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Constant était balloté comme un sac de pommes de terre, passant de tribord à bâbord dès qu'une vague poussait l'énorme paquebot. La petite lampe au-dessus de lui vacillait sans cesse, grésillant à chaque fois qu'une énorme vague noire frappait le hublot de la cabine dans les ténèbres de la nuit et de la tempête. Et pourtant, il restait concentré sur sa lecture assit sur son lit juste en face de Lucie, ne parlant que très rarement. Où était passé sa crainte viscérale de la mer ?

Tout ce qu'il disait semblait tellement décousu que son amie avait totalement renoncé à l'idée de le comprendre. « C'est exactement ce que mon père étudiait. », « Les oiseaux légendaires qui modifient les courants marins et toute la météo sur terre, je n'arrive pas à croire qu'ils soient tous ici, à Kanto... », « D'après mon père, capturer un de ces oiseaux changerait tout l'équilibre climatique ! ».

Exaspérée par les roulis de la mer sur le bateau et la lecture frénétique de son camarade, Lucie décida finalement de partir explorer le St. Anne. Un immense paquebot comme celui-ci devait avoir des salles de jeu ou au moins une cuisine où elle pourrait se préparer un diner.

Elle quitta la cabine et se mit à explorer les couloirs exigus et mal éclairés, manquant parfois de glisser dans des flaques d'eau de mer, ou de tomber du haut d'escaliers mouillés.

Etrangement, alors que le bateau immense semblait transporter beaucoup de marins et d'ouvriers, elle n'en croisa pas un seul lors de sa petite balade. La seule présence qu'elle ressentait était une ombre dans son dos qui lui glaçait le sang. Elle avait l'impression d'être suivie.

Elle arriva finalement dans une allée plus large, bordée de signes « Interdiction d'entrée, zone de sécurité, seul le personnel du St. Anne est autorisé ».

Curieuse, elle décida de ne pas suivre les recommandations des panneaux et s'avança vers une grande porte pressurisée. Elle allait l'ouvrir lorsqu'elle entendit des bruits de pas venant de l'autre côté du couloir. D'un bond, elle se glissa derrière la porte pour se cacher et se fit toute petite contre la paroi d'acier du bateau.

— Les pokémons sont de plus en plus agités, commença une voix rauque. Le Colossinge qu'on a volé au Dojo de Safrania a failli me tailler en pièces...

— Et ça ne va pas en s'améliorant avec cette tempête, répondit une deuxième, vivement qu'on arrive et qu'on les débarque au Manoir Pokémon, une fois qu'ils seront dans les mains de cette bande de scientifiques malades du sous-sol, ça ne sera plus notre problème !

— T'as entendu la dernière ? Il paraît qu'il y a eu une enquête sur les disparitions de pokémons au Mont Sélénite, reprit le premier.

— Ah-ha ! Ils ne trouveront rien ! On paye la police assez cher pour ça !

Lucie tendit le cou pour les voir avant qu'ils ne remontent l'escalier du fond et vit deux hommes en costumes noirs, portant des bérets de la même couleur et des matraques à leurs ceintures. La jeune femme frissonna en voyant la lettre rouge inscrite sur leurs uniformes. Un « R ». Pour Rocket.

Le St. Anne transportait donc des pokémons volés pour la Team Rocket. Ils devaient probablement les amener à ce « Manoir Pokémon » pour se livrer à des expériences sur eux... 

Chant des Vagues au Mont Braise [Poké-Month]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant