La prestation

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La vidéo est à écouter en même temps que la lecture du texte si vous voulez être complètement plongé dans l'univers de Wendy et y assister comme si vous étiez vraiment dans les années 1930.

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Oui, j'avais une petite condition... qui s'était finalement transformée en grosse condition. Alexandre... n'avait pas de piano et nous n'avions pas les moyens d'en acheter un. Je rentrai donc à la maison, l'humeur mi-figue mi-raisin. Lorsque je retrouvais Alexandre et Marie ils m'assaillirent de questions.

-J'ai le poste, dis-je, mais je vais devoir le refuser.

-Quoi ? Pourquoi, demanda Alexandre

-Parce que la condition pour jouer à l'opéra est de me ré-entraîner au piano, ce qui est impossible... Nous n'avons pas de piano.

-En fait, nous en avons peut-être un, intervient Marie. Lorsque nous avons acheté cette maison il y avait un piano vendu avec. Comme je ne savais pas en faire et mon mari également nous l'avons mis au grenier. Il doit être plein de poussière et un peu rouillé mais un peu d'entretien devrait suffire à lui redonner sa grâce d'antan.  

-Tu ne m'en as jamais parlé, souffla Alexandre.

-Tu ne nous as jamais parlé d'une envie de faire de la musique. En tout cas pas avant de te lancer dans une carrière de musicien.

L'affaire était donc conclu. Alexandre et deux amis à lui descendirent donc le piano du grenier dès le lendemain. Comme l'avait prédit Marie, il avait bien besoin de se refaire d'une beauté. Toutefois, en-dessous les montagnes de poussière on pouvait deviner que c'était un beau piano qui m'avait l'air résistant. 

Nous nous attelâmes donc tous les trois à nettoyer le piano. Le plus dur fut d'enlever toute la poussière entre toutes les touches du piano. Cela nous prit toute la journée. A la fin du dîner je m'installai derrière les touches du piano en les touchant, mélancolique.

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Nous avions passé une journée éreintante à nettoyer le piano. C'est donc avec un grand soulagement que nous avions savouré notre dîner.

Alors que nous nous apprêtions à nous coucher, l'air s'était emplie d'une douce mélodie. Wendy était en train de jouer. Alors que nous étions envoûtés par ce qu'elle faisait elle s'arrêta brusquement et nous regarda. 

-Il y a trop de fausses  notes, nous dit-elle tout simplement. 

-Tu rigoles ? C'était super !

Ma mère et moi avions prononcé cette phrase en même temps. Pourtant, comme à son habitude, elle n'écouta pas nos compliments et se renferma sur le fait que son niveau était revenu au plus bas. Peut-être qu'il n'était plus aussi haut qu'avant mais elle restait toujours meilleure pianiste que moi ou ma mère. 

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Depuis que j'avais retouché au piano pour la première fois les jours puis les semaines étaient passés. Aujourd'hui, cela faisait un mois que je pratiquais mes gammes tous les jours et mon niveau s'était grandement amélioré. Je devais revoir ma responsable aujourd'hui même. Elle m'avait dit de l'appeler quand je me sentirai prête.

Pour cet événement Alexandre m'accompagna au lieu du rendez-vous. Ma prestation devait déterminer si j'étais prête à reprendre les concerts ou non.  J'étais stressée. Très stressée. Je savais pourtant que la directrice serait conciliante avec moi mais je ne voulais pas la décevoir. Je voulais aussi recommencer une vie normale. Alexandre et moi nous séparâmes devant le couloir des artistes. 

Il allait rejoindre la salle dans laquelle mon destin serait scellé. Pour continuer à faire partie des légendes de cet opéra j'avais choisi un morceau difficile : Winter Wind de Chopin. Oeuvre magistrale et particulièrement complexe à réaliser car une seule fausse note faisait basculer vos spectateurs de l'hiver et du rêve qu'instaurent votre univers à la réalité ; assis, dans une salle de spectacle. Il était alors pratiquement impossible de les récupérer dans votre univers, votre rêve. Malgré tout, je voulais le faire ! J'aimais le piano et il était hors de question que je loupe ce morceau.

J'arrivai alors sur la scène et m'installai devant le piano. Pour me calmer, je forçai mon rythme cardiaque à ralentir la cadence. Je regardai le public et repérai la directrice ainsi que mon cher et tendre Alexandre. D'autres personnes étaient également là. 

Sans plus attendre, je soulevais le meuble* et commençais à jouer. Mes mains au départ tremblantes devinrent de plus en plus agile et j'arrêtai de trembler. A la fin de ma prestation on entendait les mouches voler. Tout le monde retenait son souffle. 

-Qu'ai-je fait de mal, me demandais-je

-Elle est prête, murmura dans un souffle ma directrice avant d'applaudir. 

Cet applaudissement fut comme un réveil. Le temps se remit en route et les autres spectateurs accompagnèrent la directrice. 

Soulagée, je me retirai en coulisse. 

Vingt minutes plus tard, je sortis des coulisses et vit Alexandre qui m'attendait, les bras grand ouvert. Je courrai vers lui et lui sautai dans les bras. Nous riions aux éclats, j'avais le poste, nous étions soulagés. 

Après quelques minutes d'allégresse nous nous regardâmes dans les yeux et avant que je n'ai eu le temps de comprendre ce que je faisais, j'embrassai Alexandre. J'avais osée lui voler un baiser. Lorsque cette information remonta dans mon cerveau je descendit au sol et murmurai :

-Désolée, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.

Il me regarda d'un air attendri et me répondit :

-Ne t'excuse pas. 

Avant que j'ai pu rétorquer quoi que ce soit il était en train de m'embrasser à son tour. Alors, je lâchai prise et répondit à son étreinte.

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Salut, c'est moi ! Je m'étonne d'avoir écrit autant dans ce chapitre ! Il était temps qu'il y ait un rapprochement conséquent entre les deux vous ne pensez pas ? 

Sinon, pour la suite de l'histoire j'ai encore des idées, j'espère donc être moins longue qu'avant. 

Concernant le passage où Wendy parle de l'univers que transmet une partition lorsque quelqu'un joue j'espère que j'ai réussi à bien le développer.

Pour l'astérisque c'est tout simplement pour dire que le meuble c'est le truc qui s'ouvre sur un piano (le truc qui est derrière les touches). A l'intérieur on peut voir des cordes et la mécanique du piano.

Bisous.

La chute des diamantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant