Média : Takotsubo — Nekfeu
J'ai toujours adoré le soleil. Il est majestueux et rayonne d'une beauté à couper le souffle. Sa lumière éclate dans des morceaux de chaleur et illumine la vie même derrière les nuages. Dans mes froides et sombres journées, il s'invite dans mon cœur et le réchauffe. Le soleil est mon point d'ancrage, c'est ma petite étincelle même pendant la nuit.
Mais, aujourd'hui, il joue à cache cache avec moi, camouflé derrière une tête aux cheveux blonds platines. Je ne vois que certains rayons qui s'affichent au sol plus ou moins loin des hauts talons sur lesquels celle qui se tient en face de moi est perchée. Cette fille aux yeux marrons dissimulés par des lentilles bleues azur répond au prénom de Paula. Ses traits, normalement jolis et délicats, sont tendus et montrent parfaitement sa colère. D'ailleurs, j'entends sa voix aiguë qui résonne, lointaine :
— Je te déteste, Elois, tu comprends ça ?! Tu m'as menti depuis tout ce temps et maintenant tu me dégoûtes. Comment t'as pu faire ça ? Comment tu peux être comme ça ? Hé, ho, je te parle, connard, tu pourrais au moins me regarder !
Mais non, je ne peux pas, je suis comme pétrifié, le regard figé sur les traces de lumière qui éclairent le sol. Mes pensées s'entrechoquent tandis que ses mots tournent en boucle dans ma tête. Vient-elle vraiment de me dire ce que j'ai entendu ?
— Bon, bah, je vais te laisser avec tes pensées. Ne cherche pas à me faire revenir, bien évidemment, reprend-t-elle, en commençant à rebrousser chemin.
Elle me perfore véritablement le cœur. Et, je crois que c'est cette douleur qui me booste et fait flamber ma tristesse coléreuse. Malgré ma voix cassée et tous les mots qui se bousculent pour ne pas sortir, j'arrive à rétorquer :
— Paula... Tu sais, je n'ai pas changé, je suis toujours le même.
— Non, tu n'es plus le même, tu es différent. Et un menteur aussi.
Des murmures et des cris de soutien pour Paula retentissent dans le cercle de lycéens qui nous a entouré sans que je m'en rende compte. Ils sont là, à nous contempler comme si nous étions des bêtes de foires avec le but de les distraire après leur pause déjeuner.
Et moi, je suis dans une bulle et les mots de Paula me font l'effet d'un coup de poignard en plein dans le cœur. Elle est celle que j'aime, elle est tout pour moi. Et pourtant, c'est elle qui me traite comme si j'étais un parfait inconnu qui ne subissait pas le poids de ses remarques blessantes. Je n'ai rien demandé pour être comme ça, moi. Je n'ai pas demandé à qui que ce soit de coller des affiches avec l'un de mes secrets écrit en gros. Je n'ai jamais voulu que tout ce que j'évitais de montrer soit placardé dans chaque couloir du lycée. Je sais que demain toutes ces affiches auront été enlevées, mais ce sera trop tard. C'est déjà trop tard, les 1500 élèves de l'établissement vont être au courant, s'ils ne le sont pas déjà.
— En quoi ça me rend différent, Paula ? repris-je, chassant le courant de mes pensées.
Je vois ses yeux se lever en direction du ciel, et comprends vite le message : elle ne va pas tarder à en avoir vraiment marre et me laisser seul, nos explications à peine commencées.
— Ça te rend différent parce que tu n'as pas le droit d'être comme ça.
Mon sang se glace dans mes veines. Je sens la colère bouillonner en moi, c'est elle qui n'a pas le droit de dire ça. Se rend-t-elle compte du mal qu'elle me fait à travers ses phrases jetées comme du poison ? Ou est-elle juste insensible ?
— Paula, écoute, dis-je, me promettant intérieurement de rester calme, si je ne te l'ai pas dit, c'est parce que je savais parfaitement ce que ça allait donner.
— Je te donne raison ? demande-t-elle, sachant très bien la réponse.
Je hoche affirmativement la tête, le cœur plein d'amertume. Tout est en train de me revenir de plein fouet, Paula n'est pas celle que je croyais ; elle est bien pire.
— Oublie-moi, Elois, tu n'es plus rien pour moi maintenant, assène-t-elle tout en tournant les talons.
J'ai à peine le temps de comprendre ses propos encore plus blessants que les autres qu'elle est déjà loin. La chaleur fait brûler mes pensées qui dansent dans tous les sens dans mon crâne et devient peu à peu insupportable.
Je regarde mon ancienne copine s'éloigner, parmi des lycéens transformés en furie après notre échange qui ne devait pas passer inaperçu, d'un pas rapide qui me semble lent. Je compte ses pas et intérieurement le claquement caractéristique de ses chaussures sur le bitume résonne. Elle me manque déjà.
Je suis perdu dans mon subconscient bien éveillé, tous mes souvenirs avec Paula fusent et envahissent mon cerveau et mon cœur. Des chuchotements et des murmures me parviennent en masse et me font chavirer : pour tous j'ai changé, pour eux, je ne suis plus vraiment Elois. Je sens de l'eau rouler sur mes joues au fur et à mesure que je m'enfonce dans mes souvenirs. Mes jambes se mettent à trembler, mes dents claquent, je perds le contrôle. J'ai froid. Pourtant, j'ai toujours mon manteau sur les épaules et le soleil est haut dans le ciel. Je ne comprends plus rien.
Des mains brûlantes touchent mes épaules, m'aggripent et me tirent. Des voix scandent mon prénom pendant que d'autres m'insultent. Je commence à voir des étoiles et rapidement des taches noires apparaissent dans mon champ de vision. Je me sens partir, mes jambes flageolent et ne me portent plus. Mon navire tout entier tangue, le monde tremble, est secoué par la dureté des mots de Paula.
Et alors que j'allais me retrouver au sol, des bras viennent me soutenir et des mains se nicher sous mes aisselles. Quelqu'un me rattrape. Je m'écroule dans ses bras bienveillants et confortables. Puis, on me traîne, et je fais un effort pour poser mes pieds l'un devant l'autre, bien qu'avachi. Dans mes oreilles, des sifflements incessants hurlent et je ne sais pas s'ils proviennent de l'extérieur ou de l'intérieur de mon corps.
Je marche, aidé par un quelqu'un dont je crois reconnaître la présence, sans savoir où je vais. Je suis juste le mouvement des pas légers de la personne qui m'épaule sans vraiment me rendre compte de ce qu'il se passe. Je suis baloté par des courants inconnus qui empoisonnent mon soleil. Malgré mes yeux à demi fermés, je prends conscience de la légère obscurité qui m'entoure.
La personne s'arrête et je suis contraint de stopper le pas à mon tour. J'ouvre mes yeux en grand et vois que je suis dans les toilettes. Seul un garçon qui s'empresse de partir en me voyant est présent. Une petite blonde aux cheveux courts, que je connais très bien soit disant passant, ouvre un des robinet et quelques secondes après mon visage dégouline d'eau. Cette légère douche improvisée me réveille d'un coup et je fixe cette fille qui s'avère être ma meilleure amie. Ses iris grises, pleines d'empathie se remplissent de colère teintée à de la nostalgie quand ma voix tremblante résonne dans le creux de son oreille :
— Paula m'a largué.
***
(ouais, j'arrive déjà xD)
C'est juste pour vous demandez ce que vous avez penser de ce premier chapitre ? Est-il à la hauteur de vos espérances ? (j'déconne, t'inquiète mdrr). Mais bref, comment trouvez vous Elois dans ce first chapitre itout itout ?~ Il_lu-s_ion ~
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Rayon de toi | roman
Teen FictionLe soleil est au cœur de tout, ses rayons réchauffent les âmes en peine. Ils traversent les corps, soignent les plaies et essuient les larmes. Mais, le soleil, est-ce seulement le bel astre rougeoyant qui brille au dessus des têtes ? Elois et Aglae...