune aiguille à disposition pour tenter de l'arrêter, il s'enfuit sans que nous n'ayons pu l'en empêcher.
-Ça va, Kassian, demandais-je après avoir capitulé ?
-Je vais bien.
-Tu... Tu... Tu saignes, balbutia Hazel...
-Ce n'est rien, ça aura fini de guérir quand nous serons arrivés à la voiture.
Mon petit frère tremblait contre moi, aussi je tentais de le prendre dans mes bras malgré la douleur que ce geste occasionnait pour ma jambe. Je le portais contre ma hanche et décidais d'avancer, malgré la douleur, parce que je ne voulais pas qu'il nous suive en tremblant à pieds, même si ça ralentissait notre progression.
Lorsque nous avons fini par arriver à la voiture, il s'était endormi dans mes bras.
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Tout ira bien... (Fanfiction Creepypastas)
Fanfic-On va devoir se serrer les coudes, les garçons, question de vie ou de mort. Ce qui signifie que le premier qui engueule l'autre parce qu'il ne fait pas ce qu'il veut risque de s'en prendre une sans sommation, c'est compris ? -Compte sur moi, sourit...