Convalescence

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Les jours qui suivirent ressemblaient à une forme d'enfer à mes yeux.

J'avais du mal à croire Kassian après qu'il ait annoncé la mort de mon frère, mais les réactions de mes parents me prouvaient qu'il avait raison. Cette certitude était encore plus douloureuse que le doute.

Je mis énormément de temps à m'y faire. La possibilité que quelqu'un dont j'étais si proche disparaisse si jeune et si précipitamment me semblait impossible, irréel, et pourtant c'était ce qu'il s'était passé.

Contrairement à ce que Kassian pensait, je ne lui en voulais pas. La seule personne qui, à mes yeux, méritait d'être punie pour le sort de mon petit frère était moi.

J'aurais dû lui laisser ma place. J'aurais dû le laisser entrer et rester planquer sur le côté pour ne pas attirer l'attention.

Maintenant que j'y pensais, j'aurais même pu prendre le renard que j'avais offert à Hazel pour me protéger alors que les deux autres seraient restés dans la protection de Kassian.

Le pire, à mes yeux, n'était pas la mort d'Asphodèle. Le pire, c'était le fait que sa mort était évitable, et que je n'avais rien fait pour arriver à le sauver. Si seulement j'avais eu quelques minutes de plus, ou même ne serait-ce qu'une trentaine de secondes, pour envisager cette possibilité, pour la soumettre à mon frère et pour le convaincre de ne pas mourir bêtement ainsi. Si tout s'était passé ainsi, alors nous serions tous en vie, en train de rire dans ma chambre d'hôpital.

Asphodèle se serait moqué de moi en me traitant d'incapable, et venant de lui, ça aurait valu n'importe quelle autre marque d'affection. Hazel se serait pendu à mon cou et il aurait grogné quelque chose comme "va pas faire encore plus mal à cette imbécile même si elle le mérite", ou un équivalent du genre.

Là, je n'étais même sûre qu'Hazel ait la force de me voir. Si ça se trouve, lui aussi me tenait pour responsable de la mort de notre frère. Après tout, ça aurait été logique.

Je ne me rendais même pas compte du temps qui passait. Plus rien n'avait d'intérêt. Plus rien n'avait de sens. Je ne me rendais pas compte que je m'endormais ou que je me réveillais. Je n'avais aucune notion du temps qui passait. Je ne savais même pas si mon corps m'appartenait toujours ou non.

Je n'ai pu apprendre ce qui était réellement arrivé à Asphodèle que lors d'une visite de ma mère. Je me souviens qu'elle me parlait, mais je n'arrive pas à me souvenir quel était le sujet de la conversation. Mais je me souviens de cette phrase :

-Tu sais, Célestia, j'ai réussi un exploit. C'est probablement quelque chose de trop difficile à assimiler pour toi, mais... j'ai réussi à apprendre comment mon bébé était mort.

Je crois me souvenir qu'elle avait déjà appelé Asphodèle comme ça lorsqu'elle me parlait, à moins que ce ne soit quelque chose que j'ai rêvé... Je n'en sais rien, à vrai dire.

Toujours est-il que cela éveilla mon intérêt, et, me tournant vers elle, je murmurais, la gorge sèche, comme si je n'avais pas parlé depuis plusieurs jours :

-Tu peux...

Elle m'avait coupée par ses larmes de joie en saisissant ma main avec une forme d'incrédulité que je ne lui avais jamais vue. Elle avait murmuré d'un ton duquel perçait une forme de joie à moitié contrôlée :

-Tu parles... Ma chérie, tu parles enfin !!

-Maman... Tu veux m'écouter ?

-Bien sûr ma puce, bien sûr, tout ce que tu voudras !!

-Comment As est mort ?

Son sourire se fana instantanément et elle sembla hésiter. J'insistais, doucement, essayant de ne pas la brusquer :

Tout ira bien... (Fanfiction Creepypastas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant