Aratan : l'Arcane du Démon [EN PAUSE]

Akfä

-Per divinam voluntatem !

Par la volonté divine.

Autour de moi, le monde semblait flou, j'entendais le crépitement des flammes encore actives, les bruits des Archanges se relevant, applaudissant ou célébrant ce rite réussi. Mais tout m'apparaissait comme lointain, indistinct. Cela n'avait pas de sens, pas de cohérence. je me sentais trembler, perdu. Comme si on m'avait lâché au milieu d'une foule lors d'un concert, un micro entre les mains en me disant : "Vas-y, chante ! ".

Je ne savais pas chanter. Et je ne savais pas ce que je faisais là , parmi ces gens qui m'acclamaient comme si j'étais un être divin, une manifestation miraculeuse.

Je les ai regardés, tour à tour. Autour de moi, à genoux. Seules six femmes m'observaient, droit dans les yeux. Mais cent quarante autres Archanges étaient prosternés devant moi, comme si j'étais quelqu'un d'important, comme s'ils me devaient du respect. Puis les paroles des Flammes me sont revenues en tête, comme un coup de fouet, claquant, brûlant...

"Aratan Vanarïm, fils du Trône d'Evola"

-Non... C'est pas possible...

Mon murmure se changea en vapeur tant le froid de l'hiver s'installa après l'éclat ardent des Flammes qui, doucement, se réduisaient en un souffle.

Mon cœur tambourinait contre ma poitrine, je sentais mon sang palpiter dans mes veines, mon corps trembler. J'avais l'impression horrible d'être endormi, je le sentais, ça ne pouvait pas être réel. J'allais me réveiller dans ma chambre, tranquillement, et entamer ma journée normale de cours dès le lendemain. Mais je n'arrivais pas à me réveiller, malgré mes efforts, ma concentration, je restais inlassablement éveillé.

-Aratan ?

Malcolm venait de se relever. Les autres Archanges étaient toujours inclinés face à moi dans un silence de mort. Le chef de la Ligue s'approcha, le visage fermé et dur. Il était impossible de savoir à quoi il pensait. Je ne savais pas s'il était heureux ou contrarié. Il avançait simplement près de moi.

-Vous pouvez-vous relever. Ai-je dit en balayant l'assemblée du regard. Tous ! Je ne suis pas un Prince, je ne suis pas le fils de ces gens...

Rachia et Horation Vanarïm. Répéta la voix des Flammes dans ma tête, comme un écho.

Était-ce seulement possible ? Je ne connaissais pas ces noms, ils n'évoquaient rien en moi. Avais-je oublié l'identité de mes parents alors même qu'ils étaient, selon cet oracle, seigneurs d'un pays légendaire ?

Lentement, les Archanges se levèrent. Ils m'observaient tous avec des regards différents. Certains étaient méfiants, d'autres stupéfaits, d'autres inquiets. Je vis deux jumeaux échanger des murmures, Malia me regardait avec un air neutre, le visage fermé. Diane avait un sourire très léger et Théo semblait encourageant. Alisson, elle, semblait perturbée. Lorsque nos regards se croisèrent, elle baissa doucement les yeux en hochant la tête. Elle était perdue, tout simplement. Malcolm s'approcha, les mains dans le dent, m'observant d'un regard nouveau. Mélange de méfiance et de surprise.

-Malcolm, je ne...

Il secoua la tête en m'interrompant avant de s'approcher et de me parler d'une voix empreinte de calme et de sérénité.

-Je comprends bien que cela te semble difficile à avaler. Lorsque j'ai été intronisé aux Flammes, j'ai vu qui étaient mes parents... Je ne l'ai pas cru non-plus.

Il semblait se comporter comme si c'était une petite annonce, une nouvelle sans importance qui n'allait pas m'impacter plus que ça. J'hésitais entre lui hurler dessus et m'enfuir, mais Zargos remua sur mon épaule et m'adressa, sur la nuque, un contact réconfortant. Avec effort, j'ai réussi à parler normalement, maîtrisant les tremblements de ma voix.