Chapitre premier

15.1K 494 205
                                    

On m'avait mit des menottes. Mes pieds, mes mains, et même mon dos étaient empreints d'une profonde douleur qui me maintenait figée sur le sol glacé, comme une proie vulnérable gémissant ses blessures.

C'est comme si la souffrance avait rendu mon corps anesthésié, aucune échappatoire à cette noirceur autour de moi, personne à part moi.
Les yeux ouverts à demi, je sens mon cerveau se remettre lentement en marche, comment j'en suis arrivée là ? Dans une cave sinistre et si sombre que je peine à remarquer la silhouette des objets autour de moi... Si ce n'est, la présence d'épais barreaux de metals qui restreignent ma sphère. Je suis dans une cage, seule. Jusqu'à ce qu'une odeur écœurante viennent emplir mes poumons et remplir l'air moite de la pièce, mon cerveau se brouille et je sens ma tête s'alourdir. Il faut que je sorte au plus vite d'ici...
Tout à coup, un bruit strident de métal me fait sursauter dans mon enclos. Une porte s'ouvre en face, d'où sort un bain de lumière aveuglant qui transperce mes yeux. J'entends des pas,  et puis soudain, trois silhouettes. Trois hommes marchent vers moi. Ils ouvrent ma cage dans un bruit grinçant et effrayant. Qui sont-ils ? Que me veulent-ils ?
La lumière me rend aveugle, je m'efforce de garder les yeux fermer pour éviter cette douleur supplémentaire atroce. Depuis quand n'avait-je pas vu le jour ? L'on me tire par le bras, obligée de quitter ma cage de métal, puis je sens mes pieds et tout mon corps quitter le sol. L'un d'eux vient de me porter, comme un sac, entre ses bras. La douleur me fait lâcher un petit gémissement de plainte... Bien vite, ils se mettent à marcher d'un pas lourd et rapide, de quoi me refiler la nausée.
Toujours entre les bras de ce parfait inconnu, je le sens alors presser le pas. Bon sang, où allons-nous à ce rythme ? Dans quel but ?
J'entends la porte en métal se refermer derrière nous. Dans ma fatigue je découvre un visage carré et stricte tout proche de moi. L'homme qui me tient est très bien apprêté, le regard droit, il ne fait pas attention à moi, arborant un costume noir, il se contente de marcher dans un silence trop inquiétant.
Les deux autres personnes m'encercle également. Nous sommes en train de traverser un long couloir blanc, sans aucune issue. La lumière d'ici est moins sauvage et agressive, je trouve plus de facilité à ouvrir les yeux.

Je ne suis pas en état de fuir. Je ne sais même pas si j'arrive à me tenir debout.
Et puis, qui sait ce qui arrivera si je tente quelque chose ? Nous avions à présent tourné vers la droite, passé devant une sorte de tableau avec une peinture.

L'homme qui me porte ne me prête aucune attention et marche très vite. Si vite que j'en ressens presque l'envie de vomir. Je tente de lever un bras mais il me maintient bien trop fort. Puis l'un des hommes devant nous ouvre une grande porte en métal en face. Encore une porte ?

Celui-ci et l'autre nous maintiennent la porte et nous nous engouffrons donc dans une nouvelle salle. C'est alors que je découvre un homme, blond, grand, et vêtu d'un habit blanc et bleu, de dos, en train de contempler la vue depuis l'immense baie vitrée qui recouvre l'intégralité du mur.

-Monsieur, la voilà.

« La voilà ». Pourquoi ? On m'attendait ?
L'homme qui me tient vient de prendre la parole.
Quand à l'autre, il ne s'est toujours pas retourné.

-Déposez-la et attendez dehors.

Sa voix est si grave que j'en ai des frissons.

Puis il me dépose au sol, me cognant au passage.
Quelle brute.
Puis ils quittent tous la salle. Me laissant seule avec l'autre.

-Bien le bonjour.

Celui-là vient de se retourner et s'avance dans mon sens.
Il me fixe.

Je sais que je ne le connais pas mais je dois quand même dire que je le trouve très beau.
Il a un de ses visages qu'on ne peut pas oublier. Du moins ce n'est que mon avis. Je ne le connais pas.
Mais Dieu qu'il est beau. Il doitt avoir la vingtaine ou peut-être un ou deux ans de plus.
Il fourre ses mains dans ses poches et penche sa tête vers moi, un petit sourire scotché au visage.

-Tu es mal élevée. me fait-il

Il s'approche alors de moi et s'accroupit devant moi.
Je peux enfin scruter son visage de plus près.

-Bonjour. murmurai-je faiblement

Je réussi à prononcer un mot avec toute la force qu'il me restait. Quel miracle. Je ne reconnais plus ma voix.

Quand à celui-ci, son regard ne divague pas ailleurs que sur moi.
Son visage possède une harmonie de toute beauté et ses yeux me font littéralement fondre. D'un noir de jais et d'une finesse.

-Tu es encore plus jolie que sur les photos. balance t-il soudainement

Bought Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant