Chapitre 8. Sous la direction des étoiles

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Ecrit par Fizzmizer

Ambre se réveilla en sursaut au milieu de la nuit, hantée par les cris des disputes de sa famille que le stress de la journée passée avait fait ressurgir dans son subconscient

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Ambre se réveilla en sursaut au milieu de la nuit, hantée par les cris des disputes de sa famille que le stress de la journée passée avait fait ressurgir dans son subconscient. Elle ferma les paupières et se concentra sur des détails pour éviter de pleurer. Elle repensa au ver géant, aux champignons et se calma peu à peu. Quand elle ouvrit les yeux pour de bon, elle contempla d'abord les étoiles dans le ciel noir d'encre. Elles semblaient toutes là. Elle reconnaissait Cassiopée et sa forme de 'W' qui, quand on faisait se croiser les branches extérieures, pointait vers le sud. Elle se dit que ce serait une bonne manière de se repérer.

Puis elle vit les champignons qui luisaient au loin. Elle vérifia que les autres dormaient encore et se leva en silence. Sous ses pieds, un épais tapis de mousse étouffait le bruit de ses pas. Elle s'approcha doucement des lumières en se demandant quel procédé biologique avait pu permettre cela.

Le souvenir des éclairs bleus lui revint alors en mémoire et elle frissonna. Des oiseaux s'envolèrent d'un buisson quand elle passa tout près et elle remarqua qu'ils ressemblaient à des pigeons, mais en beaucoup plus gros.

Vus de près, les champignons avaient l'air translucide, la lumière qu'ils diffusaient semblait sortir de nulle part. Au toucher, ils étaient doux et comme couverts d'un fin duvet. Ambre tendit la main pour en retirer un morceau et voir s'il continuerait à briller, mais une voix derrière elle l'en empêcha.

— Difficile de dormir dans ces conditions, hein ?

C'était Mark qui, lui aussi incapable de dormir, avait ressenti le besoin inexprimable de s'approcher des champignons, comme s'ils contenaient un mystère terrible qu'ils ne pouvaient ignorer.

— Et pourtant je suis épuisée. Toute cette marche... Et toutes ces images...
— Il ne faut pas y penser, la coupa-t-il. Pas pour le moment.

Ambre hocha la tête. Elle qui avait dû faire face à des disputes incessantes, parfois violentes, se sentait maintenant totalement démunie. Souvent, elle avait pensé fuir, partir loin des cris et des pleurs, et maintenant que la situation l'y obligeait, elle rêvait de retrouver sa maison et sa vie d'antan. « Ma vie d'antan? » pensa-t-elle, alors que ça ne fait qu'une journée que ça a commencée.

Elle sentit de nouveau des images terribles refaire surface, mais elle les effaça d'un coup.

— Qu'allons-nous faire, maintenant ? Marcher encore et encore ? Vers où ? demanda-t-elle à Mark.

Le jeune garçon prit quelques secondes pour méditer. La vérité est qu'il ne le savait pas lui non plus. Il avait vu plus de violence en une journée que dans toute sa vie, il ne se sentait pas prêt à prendre des décisions. Et pourtant dès le départ les autres l'avaient suivi et écouté. Il n'était pas un chef, pas du tout, mais en tant qu'aîné il sentait que d'une manière ou d'une autre, il devait protéger ses amis. Comme un grand frère le ferait.

— En tout cas, on ne peut pas rester ici indéfiniment, finit-il par répondre. On ne sait pas ce qui rôde dans ces bois, j'ai entendu plusieurs fois des animaux bouger dans les buissons et ils avaient l'air plutôt grand. Et étant donné qu'on ne peut plus faire confiance aux adultes, il faut essayer de voir si d'autres personnes sont dans la même situation. Et peut-être que tout rentrera dans l'ordre. Tout s'est passé si vite, il est probable que tout se remette en place aussi vite.

Devant le silence d'Ambre, Mark se tut aussi. Au fond de lui, il ne croyait pas ce qu'il disait. C'est comme s'il sentait que quelque chose d'important s'était produit. Des images de sa famille lui revinrent et il se détourna vers les champignons pour cacher les larmes naissantes. Ambre respira profondément, essayant de calmer le tremblement de ses lèvres.

— Retournons nous coucher, dit-elle. Une longue journée nous attend demain.

A son grand étonnement, elle sombra immédiatement dans un sommeil peuplé de rêves étranges, d'éclairs bleus et de champignons luminescents. Elle rêva d'une tempête terrible qui détruit tout sur son passage et de la nature qui reprend ses droits. Quand elle se réveilla enfin, le soleil avait refait surface et elle vit que tout cela était bien réel.

Elle se leva avec peine, ses jambes lui faisaient mal de tant avoir marché la veille. Les autres eux aussi se levaient et se regroupaient autour de Mark qui regardait autour de lui comme s'il cherchait quelque chose. Quand il aperçut Ambre, il s'avança vers elle et l'amena à l'écart des autres.

— Ils sont morts de faim, dit-il, et moi aussi d'ailleurs, et je suppose que c'est le même pour toi. Il faut trouver un truc à manger sinon on ne va pas tenir la journée.
— J'ai quelques provisions dans mon sac mais pas pour huit personnes. Vous n'avez pas trouvé de ces choses, que nous avons mangées hier ?
— Des sucrelles ? Non, malheureusement. Rien dans les parages. Et j'ai un peu peur de m'aventurer dans ces bois, dit-il en désigna la forêt de la main.

Ils durent finalement se résoudre à manger les biscuits qu'Ambre avait heureusement pensé à emporter. A la fin du repas, il ne restait plus rien à part quelques gouttes d'eau dans une gourde de sport et des miettes de chocolat.

— Il faut bouger, décréta Ambre. On trouvera peut-être d'autres gens, ou en meilleur endroit pour passer la prochaine nuit.

Les visages devant elle baissèrent leurs yeux vers le sol. Personne n'avait réellement pensé que tout ça durerait une journée de plus. Personne n'avait réellement pensé à combien de temps ça pourrait durer à vrai dire.

— Et on va par où ? demanda Betty. Je ne sais même plus d'où on est venus.
— Et si nous allions par-là ? proposa Ambre, on dirait qu'il y a un sentier.

Mark sentait que s'il ne faisait rien, la situation pourrait s'enliser. Alors il se mit en marche et les autres le suivirent sans rien ajouter. 

Quelques minutes plus tard, alors qu'ils marchaient au bord de ce qui ressemblait à une immense forêt de sapins, Mark s'approcha d'Ambre :

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Quelques minutes plus tard, alors qu'ils marchaient au bord de ce qui ressemblait à une immense forêt de sapins, Mark s'approcha d'Ambre :

— Tu as l'air sûr que c'était le bon chemin à prendre, dit-il tout bas. Sixième sens ?
— Appelle ça l'intuition féminine, répondit-elle.

Et pour la première fois depuis longtemps, elle sourit en repensant aux 'W' qu'on trouve parfois en regardant le ciel. 

Autre-Monde : Ambre CalderoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant