❦ camilia- Cam !
J'avance vers Marqui qui hurle mon prénom depuis au moins cinq bonnes minutes. Neymar est à ses côtés mais j'essaie du mieux que je peux de ne pas lui adresser un regard, même si je sens le sien sur moi, qui se fait de plus en plus insistant depuis le début de soirée.
- Qu'est-ce que j'ai fait encore...
Marqui ricane en secouant la tête avant de me tendre une assiette que je prends en le remerciant. Je crois que j'ai jamais connu un mec qui cuisine mieux que lui. Si c'est pour manger ce qu'il me prépare, je serais prête à répondre présente à chacune des soirées organisées ici, aussi nombreuses soient-elles. Avec Carol ils adorent les bonnes ambiances festives tout en étant familiales, de plus leur maison est immense et leur jardin est exceptionnel alors ils se privent pas pour faire des petites soirées dès qu'ils en ont l'occasion.
Je me pose sur un des canapés dehors pour manger en m'incrustant dans la conversation de Carol et sa famille, que je considère comme la mienne maintenant. Carol a directement compris le lien qui m'unissait à Marqui, on se connaissait déjà du Brésil évidemment mais on s'est très nettement rapproché quand je suis venue à Paris sous la demande du défenseur parisien, et maintenant elle fait tout aussi partie de ma famille. Elle a accepté que je passe tout mon temps ici, et elle m'a prise sous son aile au même titre que Marcos, et ça m'a vraiment réchauffé le coeur. J'ai jamais connu une épreuve aussi dure que la mort de mon père, et je sais que sans eux deux, j'en serais sûrement pas là aujourd'hui. Ils m'ont énormément aidé pendant toutes ces années et je leur en serai éternellement reconnaissante. J'ai seulement deux ans de moins qu'eux pourtant j'aime bien les appeler mes deuxièmes parents, ils détestent quand je les appelle comme ça alors ça me fait rire, mais au fond je les considère vraiment comme tels.
Mon téléphone sonne pile quand je finis de manger, je pose rapidement mon assiette vide avant de quitter la pergola. Je décroche en allant m'isoler au fond du jardin.
- T'as mis où les pansements ? demande directement Sohan à l'autre bout du fil.
Je lève les yeux au ciel à l'entente de sa question. C'est vraiment un gosse quand il veut, je peux pas sortir de l'appart plus de deux heures sans recevoir ses tonnes d'appels et messages pour des raisons complètement débiles.
- T'as fait quoi cette fois ?
- C'est Jade elle a cassé un verre, j'ai voulu ramasser mais je me suis coupé sévère le doigt, ça pisse le sang et tout et...
- Troisième tiroir en haut dans la salle de bain, je le coupe en riant, dépêche sinon tu vas finir à l'hôpital.
Il imite un rire exagéré et me remercie avant de raccrocher. J'envoie un message rapide à Jade pour lui expliquer à elle où les pansements se trouvent parce que connaissant Sohan, il a déjà oublié une seconde après avoir raccroché. Quand je lève la tête de mon téléphone, une silhouette se dessine devant moi, et je lève un sourcil en voyant que ce n'est autre que le gros coup de cet été, qui a visiblement décidé de ne pas me lâcher ce soir.
- Je peux t'aider ? je demande en essayant de ne pas paraître trop malpolie.
Il me regarde un moment sans rien dire puis s'appuie contre le muret en croisant ses bras, n'ayant sûrement pas l'intention de bouger. Je fronce les sourcils et le toise à mon tour. C'est quoi son problème à celui là ?
- Tu peux retourner avec tes potes hein, coin footballeur c'est pas ici si t'avais toujours pas remarqué, je lâche d'un coup.
Il ricane et s'assied sur le muret à mes côtés. S'il a vraiment pris son courage à deux mains pour venir me voir après m'avoir fixé pendant des minutes entières, le moment est vraiment mal choisi. Et encore mieux, il n'y a aucun bon moment.
- Je t'ai vu hein, je dis finalement.
- Tu m'as vu...?
Je tourne ma tête vers lui et on se retrouve yeux dans les yeux pendant quelques secondes. Je peux pas nier le fait que ce con est vraiment beau, et son petit sourire arrogant me confirme encore plus mes pensées. Peut-être que ce visage mérite que je sois un minimum aimable avec lui, mais ça ne va sûrement pas se passer comme ça.
- Tes petits regards, je complète. C'est Marqui qui t'a déconseillé de me parler c'est ça ?
- C'est Presnel.
Je fronce les sourcils, me demandant pourquoi cet imbécile de Presnel lui aurait parlé de moi, mais je lui pose pas la question pour éviter que la discussion ne s'étale trop longtemps.
- Donc il t'a dit de pas venir me parler et tu t'es dit que c'était une bonne idée de faire exactement le contraire ?
Il hoche la tête comme si c'était évident, ce qui me fait hausser les sourcils. Il a vraiment pas froid aux yeux, mais quelque chose me dit qu'il va vite changer d'avis.
- T'as l'air intéressante, il dit en haussant les épaules, on dirait bien que t'es pas la meilleure personne que ce monde ait connu.
Je ricane légèrement. Presnel a encore dû lui raconter des conneries sur moi pour le tenir éloigné. Presnel et Marqui veulent pas assumer leur problème avec le fait qu'un gars de leur équipe m'adresse la parole dès qu'il approche ma tranche d'âge, et après ils viennent me dire que je suis désagréable avec eux. On aura tout vu. Je comprends que c'est l'histoire avec Julian qui est à l'origine de tout ça mais c'est pas comme si j'allais vers les petits nouveaux de mon plein gré, et ça m'énerve qu'on me considère comme quelqu'un que je ne suis pas.
- Venant d'un bouffon dans ton genre ça m'atteint pas trop, je réplique, provocant son étonnement.
- Pourquoi tu me traites de bouffon ?
Je tourne ma tête vers lui et je remarque son léger sourire sous sa casquette.
- Pourquoi t'insinues que je suis pas fréquentable alors que tu me connais pas ?
- Pourquoi pas ? répond-il du tac au tac.
Je me contente de le toiser, ridicule. Son sourire s'agrandit quand il voit qu'il a eu le dernier mot, bien sûr il attendait que ça. Une tension flagrante s'installe dans l'air, et elle se ressent trois fois plus quand nos yeux se rencontrent de nouveau. J'essaie de l'ignorer même si je sais que lui aussi l'a remarqué. Je me penche légèrement pour voir si quelqu'un pourrait nous repérer, ce qui paraîtrait suspicieux vu comme on est isolé mais heureusement, personne ne fait vraiment attention à nous.
- Quoi j'ai vraiment pas le droit de t'approcher ? T'es la reine d'Angleterre ou un délire du genre ? il demande en plaisantant.
Je ris légèrement en secouant la tête et me lève d'un coup avant de m'avancer vers les autres, laissant le footballeur tout seul sur le muret.
- Bonne fin de soirée à toi, je dis assez fort pour qu'il puisse m'entendre.
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