Partie 5

543 57 25
                                    

Quelques jours plus tard, Guillaume revis Aurélien avant d'aller au collège,  ce dont ils avaient pris l'habitude.  Finalement, ce n'était pas si terrible, et il commençait même à apprécier Aurélien, plus que son voisin, presque comme un ami un peu chelou mais sympa.

Après une brève salutation, ils se mirent en route et prirent le bus. Ils n'avaient pas reparlé de la bagarre de l'autre fois, préférant sans doute éviter le sujet, même si Aurélien se demandait franchement pourquoi son voisin l'avait défendu et s'était énervé de la sorte.

- Tiens au fait Guillaume j'ai un truc pour toi.

Il sortit un bracelet en style de chaîne avec attaché un petit dauphin à un maillon qu'il tendit à son ami.

- C'est pour te remercier de l'autre fois... Pendant l'intervention... Même si t'aurais pas dû.

- Ah... Bah... Merci Aurélien... C'est normal tu sais j'laisse pas mes potes dans la merde.

- On est potes maintenant ?

- Quoi ? Mais non. Enfin si. Je sais pas, comme tu veux !

- Ouais bah soyons potes c'est cool mec.

Guillaume mis le bracelet d'Aurélien à son poignet pour combler son embarras.

- Il te plaît ?

- Ouais ouais merci.

- Au fait... Pourquoi t'as fait ça ? J'veux dire. T'étais pas obligé.

- J'sais pas, ces deux cons me saoulaient. Et puis p't'être que j't'aime bien finalement, même si t'es un connard. Et que putain tu te laisses faire alors qu'ils t'insultent.

- Peut-être... Mais ils ont pas tort...

- Ils ont pas tort de quoi ? De t'insulter ?

- Mais j'suis gay tu sais... Enfin voilà quoi.

- C'est pas une raison, Aurélien. Ils ont pas le droit putain !

- Ouais ouais.... Je sais.

Le bus s'arrêta, et Aurélien descendit à la hâte, saluant rapidement Guillaume, puis courant vers ses amis. Le plus vieux fit alors de même, rejoignant le banc en pierre du fond de la cour sur lequel il avait l'habitude de rejoindre ses amis.

Quand la cloche retentit, il partit s'ennuyer en cours, et il avait anglais. La prof était horrible, elle punissait toujours les élèves sans raison, en distribuant ses "points rouges", cherchant dans le dictionnaire dès qu'ils lui demandaient un mot. Sans parler de ses fiches de participation, censées intimer les élèves à parler, ce qui avait un effet sur beaucoup d'élèves, mais pas son groupe à lui.

Mais cette fois, il rigola bien pendant le cour, exceptionnellement. La prof disait plein de trucs, et son groupe de quatre discutaient d'autre chose, toujours en anglais. La prof parlait des burgers du McDo, et lui et ses potes de "Miami Beach ou Miami Bitch", ce qui les faisait rigoler, mais sans se faire repérer.

La fin du cour arrivé, il sortit de la salle, et croisa la classe d'Aurélien, sans le voir. Ce n'est qu'après un temps qu'il vit le groupe de Thomas attroupé, bientôt suivi du reste de la classe. Guillaume s'en approcha avec Claude, et ils découvrirent Thomas et Jimmy en train de taper quelqu'un.

En se hissant au dessus de la foule, Guillaume reconnu quelques mèches brunes de son voisin.

Son sang ne fit qu'un tour, et il poussa les élèves pour arriver au milieu, et séparer les trois garçons.

Il s'approcha d'Aurélien, le souleva un bras par dessus son épaule, pour lui faire un appui, avant de le mettre à l'écart lentement, et de le faire asseoir sur le banc.

- Ça va Aurélien ?

- On ne peut mieux. Sérieux j'suis au top de ma forme ça se voit pas ?

- Ok ok t'énerve pas. Regarde moi.

Devant l'indifférence de son ami, Guillaume soupira, avant d'entreprendre de lui faire lever la tête lui-même en lui soulevant le menton de sa main.

Il saignait du nez, avait la lèvre inférieure fendue et un cocard se formait déjà sur son œil droit.

- Putain ils t'ont pas loupé ces cons.

Il se retourna et regarda d'un œil noir ses ennemis officiels, puis se concentra sur son voisin.

- Nan mais c'est rien c'est pas grave.

- C'est pas grave ? Et quand t'iras à l'hôpital parce qu'il t'auras pété le nez ou une dent ce sera pas grave non plus ? Tu te fous de ma gueule ? Ou tu veux que je t'en mette une pour te remettre les idées en places ? Bon allez viens on va à l'infirmerie.

Guillaume pris Aurélien sur son épaule, son sac et le sien sur l'autre, et il l'emmena à l'infirmerie, demandant préalablement à Claude de prévenir le professeur de français de son retard.

Arrivés devant la porte, Guillaume péta un plomb en voyant la serrure verrouillée.

- Putain mais c'est pas possible elle est jamais là !

- Ça va aller t'inquiète... J'ai pas trop mal. Mais si ça peut te rassurer on va à la vie sco. Regarde je peux bien marcher sans ton aide, tu peux retourner en cours !

- Nan j't'accompagne, j'ai ton sac.

- Pfff... Ok si tu veux...

Aurélien commença à avancer vers la vie scolaire, vite rattrapé par Guillaume.  Il se demandait pourquoi il s'inquiétait autant pour lui, alors qu'ils ne s'appréciaient pas tant que ça. Peut-être qu'il avait pitié. Ou qu'il l'aimait bien.

Les deux garçons entrèrent à la vie scolaire, où deux surveillants prirent rapidement en charge Aurélien, faisant un billet de retard en remerciant son acolyte, qui repartit donc en cours.

Durant tout le reste de l'heure, Guillaume n'était pas serein. Rien qu'en arrivant en classe, tous ses camarades s'étaient tournés vers lui, et son professeur lui avait demandé si ça allait. Il devait vraiment faire une tête de déterré.

À la récréation de dix heures, il sortit en courant pour aller voir Aurélien.  Il voulait s'assurer qu'il allait bien, savoir pourquoi il s'était fait tapper, si les deux autres étaient punis, etc.

Il le chercha vite fait dans toute la cour, et ne le vit pas. L'espace d'un instant, il crût qu'ils l'avaient renvoyés chez lui, même si c'était impossible, les parents d'Aurélien n'étant pas chez lui.

Claude le rejoint, et ils le trouvèrent finalement, assis au pied d'un arbre au fond de la cour avec Matthieu et Ablaye.  Guillaume se précipita vers lui.

- Alors ça va mieux ?

Il avait le visage bien amoché, un coton qu'il tenait sous son œil, mais son nez n'avait plus une trace de sang, et sa lèvre, quoique gonflée, avait l'air moins blessée.

- Ouais tranquille. Merci.

- Bon tu m'expliques comment ça c'est passé ?

- Bah c'est pas compliqué, ils sont venus ils m'ont insulté, ils t'ont insulté, je me suis pas laissé faire comme tu m'as dit et voilà.

- Ah... J'te jure j'vais les tabasser ceux-là  . . .

- Guillaume sérieux. Arrête c'est pas important. Et puis c'est pas tes affaires, je vois pas pourquoi tu t'incrustes comme ça sérieux. J'ai pas besoin de toi j'suis grand.

- C'est pour ça que je t'ai sauvé il y a une heure. Viens Claude on se casse.

Il partit en tournant les talons, Claude à sa suite, n'écoutant même pas si Aurélien lui avait répondu ou pas.

Voisins ~Orelgringe ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant