Chant des Vagues au Mont Braise [Poké-Month]

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— Je ne pense pas que tu me pardonnes ma lâcheté, à moi ou aux autres collègues de tes parents qui ont laissé la Team Rocket prendre leurs vies... commença Auguste en refermant la porte derrière lui.

Constant observa un court instant le sol jonché de croquis anciens, puis il se retourna vers les immenses turbines et les fioles de liquides sombres qui tournaient à toute vitesse dans de grandes centrifugeuses. Au centre de la pièce trônait une vieille photo d'une fresque en bas-reliefs que le jeune homme avait déjà vu dans les livres de sa mère. La relique de Mew.

C'était donc cela dont parlait le Major, l'échantillon d'ADN du pokémon originel. Voilà ce à quoi se livraient ces malfrats depuis des années, voilà pourquoi ils avaient besoin de pokémons pour les envoyer dans des laboratoires... Ils se livraient à des manipulations génétiques sur les pokémons.

— Mon père et ma mère avaient tous les deux découvert ce que vous étiez en train de créer, n'est-ce pas ? Comme... comme moi aujourd'hui.

Le scientifique le fixa derrière ses épaisses lunettes teintées.

— Tu as ce même air perspicace et sévère que ton père... La dernière fois que je l'ai vu ainsi, je le regardais partir à bord de son bateau d'expédition, espérant quitter Cramois'île pour raconter ce qui se passait à tout le continent... Il voulait tous nous libérer, moi et tous ses autres collègues scientifiques retenus par la Team Rocket.

— Il était complètement fou...

— Il était bon et courageux, plus que nous ne l'avons jamais été, nous les autres scientifiques retenus en otage... Et il l'a payé le prix fort.

Constant inspira profondément. Il se sentait prêt à accepter la vérité.

— Comment est-il réellement mort, alors ? Qui est l'homme qui lui a donné le coup de grâce ?

— Je sens ta colère et ton envie de vengeance, mais tu ne pourras rien faire. Ce n'est pas un homme qui a tué ton père. C'est un pokémon.

Le jeune homme se retourna brusquement vers Auguste.

— Mew ?

— Mewtwo. Le clone de Mew que nous cherchions à développer. Ton père avait compris que les océans déchainés autour des îles venaient d'un pokémon de type Psy à la puissance phénoménale. Il avait fait le lien avec la disparition de ta mère et... Il avait trouvé le laboratoire dans lequel nous travaillions à Cramois'île.

Auguste prit une profonde inspiration avant de poursuivre et se mit à frotter son bras bandé :

« Le chef de la Team Rocket a décidé qu'il fallait agir pour empêcher ton père de révéler nos travaux, et plutôt que d'y envoyer quelqu'un... Il a préféré utiliser son nouveau pokémon, qu'il croyait prêt au combat et à la servitude... »

— Il ne l'était pas ?

— Non. Mewtwo n'était encore qu'une ébauche. Ses pouvoirs étaient totalement incontrôlables et sa puissance ressemblait plus à un cataclysme qu'à des attaques de pokémons. C'est en éliminant ton père et son navire que la Team Rocket s'en est aperçue...

Constant resta silencieux un instant, observant les croquis accrochés aux murs qui représentaient la créature. Il se rendait compte qu'à cet instant, il n'éprouvait plus rien. Cette conclusion étrange ne lui apportait ni rage ni haine. Seulement une vague curiosité pour le monstre créé par l'Homme qui était à l'origine de sa vie d'orphelin.

Il s'approcha d'un des croquis et caressa les courbes du pokémon artificiel. Un orphelin... Un délaissé, aux pouvoirs terrifiants...

— Qu'est-il advenu de Mewtwo ? demanda-t-il en brisant son silence.

Auguste parut surpris par le manque d'empathie du jeune homme. Il s'attendait à ce qu'il pose des questions sur son père, pas sur ses expériences.

— Il... Le projet a été placé dans la section des recherches secondaires, celles dont j'ai la charge, alors que tout le budget de la Team Rocket s'est concentré dans la recherche de pokémons légendaires, dont l'oiseau de feu que tu as dû apercevoir sur le Mont Braise...

Constant se pencha pensivement sur une série de calculs griffonnés rapidement à même la table.

— Vous mentez, dit-il froidement.