Aratan : l'Arcane du Démon [EN PAUSE]

Attention ! Le Chien Mord

Après avoir vérifié qu'Alisson allait bien, Diane nous a emmené dans les bois qui se trouvaient non-loin de là. Nous étions en pleine après-midi d'un mercredi, quelques élèves se trouvaient aux abords de l'école mais la plupart étaient déjà rentrés chez eux. Diane passa à toute vitesse entre les rues et les maisons jusqu'à l'orée du bois. Une fois entrée parmi les arbres, elle continua d'avancer pendant une bonne quinzaine de minutes jusqu'à trouver une clairière assez isolée pour qu'on ne risque pas d'être dérangés. Elle nous fit asseoir et commença à allumer un feu pour nous réchauffer. Elle s'y affaira pendant de longues minutes, les brindilles étant toutes trempées par les récentes pluies. Pendant ce temps, ni Alisson ni moi n'avons ouvert la bouche. Diane marmonnait des jurons de temps à autre mais elle ne parlait pas non-plus. Nous étions tous silencieux, ce qui rendait l'atmosphère particulièrement pesante.

Enfin, une étincelle finit par embraser le papier qu'elle avait disposé sous ses brindilles de sapin et une odeur de brûlé parvint à mes narines tandis que le feu prenait petit à petit. Le silence plana sur notre petit groupe tandis que des flammes oranges montaient vers le ciel en dégageant une légère fumée qui me piquait les yeux.

Quelques minutes plus tard, je choisis de rompre le silence en premier :

-Qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ? Ai-je demandé d'une voix brisée. J'ai... J'ai tellement de questions...

Elle me regarda avec des yeux tristes et compatissants en même temps. Après quelques secondes, elle replia les genoux sous ses mentons et hocha la tête. Son visage était impassible, je n'arrivait pas à savoir si elle était fâchée ou triste mais elle ne me fit aucun reproche. Elle poussa un long soupir avant de me regarder, l'air résignée.

-Je t'écoute Aratan, commença-t-elle d'un ton calme, mais sache que toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre. Mais vas-y. Pose tes questions. Ensuite, je vous expliquerai que vous avez besoin de savoir. Je te jure que je serai honnête avec toi.

J'ai pris quelques secondes pour rassembler mes idées mais ce fut Alisson qui prit la parole avant moi. Elle parla d'une voix presque éteinte, ce qui me fendit le cœur. Alisson avait toujours été une personne courageuse et forte pour moi, la voir effondrée à ce point, presque brisée, me rendait profondément triste.

-Qu'est-ce que t'entends par "en sécurité" ? Tu dis être notre amie mais t'enlèves pas ton armure, comme si tu te préparais à un autre combat. Et... Mais bordel, c'était quoi là-bas ?

Diane regarda Alisson quelque secondes et j'ai eu peur qu'elle ne l'envoi bouler mais elle plissa le nez et répondit :

-En sécurité, tu es assez intelligente pour savoir ce que ça veut dire, rétorqua-t-elle d'un ton sec.

Alisson fronça les sourcils, l'air très peu satisfaite de cette réponse évasive.

-Mais...

-Je suis en armure, la coupa-t-elle d'un ton toujours aussi cassant, parce que je suis en mission et que sans l'armure, je me serai faite embrocher... Et Tiana à voulu te tuer parce que c'est un monstre. Vous êtes des proies intéressantes pour elle.

-On est des proies, marmonna Alisson, génial...

-Qu'est-ce qu'elle était ? Un monstre... Les monstres n'existent pas Diane...

Elle fixa ses bottines militaires quelques secondes, comme si elle cherchait un détail inhabituel sur celles-ci afin de s'y raccrocher et de fuir nos questions. Enfin elle releva les yeux, l'air profondément mal à l'aise, presque désolée.

-Les gars... Je ne suis pas la mieux qualifiée pour vous répondre. Vous préféreriez garder votre innocence encore quelques heures.

Alisson secoua négativement la tête, le regard froid et dur.