Chant des Vagues au Mont Braise [Poké-Month]

2

Le jeune homme s'était assoupi sur son travail. Il avait la tête enfouie au milieu des articles sur l'essaimage des Dardargnan, et sa joue était collée contre une critique d'ouvrage sur l'origine des Munjas.

Pifeuil avait refermé les fenêtres pour ne pas qu'il prenne froid. Il l'avait recouvert de l'une de ses planches descriptives sur les Scarhinos et était parti à la cuisine préparer une soupe de miso à base de légumes.

Lorsque le jeune homme émergea des songes, l'encre de l'article sur les Munjas avait déteint sur sa joue, et il arriva à la cuisine encore ensommeillé, toujours enroulé dans son tableau descriptif de pokémons scarabées. Il bailla en ouvrant grand la bouche et regarda passivement Pifeuil. Son ami avait enfilé un petit tablier rose et qui tenait en équilibre sur un tabouret de bois pour remuer une grande marmite de soupe dans laquelle il ajoutait au-fur-et-à mesure de la pâte de miso.

— Le voyage depuis Hoenn m'a vraiment épuisé, expliqua le garçon en se frottant les yeux, merci Pifeuil, heureusement que tu es là pour t'occuper de moi.

— Pifeuil ! répondit ce dernier humblement.

— Tu aimes notre nouvelle maison ? C'est mieux que ma chambre d'étudiant à l'université, non ? Et puis il y a la forêt juste à côté, tu devrais t'y sentir plus à l'aise qu'à Mérouville.

— Pif' ! acquiesça le pokémon en remuant la soupe.

— C'est peut-être un peu loin de tout pour mener des recherches entomologiques, mais j'avais besoin de ce calme pour terminer mon article... J'avais peur d'être plutôt distrait en revenant ici... mais j'ai l'impression qu'il n'y a plus rien à craindre de cet endroit. Tous ces vieux souvenirs, c'est du passé !

Pifeuil haussa les épaules imperceptiblement, peu convaincu par le discours de son dresseur. Il savait parfaitement que le jeune homme refusait toujours de parler de son père ou d'avoir dans la maison un quelconque objet rappelant son existence.

Le jeune homme remarqua soudainement de quoi était fait sa cape et s'empressa de défroisser les dessins de Scarhinos. Alors qu'il allait repartir au bureau poursuivre son article en attendant que la soupe soit prête, la sonnette retentissante du téléphone troubla soudainement le calme de la maison.

Il s'empressa de retourner à la cuisine, où son pokémon avait déjà décroché.

— Pifeuil ?

— Hein ? Pifeuil ? Constant est là ? Tu peux me le passer ?

— Pifeuil, pi'pi, pifeuil... commença-t-il à lui expliquer.

Le jeune homme saisit rapidement le combiné des mains de son pokémon.

— Allô ? Hector ? Désolé, Pifeuil était plus proche du téléphone que moi !

— Il prend de plus en plus d'initiative, c'est incroyable à quel point il est intelligent, ça ne m'étonnerait pas qu'il évolue d'ici quelques temps !