JUILLET

6 0 0
                                    

Juillet avait été le mois de la reconstruction.

Je n'avais pas voulu en savoir plus. J'étais aussitôt rentrée à la colocation où Noémie m'attendait les bras ouverts, comme à son habitude. Les premières semaines avaient été les plus pénibles, (j'en oubliais mes besoins primaires comme boire et manger) bien que la rupture avait été moins douloureuse que la première fois. Mon cerveau n'avait sûrement pas voulu vivre une deuxième fois les mêmes sensations et émotions. Je n'avais pas cédé à l'appel du canapé dans le salon. Mon lit me convenait et je m'étais surprise à refaire des nuits de huit heures bien que des cauchemars apparaissaient de temps à autre. Il s'agissait souvent du même : Clément et sa grande blonde en train de s'enlacer sous mes yeux embués de larmes. Il arrivait que le décor soit changeant. Je me réveillais parfois les yeux humides mais je finissais toujours par me rendormir paisiblement comme si je m'étais enfin persuadée qu'il fallait passer à autre chose.

Je ne pensais pas à lui la journée. Les réseaux sociaux s'en chargeaient pour moi. Ils avaient décidé de me rappeler à quel point j'étais sorti avec un connard sans scrupule qui affichait sa pauvre petite vie de célibataire (avait - il quitté la femme aux textos ?) sans se soucier du sort de son ex. « Clément est au stade de France avec Alizée. » « Clément est en rooftop avec Rebecca » Clément par ci, Clément par là. Je me demandais si sa vie était aussi trépidante qu'il le montrait sur tout ces réseaux. 

Après avoir vu plusieurs nanas défiler dans ses storys, je m'étais résolue à le rebloquer de partout. Attitude puérile au premier aperçu mais il n'y avait plus de petite bulle qui me rappelait sans cesse de cliquer et de découvrir ce qu'il faisait de ses journées. « Cessons cette curiosité malsaine et passons à autre chose ! » me disait mon cerveau. Pour une fois, il avait raison, j'avais bloqué Clément et ma vie avait pris un tout autre sens :

Je m'étais résolue à vivre cette deuxième rupture avec plus de légèreté. Vers la fin du mois, j'étais ressorti avec toute la petite bande dans nos endroits préférés. Nathan ne sortait plus avec nous. Noémie ne voulait pas me le dire mais je savais pertinemment que c'était de ma faute et qu'il les voyait sans moi au café du coin. Je ne lui en voulais pas. Je ne leur en voulais pas. C'est moi qui avait merdé en jouant à un jeu dangereux avec Nathan.

Par pure coïncidence, lors d'une de nos soirées sans Nathan, j'avais recroisé Mathieu. L'homme à la soirée trop alcoolisée. A la différence de Clément, mon cerveau avait pris un malin plaisir à me laisser boire trop de verres pour ensuite finir dans le lit de l'homme à la soirée trop alcoolisée pour un round deux. Le round deux fut meilleur que le premier. Je m'étais donc amusée à le revoir pour un round trois, quatre, cinq et six les semaines suivantes jusqu'à ce que ce petit jeu de « round » ne me convienne plus.

Un mois s'était écoulé. Je m'étais reconstruis, je ressortais, je voyais un autre mec que Clement sans culpabiliser mais je n'avais toujours pas donner de nouvelles à Nathan. Je ne l'avais pas revu depuis ce fameux café en Mai. Sans consulter Noémie par téléphone, qui était au Club Mer avec des amis d'enfance, je m'étais empressée de composer le numéro de téléphone de Nathan que je connaissais par coeur. Une sonnerie retentit, puis deux, allez décroche bordel. La sonnette de l'appart se mit en marche. Noémie avait dû encore commander des vêtements. Il n'y avait pas un jour pendant son absence où je réceptionnais tout ses colis.

Quelle fut ma surprise quand je vis Nathan apparaître devant la porte, tournesols à la main droite et bouteille de vin rouge à la main gauche. Je me mis bêtement à regarder derrière moi. Comme si ces deux présents étaient destinés à une autre personne que moi dans l'appartement. Il se mit à rire. Son rire avait toujours été communicatif. Je me mis à rire également. Son téléphone sonnait. Il le prit dans sa poche :

" Allo ?"

Je me mis à sourire quand je vis que c'était moi qui continuait à l'appeler et je me mis à jouer :

"Allo Nathan ? Tu m'entends bien ? Si tu l'acceptes j'aimerai te cuisiner un petit quelque chose autour d'une bouteille de vin et de tournesols pour me faire pardonner."

Nathan me regardait droit dans les yeux sur le seuil de la porte :

"C'est parfait Emma, je suis dans le coin. Je peux être là d'une minute à l'autre."

On raccrocha nos portables.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jun 29, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Calendrier affectifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant