« C'est connu, les mauvais garçons tombent toujours pour les bonnes filles, et moi, je ne fais pas exception à la règle »
❝Elle n'est sûrement pas la fille la plus populaire du lycée, ni la plus belle. Mais cette fille dégage cette petite étincel...
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— T'y es pas allée un peu fort ?
— Roh, ça va ! Ce n'est qu'un petit montage de rien du tout, réponds-je nonchalamment.
Romane marmonne quelque chose d'incompréhensible tandis que je prends mon pied à observer les élèves qui passent devant chaque affiche. Je les vois s'arrêter et pouffer de rire devant la photo que j'ai prise quelques jours plus tôt, malgré que certaines de ses groupies soufflent d'exaspération se demandant qui aurait bien pu "abîmer grossièrement son joli visage".
— Même avec un nez de cochon, des cornes de diable et un nez cassé il reste beau. C'est abusé, souffle désespérément Romane.
C'est après avoir levé les yeux au ciel que je lui tape sans ménagement l'arrière de la tête. Elle peste tout en me lançant un regard noir, que je contrattaque par un grognement. Qu'elle l'oublie, son cher et tendre amoureux.
— T'es vraiment pas possible. Pour réussir à passer à autre chose, il faut d'abord le vouloir, grondée-je.
— Je sais, mais il est tellement parfait, rêvasse-t-elle.
Alerte ! Alerte ! Amie en voie de disparition ! Surchauffe de penser mignonne et d'arc-en-ciel en forme de cœur !
L'écœurement me gagne. Des papillons sûrement dans le ventre et des cœurs pleins les yeux, je mime un mal de ventre pour lui faire comprendre que tout ça va trop loin. Elle y est tellement accro que même après ce qu'il lui a fait, elle ne démord pas.
— Brody, n'est pas parfait, cinglée-je. Surtout avec le montage que je viens de faire.
Grâce à ma mère, je sais que Brody reprend les cours aujourd'hui. J'ai observé la photo que j'ai prise de lui à son réveil et repassé en boucle les paroles de sa tante. L'idée en elle-même est juste géniale. J'y ai pensé avant qu'elle ne le dise, mais il manquait quelque chose.
C'est donc avec une grande intelligence et beaucoup de café dans le sang que j'ai décidé d'arranger cette délicieuse image. Photoshop est apparue sur mon écran comme un mirage, une destinée, un signe envoyé des dieux. J'y ai consacré quatre bonnes heures de ma nuit hier soir, tout de même.
Je me suis appliquée à placer comme il se doit les cornes sur sa tête, à trouver la bonne taille et le bon angle pour accrocher le nez de cochon tout en faisant en sorte que son énorme pansement au nez se voit. J'ai même arrangé les couleurs pour que son désinfectant jaune paraisse encore plus coloré sur son corps.
Je n'ai rien laissé au hasard. Tout est minutieusement mis en valeur. Tellement que j'ai moi-même eu du mal à le reconnaître.
Brody n'est plus le beau-gosse dont toutes les filles raffolent. Ses cheveux châtains, son regard gris, son nez fin et sa bouche parfaite ne sont plus que ce qu'ils sont: un simple visage.
