Chapitre 11. Présences végétales

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Ecrit par Fizzmizer

Ils restèrent sans bouger quelques instants, le temps de reprendre leur souffle et de se remettre de ce qu'ils venaient de voir

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Ils restèrent sans bouger quelques instants, le temps de reprendre leur souffle et de se remettre de ce qu'ils venaient de voir. A environ cinq mètres d'eux, le cadavre de l'adulte ne bougeait plus.

—  On ferait mieux de ne pas rester dans les parages, décréta Mark, qui sait, ils vont peut-être revenir pour le chercher.

Ambre se releva et épousseta ses vêtements qui portaient maintenant des traces vertes d'herbe et de terre. Elle soupira et fit face aux autres :

— Vous savez où sont les autres ? J'avoue que dans la précipitation j'ai perdu le chemin que l'on suivait.

Calvin se mit à regarder tout autour de lui, il semblait de plus en plus nerveux.

— On a couru moins d'un quart d'heure, dit Svetlana. On ne devrait pas avoir trop de mal à retrouver le restaurant.

Autour d'eux, la forêt semblait se faire de plus en plus dense. Un vent frais vint faire bruisser les feuilles et frissonner les quatre jeunes personnes. La plante carnivore n'avait pas bougé d'un poil depuis tout à l'heure.

— J'ai quand même l'impression que l'on vient de par-là, dit Calvin en indiquant une direction quelconque.

— C'est étrange, murmura Ambre, on dirait que les arbres sont plus rapprochés que tout à l'heure. C'est comme si ils cherchaient à nous perdre.

Les autres regardèrent Ambre avec un regard inquiet. Eux aussi avaient eu cette impression mais le simple fait de le prononcer à haute voix rendait le phénomène un peu plus vrai.

— J'étais déjà venue par ici avant la Tempête, continua-t-elle, et il ne me semblait pas qu'il y avait une forêt ici.

— La nature a repris ses droits depuis ce jour-là, répondit Mark, c'est partout pareil.

— Non, ici c'est différent, on dirait qu'elle réagit à notre présence.

Comme une réponse le vent se leva à nouveau, mais plus puissant que la fois précédente. Un malaise parcourut le groupe, un animal cria au loin.

— Il faut partir, sortir d'ici. Je ne sais pas vous, mais je ne reste pas une seconde de plus entouré de ces arbres.

Et sur ce, Svetlana se mit à marcher dans la direction que Calvin avait indiquée plus tôt. Les autres, ne sachant pas quoi faire et n'ayant pas de meilleure idée la suivirent.

Ils marchèrent dix minutes l'un derrière l'autre sans dire un mot. La progression était difficile et ils se demandèrent comme ils avaient pu courir pour échapper aux adultes. Bien souvent, ils devaient faire des détours à cause de véritables murs de ronces qui bloquaient le passage. A chaque fois, ils devaient bien faire attention à ne pas perdre leur direction. Au bout d'une demi-heure, ils décidèrent de faire une pause.

— Ce n'est pas normal, dit Mark, on a mis moins de quinze minutes entre le restaurant et la plante carnivore, je pense qu'on s'est trompé de route. On devrait peut-être suivre une autre direction.

Les autres restèrent silencieux, maintenant, les troncs de chênes et de bouleaux qui grinçaient sous le vent de plus en plus puissant leur semblaient terriblement menaçants. Un océan de nuances de vert les entourait, il était pratiquement impossible de se repérer. Ambre se sentit tout à coup oppressée par ces présences végétales.

— Alors ? On fait quoi ?

Svetlana avait dit ça sur un ton qui trahissait sa nervosité. Les derniers jours avaient été très difficiles, ils avaient tous vu des choses qu'ils n'oublieraient jamais de leur vie, pour peu qu'elle s'étende encore un peu, mais ils ne pouvaient empêcher cette étrange peur de les investir jusqu'à fausser leur jugement.

— On pourrait se séparer, proposa Calvin, on choisit tous une direction, on marche pendant, je ne sais pas, mille pas, et puis on fait demi-tour et on se retrouve ici et on fait le point.

Tous les regards se posèrent sur Calvin, puis sur la forêt qui les entourait.

— Mauvaise idée, finit par répondre Ambre. Le feuillage est si épais qu'on pourrait se perdre de vue à deux mètres, si on se sépare on risque de ne plus se retrouver après.

— Ambre a raison, il ne faut surtout pas risquer de morceler encore plus notre groupe. On pourrait...

Mark s'interrompit d'un coup et regarda ses pieds. Une liane couverte d'épines formait un début de cercle autour de sa cheville.

— Je... Je suis certain d'avoir posé le pied sur de la terre, je n'ai pas quitté mes pieds des yeux quand on marchait... J'ai cru la sentir bouger.

Ambre, craignant que le débat ne se prolonge prit la parole :

— De toute évidence, on ne peut pas rester ici, quoi que l'on fasse, il faut bouger, quelle que soit notre direction. On pourrait peut-être marcher en zig-zag. Par exemple, nous marchons un certain temps en ligne droite, puis on tourne à gauche et on marche pendant le même temps, disons mille pas, ça me semble correct. Après on tourne à droite et ainsi de suite.
— Ce n'est pas une mauvaise idée, approuva Mark, comme ça on couvre plus de terrain sans prendre trop de risques. On finira bien par tomber sur une route.
— De toute façon, ajouta Svetlana, on ne peut pas rester immobile, je me sens de plus en plus mal dans cet endroit.

Ils se remirent donc en marche. Mark menait le groupe, suivi des deux filles. Calvin suivait de près Svetlana, de peur de perdre le groupe. Ils avancèrent ainsi en changeant trois fois de direction. Ils eurent la désagréable impression que la lumière déclinait, mais cela pouvait tout aussi bien être le plafond de feuilles qui s'épaississait. Au quatrième changement de direction, après deux cents trois pas, Mark marqua un arrêt.

— Vous n'avez pas entendu quelque chose ?

Ils se turent et bientôt une voix se fit entendre à nouveau. Elle venait de leur gauche.

— J'ai l'impression que...

Et à cet instant le visage d'Aaron émergea d'une cascade de lianes.

— Vous êtes là ? Ça fait une heure qu'on vous cherche, vous ne reveniez pas, alors on s'inquiétait, et puis on a vu des traces de pas qui entraient dans la forêt un peu plus loin.

Mark se précipita hors de la prison végétale et se retrouva devant le Burger King. Pendant tout ce temps, ils ne s'étaient jamais éloignés de plus de cent mètres.

Autre-Monde : Ambre CalderoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant