※ Partie VIII ※

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Comment survivrions-nous à l'hiver qui approchait, sans doute bien plus rude ici ? Cette nuit, Lina qui n'arrivait pas à dormir, jouait avec sa poupée de loques sur la couchette au-dessus de la mienne et je ne sais pourquoi, la vision de cette petite fille me fit sourire, et je dormis paisiblement. Le lendemain on nous leva à l'aube, le soleil n'était presque pas levé, on nous fit entrer dans le bâtiment des officiers, bien mieux entretenu que nos bâtiments. Le commandant arriva accompagné d'un soldat portant une pile de documents, je ne voulais pas revoir cet homme. Tous les gens dans la pièce étaient des déportés lituaniens, partis le même jour que nous. Il manquait cependant un bon nombre d'entre eux. Etaient-ils tous morts ? Je cherchais Jonas dans le groupe, inquiète de ne pas le voir. Enfin, je le trouvai, accompagné de Kostas. Le NKVD voulait nous faire signer une sorte de contrat, dont notre signature nous reconnaissait en tant que criminels, et en conséquence nous condamnait à 15 ans de travaux forcés. 15 ans de travaux forcés !? Nous allions rester 15 ans ici, à travailler pour ces monstres et pour Staline ! Dans la salle, ce fut la panique, je commençai moi-même à suffoquer, beaucoup faisait une crise d'angoisse comme moi. Un coup de fusil tiré par un officier calma l'assemblée. On fit une file et tout le monde fut forcer de signer. Puis on dut partir travailler. Cependant un officier me rattrapa : le commandant voulait me voir. Mais il fallait que nous restions ensemble ! Pourtant je vis ma Mère et Jonas être éloignés par d'autres officiers. Je restais donc seule dans la grande salle, seule avec cet homme horrible. Le commandant fit comprendre que si je n'acceptais pas de coucher avec lui il ferait tuer ma mère et mon frère. Horrifiée je voulu m'enfuir, mais si je partais, il tuerait Mère et Jonas. Cette situation m'empêchais de respirer, elle m'étouffait, je tombai à la renverse. Un garde me rattrapa pour me jeter aux pieds de son supérieur qui me traina jusqu'à une chambre. La suite je ne m'en souviens pas, je pense que j'ai essayé d'oublier ce qui s'est passé et ne veux en aucun cas essayer de m'en souvenir. Je sais seulement que je suis restée toute la journée dans cette chambre, dans laquelle plusieurs soldats sont entrés. Désormais je logeais avec le NKVD. Loin de Mère et Jonas, qui avaient été informés par mon absence de ma situation. Dans le bâtiment des soldats, je servais de bonne. Je faisais la serveuse aux heures de repas, parfois même cuisinière, ce qui me permettait de cracher dans leurs cafés. Le soir et aux heures de pause je servais dans les chambres. J'étais au moins nourrie convenablement et ma famille était d'après eux « privilégiée » ce qui ne m'a jamais été prouvé.

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Ruta LimasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant