Chapitre quatorze : Aglae

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Média : Chlorine — Twenty One Pilots

     Je n'en reviens toujours pas. Joshua a voulu me frapper. Je n'arrive pas à y croire. Je n'aime pas les conflits, je n'ai jamais aimé ça. Je les ai toujours évité. Je déteste quand des personnes - même si je ne les connais pas - se battent. Ça me fait mal au cœur. Mais là, c'est moi qui est failli être la victime, l'une des deux principaux concernés. Personne ne m'a jamais donné de gifle, ni même frappé. Du moins, je ne m'en souviens pas, et pourtant c'est quelque chose qui m'aurait marqué. Je n'ai jamais été impliqué dans toutes sortes d'histoires, si bien que jamais on a fait preuve de violence sur moi. À part moi même... Je ne peux pas dire que je n'aime que je déteste la violence puisque pendant mes crises je le suis, violente. Extrêmement violente. C'est même moi qui frappe. Des fois.

     Dans les yeux de Joshua j'ai vu quelque chose que je n'avais jamais observer chez quelqu'un. De la haine si profonde, si ravageuse qu'elle me brûlait à travers son regard noir. Et, il y avait autre chose. Comme si le mal lui même étincellait dans ses iris, même si je doute fortement que le mal puisse étinceller. C'était effrayant. Il était effrayant.

     Je ne sais même plus pourquoi il a voulu me frapper. Je sortais de mon dernier cours de la journée. Je m'apprêtais à traverser le passage piéton pour prendre la route qui mène jusque chez moi lorsque Joshua m'a interpellé. Je ne lui ai pas répondu, je ne me suis même pas retournée. Mais, il s'est placé à ma hauteur et a commencé à crié des insultes assez fort pour que tout les lycéens regroupés devant l'établissement les entendent. Une fille de seconde - Jeanne, je crois - et son petit ami lui ont dit d'arrêter, que ça ne se faisait pas. Lucas, une transgenre, lui a hurlé des tas de choses dont je me souviens même plus. Tout ce que je sais, c'est qu'elle a essayé de me défendre. J'ai été touchée, bien que je sais qu'elle le faisait aussi pour elle, on ne me défend pas souvent... Mais, tout ça n'a pas suffit à arrêter Joshua, au contraire, ça l'a énervé encore plus.

     Et, j'ai cru comprendre que c'était de ma faute ; il s'est approché de moi, vraiment trop. Puis, il m'a poussé et mon dos a cogné la grille. De sa main gauche, il a attrapé l'un de mes poignets et il s'est rapproché encore plus. J'avais peur. Je ne savais pas vraiment ce qu'il pouvait me faire, mais j'étais quand même terrifiée. C'était même peut-être parce que je ne savais pas, d'ailleurs. Puis, il a levé sa main droite et j'ai vu le mouvement qu'elle a décrit au ralenti. Elle s'est arrêtée d'un coup, et j'ai pu voir l'éclat de haine dans ses yeux disparaître. Je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé, je ne cherche même pas à comprendre. Je ne sais pas ce qu'il l'a stoppé, mais je m'en fiche, la seule chose que j'arrive à retenir c'est qu'il a faillit lever la main sur moi. Ça craint, dit comme ça.

      J'aimerai savoir ce qu'il le pousse à me faire du mal, comme ça. J'aimerai comprendre pourquoi il fait ça, pourquoi il est comme ça ; il y a forcément une explication. J'ai besoin d'y croire. J'ai besoin de croire qu'il ne fait pas vraiment ça volontairement. J'ai besoin de croire que quelque chose ne va pas dans sa vie et qu'il défoule sa douleur sur moi. Je préfère ça à savoir qu'il me fait du mal comme ça, sans aucune raison. Je préfère être le souffre douleur de quelqu'un pour une raison valable, ça a plus de sens...

— Aglae, regarde-moi. Parle-moi, m'intime la voix d'Elois.

     Mais je n'en fais rien. J'en suis incapable. J'ai mal. Dans ma poitrine, une douleur telle que je n'en ai jamais ressenti d'aussi forte, s'anime. Ça brûle. Je me renferme sur moi-même. Et, Elois et moi savons tous les deux ce que ça signifie. En un mot, crise. La panique me serre le ventre, l'angoisse me tord les tripes. Je pleure. J'ai mal. Tellement mal.

     Nous sommes toujours assis sur le rebord du portail d'une maison que je n'ai même pas regardé. Mais, je préfère me laisser glisser par terre, adossée au mur. Comme ça, en cas de malaise, j'aurai juste à m'allonger. J'en ai déjà fait plusieurs pendant des crises, enfin, plutôt après. J'entends vaguement passer les voitures, j'ai l'impression elles roulent si vite, à la même vite où fusent mes pensées. Noires. J'ai envie de mourir. La douleur est si forte qu'elle devient insupportable. L'air me manque. Je m'efforce de respirer lentement, pour me calmer. Je ne sais pas si ça fonctionne vraiment, mais en fait, je ne sais plus rien.

      Je sens des présences à mes côtés, puis de voix. Je crois que ce sont des passants. Ils demandent à Elois ce que j'ai. Enfin, je pense. Je ne suis plus sûre de rien. Je pleure juste. Et, je cherche à diminuer la douleur. Ça fait trop mal. Trop de pensées se bousculent. Je suis si nulle. Nulle. Incapable. Conne. Inutile. Je commence à donner des coups au hasard dans le vide. Si l'air pouvait me renvoyer le nombre de coups que je lui ai mis, je me retrouverai à terre, inconsciente.

— Chut, calme toi. Ça va, tout va bien, Aglae. Tout va bien, chuchote Elois en s'approchant de moi pour me prendre dans ses bras.

     Mais il a tord, rien ne va. Je ne vais pas bien. J'ai mal. Partout. Et je ne veux pas de son aide. Je ne veux pas prendre conscience de la réalité : je suis faible, impuissante et complètement dérangée. Ces crises ne sont pas normales, jusqu'ici j'essayais de me convaincre du contraire, mais à présent j'en suis sûre, je suis folle. Elois continue de répéter que tout va bien, comme s'il cherchait surtout à s'en persuadé lui-même. Mais, moi, ça me met hors de moi et je le repousse d'un coup. Il recule, surpris. Je crois qu'il a compris qu'il doit me laisser gérer ça seule. Je suis la seule qui puisse arrêter cette crise.

     Et, c'est ce que j'essaie de faire. Mais, les larmes reviennent toujours et avec elles, la douleur. Je n'arrive pas à m'arrêter. Je suis en sueur, complètement à l'étroit dans mon manteau. J'ai juste envie de me libérer de ces chaînes. Je veux juste nager et ne plus m'arrêter même quand je n'aurais plus de forces. Je veux juste écouter de la musique jusqu'à m'en crever les tympans. Je veux lire jusqu'à en devenir aveugle. Je ne veux plus rien faire à part ça.

     Ah si, je veux toucher les nuages, frôler le soleil, avaler les gouttes de pluie, attraper le vent, manger la neige. Je veux monter là haut. Oui, je veux juste mourir.

***
coucou ^^
ce chapitre, je l'aime énormément
j'ai un peu décrit mes crises dans celle d'Aglae, ce qu'elle ressent je le ressens aussi. ça me semblait important de le faire intervenir de ce roman
bref, que penses tu de ce chap ?
est ce que tu vois Aglae un peu différemment, ou autre ?
(et oui, j'ai mis chlorine en média, j'étais obligée de la mettre une fois dans ce roman mdr, et je trouve que ce chap fait parfaitement l'affaire ^^)

des_illusions

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