La Reine aux cheveux de chênes, miroitant sous les rayons du zénith, marchait dans les couloirs de marbre du château. Ses pas résonnaient dans cet endroit silencieux, vide. Elle passait ,de fenêtre en fenêtre, de porte en porte, sans y prêter la moindre attention. Sa longue robe rouge, scintillant de mille feu, trainait légèrement derrière ses pas rapides. Et ainsi, elle marchait. Elle marchait vers une chambre, au fond d'un couloir. Ses pensées, aussi tristes et accablantes qu'un décès, tourbillonnaient dans sa tête sans contrôle, telles des esprits vengeurs. Ses yeux, d'un gris saisissant, étaient rougis par les larmes et la tristesse. Son visage était fatiguée. Même elle, qui ne connaissait pas les affres du temps, semblait vieillie. Et enfin, elle arriva devant la porte, cette porte que son propre père avait fabriquée il y a bien des saisons de cela, et introduisit une clef d'argent dans la serrure d'or. Elle la tourna, dans un cliquetis mélodieux, et ouvrit cette porte sans aucun bruit. La femme entra dans la pièce, referma la porte dans un bruit mat et se retourna pour voir la chambre, aussi silencieuse qu'un mausolée, dans son ensemble.
Elle était vide. Exactement comme le cœur de cette reine, à cet instant. S'approchant doucement, comme si elle avait peur d'être entendue en ces lieux, elle regarda le berceau de bois qui trônait au centre de la pièce. Il était encore chaud, son odeur flottait encore dans la pièce.... Son fils, son fils aimé.
La reine effleura le berceau, caressa du bout de ses doigts fins et élégants les gravures représentant les treize dieux sur son côté, une lumière jaune peinte autour d'Ashida, déesse de la maternité, reine de la vie pleine d'innocence qu'est celle d'un enfant, et sentit le poids des remords et de la honte l'accabler.Les yeux de cette reine au cœur brisé se remplirent de larmes à cette simple pensée. Elle avait fait ce que toute mère redoutait. Jamais, aucun jour ne saurait exister sans qu'elle ne pense à son enfant, celui qu'elle avait perdu... Cette perte, nécessaire pour la survie du royaume, lui déchirait le cœur à chaque seconde qui passait. La folie la guettait si elle se montrait faible. Et cela, elle ne pouvait se l'autoriser. Pas une fois dans sa longue vie elle ne s'était avérée faible et elle comptait bien raffermir cette force. Ce qui restait de sa famille allait en avoir besoin... Elle ne pouvait s'abandonner à son chagrin sinon, ce geste effroyable aurait été vain.
Elle s'agenouilla au pied du berceau, comme pour implorer les dieux de la pardonner. Envolée l'image de la reine belle et altière, il n'y avait là qu'une mère pleurant la perte de son fils.La femme entendit la porte de la chambre se fermer soudainement et bruyamment. Elle tourna la tête, tentant de se reconstituer un visage fier et noble et vit son fils aîné entrer dans la pièce dans une démarche précipitée, le visage hagard et la main sur le pommeau de son épée.
Le cœur de la reine se serra à la vue de son enfant Prince, son premier né...
Les yeux du garçon étaient pleins de résignation, mais aussi de peine et de solitude. Une épée ornée de diamant lui pendait au côté et une armure d'argent rayonnait sous le soleil. Le blason de la famille semblait ressortir du métal de l'armure. Un dragon tendant le cou vers le ciel. Mais il n'avait pas l'allure d'un général en ces lieux, seulement d'un homme affolé, peiné et perdu.
Dans un cliquetis il s'écarta de la porte et resta à bonne distance de sa mère avant de prendre la parole d'un ton hésitant, brisée par le chagrin.
-Mère... J'ai appris que vous l'aviez fait.
Sa voix était douce mais faible, loin de la voix forte et grave qui lançait ses ordres lors de batailles rangées. Son fils était dévasté mais un masque de résignation dissimulait le fond de ses pensées.
La reine ferma les yeux comme pour se réveiller d'un mauvais rêve, puis redressa la tête vers son enfant, le visage fermé, assumant l'entière vérité.
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Aratan : l'Arcane du Démon [EN PAUSE]
FantasyQui suis-je ? La plupart des gens me nomment Aratan. Et cette fameuse question que tu te poses sans doute est le résumé de mon enfance. Qui suis-je ? Un orphelin parmi tant d'autres ? Un gamin associal simplement mal dans sa peau ? Ou... Quelque cho...