Il panique, et ne sait pas quoi faire. Ses yeux font la navette entre mes veines ouvertes et mon regard vide. Je me redresse et me tiens debout devant lui, il fait un mouvement pour dévaler les escaliers. Par réflexe, j'utilise mon alter qui l'emprisonne dans un muret de glace, il sert les dents et m'offre un visage enragé.
« À quoi tu joues, Shouto ?! Pose cette lame tout de suite ! C'est dangereux et loin d'être drôle ! »
Tiens, il vient de m'appeler par mon prénom. Il y a quelques heures, j'aurais probablement rougis par ce fait. J'ai l'impression d'être spectateur de la dernière scène de mon existence. Je ne ressens pas la détresse que je devrais ressentir. Je ne ressens ni le stress, ni l'angoisse, ni la joie d'être délivré de la vie. Je pense qu'à cet instant, je pourrais lui avouer tout ce que je trouvais inavouable – tant mon cœur se noie dans l'indifférence.
« Je ne joue pas, Izuku. Quand elle te dira, elle aussi, qu'elle t'aime, tu me laisseras. Je n'ai aucune chance contre elle.. »
Je me force à lui faire un petit sourire. J'observe ses larmes qui dévalent lentement ses pommettes rougies, son regard devient un mélange de colère, de tristesse, et d'incompréhension. Mon sourire se fane rapidement, à présent je me concentre sur mon poignet. Il ne faudrait pas que mes plaies se referment, alors je lui tourne le dos pour pouvoir faire une énième incisure le long de mes veines.
« Shouto ! Regarde-moi ! Je ne sais pas de quoi tu parles, mais pose ce truc ! »
Maintenant, il hurle. Je le regarde, de dos, alors que la lame découvre l'intérieur de mon corps. Je sens un petit pincement au niveau du cœur, quand je le vois. Alors je décide de ne plus le regarder. Il ne faut pas qu'il me fasse revenir. Il ne faut pas qu'il me fasse revenir.
Il ne faut pas qu'il me fasse revenir.
« Tu ne te rends pas compte, Izuku Midoriya, d'à quel point tu étais le rebord grâce auquel je ne tombais pas. Mais ce rebord s'est résorbé. C'est le prix que j'ai à payer pour avoir pu t'observer et être avec toi ces derniers jours. Merci beaucoup de m'avoir fait découvrir la chaleur agréable qui a pu dégeler mon cœur. »
Je l'entends sangloter. Je retire la lame de mon poignet, le sang gicle. J'observe ce liquide rougeâtre en tentant de contrôler ma respiration qui défaille. Il faut que je reste concentré. Sinon, je vais revenir, je vais craquer, je vais pleurer et je vais arrêter. Il ne faut pas que j'arrête. Il faut que je tue ce monstre et que je cesse de l'importuner, et d'importuner le monde.
Mais je sens que je reviens. Si je le regarde, c'est fini. Je vais encore échouer.
« Ne t'en fais pas pour la personne que tu aimes. Vu à quel point tu es adorable, je suis persuadé qu'elle t'aime presque autant que je ne le fais. Et si seulement tu savais à quel point je t'aime.. »
Pourquoi je parle ? Je l'entends couper sa respiration, et je sens son regard insistant dans mon dos. Pourquoi faut-il que j'en dise trop ? Je sens une larme qui coule le long de ma joue.
J'espère que ce ne sera plus très long. Si je suis encore conscient, la suite va être terrible.
« Tu vois ? Je t'aime tant que tes mots m'anéantissent. Je t'aime tellement que je ne peux pas vivre dans un monde où tu n'es pas mien. Mais c'est normal, ne culpabilise pas. Tu ne m'aimes pas. Personne ne l'a jamais fait, alors pourquoi ça devrait arriver maintenant ? C'est dans l'ordre des choses. Merci de m'avoir libéré. Merci de m'avoir fait espérer, un court instant, que j'y avais droit. C'était les trois jours les plus beaux de toute ma vie. »
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「Born to be a monster」
FanfictionPoint de vue alternatif de「Born to be a hero」 Tododeku Résumé : Ses souvenirs le suivent comme une ombre, mais la lumière qu'émet Midoriya lui permet de les oublier un peu. Entre son amour pour lui, sa haine pour ses semblables et quelques enquêtes...