Mute

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Je n'ai jamais eus de chance. J'étais toujours celui à qui il arrivait des bricoles. C'était moi que le chien du quartier pourchassait toujours, c'était moi qui me faisait punir en classe alors que mes camarades envoyaient des boulettes de papier sur la maîtresse et pas moi. C'était moi qui me faisaient gronder par mes parents lorsque mes frères et ma sœur se criaient dessus. C'était sur moi que retombait la faute, toujours, toujours sur moi. C'était moi et moi seul, de toute la famille, qui ait eut cette maladie. De mes cinq frères et sœur, j'étais le seul à être muet. Tout le monde me chariait. Alors j'en ai eus marre. Et j'ai quitté la maison. Je m'en souviens très bien, ça a été la plus grande erreur de ma vie.

On pense souvent qu'un muet et également sourd ou inversement. Mais pas du tout. J'entendais très bien mes frères m'insulter. Mes parents me gronder. Mes camarades de classe se moquer ouvertement de moi. Mes parents n'étaient pas assez riches pour me payer une école spéciale, alors j'ai dûs faire avec une vieille dame qui habitait en périphérie de la ville. Oh, pas grande la ville, juste à peine plus de 3000 habitants. Ça change des grosses métropoles. Bref. Cette gentille dame m'a apprit la langue des signes. Tous les jours après l'école, j'avais deux heures de leçons. Et après, mon grand frère Balthazar venait me chercher avec un de mes autre grand frère, Gabriel. Balthazar à deux ans de plus que moi et Gabriel quatre. Ils ont toujours été très gentils avec moi. Ils me comprenaient, pas comme les autres. Alors, quand ils finissaient plus tôt l'école, ils apprenaient avec moi. Et la dame était très gentille, elle nous faisait de très bons goûters. Et mes parents la payait pour mes leçons, et elle laissait gratuitement mes frères entrer. Très gentille cette dame. Mais comme d'habitude ça m'es retombé dessus. Mes parents m'ont accusés de leur voler l'argent. Que cette grand mère était une gripsou, qu'elle nous volait. Et c'était de ma faute, parce que j'étais né muet. Alors ils ont arrêté de la payer ces 2 malheureux euros par séance, et j'ai dû apprendre comme je le pouvais. Mes frères m'aidaient aussi, mais ils ne pouvaient pas tout le temps. Alors j'en ai eus marre. Et j'ai quitté la maison.

Il devait être 17 heures, j'avais sept ans. En CM1. En novembre je crois, peut-être décembre. Mes camarades étaient méchants, les maîtresses ne me comprenaient pas, on m'ignorait délibérément dans la cour. Les grands et les petits étaient séparés, je ne pouvais même pas voir Balthazar à la récréation. J'étais ce petit garçon, celui qui est toujours assit dans un coin tout seul, à jouer avec les cailloux et les fourmis. J'étais devenu très ami avec elles. Je les aidait à porter leur petites feuilles jusqu'à la fourmilière au coin du mur. Je dégageait des petits passages et parfois leur donnait des miettes de mon goûter. Mais les autres ne me comprenaient pas. Alors ils m'embêtaient, écrasaient les fourmis. Et je me faisais crier dessus par les maîtresses quand je les poussaient pour protéger les fourmis. Mes parents étaient furieux. Alors le soir, je suis parti sans rien dire. La forêt était à côté, mais j'avais trop peur du grand méchant loup. Alors je suis allé au petit parc au centre du quartier. Je traînais entre les structures, m'asseyais finalement sur une des balançoires, les yeux regardant mes pieds déplacer les graviers. Des voix se faisaient entendre mais je n'y faisais pas attention. Alors à un moment, je ne les entendaient plus, et j'ai relevé la tête. Ils se tenaient les trois devant moi, les méchants de ma classe qui m'embêtaient. Ils m'ont poussé par terre, et le plus grand et le plus fort à sortit un pistolet. J'ai eus très peur. Il a joué avec, il voulait faire "comme dans les films de grands". Vous savez, quand le méchant s'accroupit à côté de celui qui est par terre et colle le pistolet à côté de l'oreille pour le menacer. Il a fait ça, c'était le pistolet de son grand frère je crois. De son père peut-être. Mais il ne savait pas qu'elle était chargée. Alors il l'a pointée droit devant, ou il n'y avait personne, et a tiré, croyant faire semblant. J'ai toujours été très sensible des oreilles. Alors quand le coup est partit, j'ai entendu un sifflement très aiguë et très fort dans mes oreilles, et ma tête n'arrêtait pas de faire comme des grelots. Quand j'ai mis mes mains aux oreilles, j'avais du sang qui en sortait. Alors j'ai eus peur et j'ai crus que j'allais mourir. Je me suis évanoui je crois.

DestielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant