8. Rencontre inattendue (version éditée)

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Média : Laval et Péronne

Alinor sortit de la tente et s'éloigna d'un pas vif pour rejoindre son mari. Son père lui avait indiqué que son chapiteau était dressé un peu plus loin sur la droite. Aussi se dirigea-t-elle dans cette direction, à la recherche de l'emblème du jeune baron. Elle fureta pendant quelques minutes avant de découvrir ce qu'elle cherchait: une bannière sable au lion d'or armé, lampassé de gueules et tenant une plante de fougère à trois pièces de sinople. Celle-ci était plantée entre deux tentes, l'une de petite taille comme celle de son père et l'autre nettement plus spacieuse.

Ayant repéré l'emplacement du campement de Gautier, Alinor revint sur ses pas pour chercher Wilf. Elle trouva le palefrenier près des chevaux, occupé à les bouchonner. Rapidement, elle lui expliqua qu'ils reprendraient la route le lendemain et elle lui donna des instructions pour qu'il se fasse discret, tout en restant à proximité. Dès qu'elle eût fini de donner ses directives, elle laissa le garçon et retourna au campement de son mari. Arrivée devant l'étendard, elle observa tour à tour les deux abris de toile entre lesquels il était planté. En déambulant dans le camp, elle avait remarqué que les Normands occupaient souvent des tentes plus spacieuses que les Saxons. Aussi, Alinor n'hésita pas. D'emblée, elle s'avança vers le grand chapiteau. Elle écarta les deux pans de l'ouverture et pénétra à l'intérieur. Par sécurité, elle se retourna et glissa une œillade à l'extérieur pour vérifier que personne ne l'avait vue entrer.

Soulagée d'être enfin à l'abri des regards, elle enleva prestement son casque et le posa sur un petit coffre sur sa gauche, puis elle se retourna et avança dans la tente. Quand ses pupilles se furent accoutumées à la pénombre, elle se figea, stupéfaite.

«Sainte-Vierge! Ce n'est pas possible!»

Elle était en train de faire un cauchemar et elle allait se réveiller ou alors c'était une hallucination... Elle resta là, immobile, les yeux écarquillés, pendant quelques secondes qui lui parurent une éternité. Lorsqu'elle assimila que ce qu'elle voyait était bien réel, elle mit sa main sur bouche pour réprimer son cri horrifié. Ses joues s'embrasèrent sous l'effet de l'embarras et elle ferma les yeux. Quelle rencontre gênante! Comment se sortir d'une telle situation?

La jeune femme entendit un rire mâle et son malaise s'accentua. Elle serra très fort les paupières en tentant de repousser l'image qui s'était imprimée dans sa tête. Elle sentit la rougeur de son visage s'étendre à sa gorge et sa poitrine. Mortifiée, elle tourna aussitôt le dos à la scène qu'elle venait d'apercevoir. Dieu du ciel! Elle n'avait encore jamais vu Gautier entièrement nu en pleine lumière et voilà qu'elle surprenait inopinément deux Normands dans le plus simple appareil!

Alors qu'elle essayait fébrilement de trouver une solution pour se tirer de ce mauvais pas, elle entendit l'un des hommes s'approcher dans son dos en ricanant.

— Regarde-moi ça! Que vient faire un damoiseau dans notre chapiteau?

Aussitôt sur ses gardes, Alinor ouvrit les yeux et fixa l'ouverture, attentive aux moindres bruits, prête à se battre si l'homme se faisait menaçant. Elle sentit que le Normand s'arrêtait derrière elle à approximativement un pas ou deux avant de lui adresser de nouveau la parole:

— Alors, quel est ton nom? Qu'est-ce qui t'amène?

Son compagnon ne se préoccupait visiblement pas d'elle, car elle l'entendait bouger dans la tente et déplacer des objets. Tout en vaquant à ses occupations, il admonesta son ami:

— Cesse de l'embêter! Ne vois-tu donc pas qu'il est intimidé!

— Intimidé? Ha, ha! Je dirais plutôt embarrassé! Ce damelot n'est même pas capable de nous regarder sans rougir!

Combat d'Amour - Tome 3 [Editions Ada juillet 2019 - autoédition 2023]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant