Chapitre 1

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In the shadows - Foreign Air
***

Le soleil se lève et éclaire la pièce. Il doit être sept ou huit heures du matin. M'étirant de tout mon long dans mon lit, je bâille.

Filha, reveille-toi ! hurle ma mère, de l'autre côté de la porte de ma chambre.

Je souffle et attache mes longs cheveux bruns en un chignon peu ordonné. Lorsque j'ouvre mes rideaux, je constate que le ciel est dégagé bien que quelques nuages le parcourt à quelques endroits.

Les buildings de la ville s'élèvent dans les airs, rendant la vue à la fois intéressante et habituelle. Voilà dix-neuf ans que je vis ici, dans cet appartement près du centre-ville de São Paulo.

Cette ville est la plus grande du pays, sans compter Rio et ses environs. Alors que je sors de ma chambre pour me diriger vers la cuisine, ma mère me barre le chemin. Ses cheveux d'un noir hypnotisant sont attachés en arrière alors que ses yeux de la même couleur me scrutent.

— Tu n'as pas oublié que tu devais aller au marché faire les courses ? me demande-t-elle, fronçant les sourcils.

Je secoue la tête et souris légèrement.

Não, mãe. Je n'ai pas oublié ! Je vais me doucher et j'y vais ! lui annoncé-je.

Elle acquiesce et me laisse passer. Je file alors sous la douche et en profite pour me laver les cheveux. Mon reflet dans le miroir en face de moi me permet de me fixer attentivement : ma peau naturellement hâlée est douce, les taches de rousseur parsèment mon nez et mes yeux noisette me scrutent.

Avec la chaleur dehors, il va m'être très dur de ne pas transpirer...

Une fois lavée, je m'habille et me prépare pour sortir. Tous les lundis, je vais au marché de la ville pour acheter de quoi cuisiner pour la semaine. Ma mère m'a chargé de faire ça depuis longtemps.

Nous vivons toutes les deux. Je n'ai jamais connu mon père. Je sais seulement qu'il s'appelait Rafael et qu'il a quitté ma mère lorsqu'il a appris qu'elle était enceinte de moi.

Alors que je sors de l'appartement et prends l'ascenseur, je sens déjà la chaleur et l'humidité attaquer ma peau et m'assommer progressivement.

Meu Deus, je vais mourir avant ce soir.

J'atteins enfin le marché et achète quelques fruits et légumes aux vieilles du quartier qui me sourient et m'appellent "beleza" pour dire « beauté ». Je les connais, ce sont de très gentilles femmes. Puis, je me dirige vers le centre du marché où un petit groupe de personnes dansent au rythme des tambours. Je souris, c'est le quotidien de la ville. Pendant la journée du moins.

Ma mère m'a toujours interdit de sortir le soir, et elle a raison. São Paulo se métamorphose la nuit pour devenir une ville dangereuse ou les trafics et délits règnent. Heureusement pour nous, notre immeuble est sécurisé par un portail où un garde veille sur notre protection jour et nuit.

Remplissant le sac de courses que je porte sur les épaules, je grimace en constatant que ce dernier devient lourd. Quittant le marché, je soupire et passe chez Miguel, un ami de longue date. Il tient un petit café près de la maison.

— Carla ! dit-il, tout sourire.

Il vient vers moi et m'enlace affectueusement.

— Miguel !

Nous nous séparons et parlons de diverses choses, échangeant nos nouvelles. Puis, lorsque mon estomac crie famine et que l'heure tourne, je quitte le café et rentre à la maison tout en saluant le garde.

Il me connaît depuis dix-neuf ans et m'a vu grandir chaque année.

Enfin rentrée dans l'appartement, ma mère m'observe, les poings posés contre ses hanches et sourire aux lèvres.

— Ce n'est pas trop tôt, Carla !

Je râle et range les courses puis, je l'aide à faire à manger et mets la table. Grâce aux revenus de sa retraite prématurée, nous avons assez d'argent pour rester ici et payer le loyer. Je n'ai connu que cet endroit, pour le moment.

Après manger, je mets la télé et m'installe dans le canapé, ma mère à mes côtés. Nous sommes assez proches toutes les deux. Aujourd'hui je n'ai pas cours, je suis étudiante à l'université de São Paulo qui dispose de plusieurs campus mais j'ai décidé de rester vivre chez ma mère, nous n'avions pas assez d'argent pour tout payer.

Puis, la journée passe, le soleil commence à se coucher.

— Carla, range ta chambre un peu ! C'est un vrai bazar ! se plaint ma mère après être allée dans ma chambre pour déposer mes affaires propres.

Je roule des yeux et me lève du canapé.

- Mãe, je vais le faire demain. Je...

Elle me coupe en me lançant un regard noir.

Agora, s'il te plaît !

Je soupire, agacée et entre dans ma chambre en la bousculant. Les minutes passent, je sens son regard me suivre et ne peux m'empêcher de trouver ça énervant.

— Maman ! Tu n'as pas besoin de m'observer !

Elle ne répond pas et continue de me fixer.

— Ne me parle pas sur ce ton, Carla !

Je souffle et retourne dans le salon une fois que ma chambre est rangée. Prenant ensuite ma veste en tissu et mes clés, j'ouvre la porte d'entrée.

— Je sors, dis-je simplement.

Ne laissant pas le temps à ma mère de répliquer, je claque la porte derrière moi et descends. Une fois dehors, la nuit m'entoure et la chaleur n'est pas moindre. Malheureusement.

Je n'aime pas me faire disputer, sortir est la seule manière de calmer mes nerfs.

Déambulant dans les rues de mon quartier, je sens déjà cette hostilité s'installer alors que le monde se fait de plus en plus rare. Le trafic, quant à lui, est toujours aussi dense à São Paulo, quelque soit l'heure ou le temps.

Enfouissant mes mains dans les poches extérieures de ma veste, je me mets à marcher sans pour autant savoir où je vais. L'esprit ailleurs, je continue de rêver et ne pense absolument pas aux conséquences que ma petite balade nocturne pourrait avoir.

Soudain, je me rends compte que quelqu'un me suit et me mets à accélérer, le cœur au bord des lèvres. Les bruits de pas dans mon dos se font plus rapides, plus distincts. Bon sang, il faut que je rentre.

Je remarque alors que je me trouve à côté de l'entrée du plus gros bidonville de São Paulo et m'arrête net devant, entendant les pas s'approcher encore et encore...

Plusieurs hommes provenant de ce même bidonville s'arrêtent et me regardent, un sourire mauvais aux lèvres. Je vois que certains d'entre-eux possèdent des armes à feu et commence à paniquer. Bordel, Carla. Tu es dans la merde.

Soudain, un souffle chaud s'abat contre ma nuque, je frémis et me fige.

— Que fais-tu ici, pequena pérola (*petite perle) ? résonne une voix rauque et grave dans mon oreille.

Mon souffle se coupe tandis que je sens de larges mains brûlantes se balader sur mes cuisses nues et entends un rire plus que sadique résonner dans mes tympans.

Meu Deus.

***

BONSOIR !

Vos impressions sur ce premier chapitre ? ❤️

Serait-ce notre beau Cael ?😏

Bisous sur vos joues mes petites lunes <3

Nolwenn

Instagram 📸 : Rubism00n

São Paulo (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant