Chapitre quinze : Elois

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Média : J'ai demandé à la lune — Indochine

— Excuse-moi pour hier, dit Aglae après avoir longuement déglutit.

     Je devine ses lèvres pincées même au téléphone. Elle fait toujours ça quand elle s'en veut.

— Hé, mais t'en fais pas. Ça arrive à tout le monde.

     Faux.

     Je suis doué pour lui mentir, entre hier où je n'arrêtais pas de rabâcher que tout allait bien et maintenant... Nous n'en avons pas reparlé au lycée, ce matin. De la crise. Je pense que c'est mieux comme ça, penser à autre chose que ce qui ne va pas dans nos vies, c'est bien parfois. Mais, il y a quelque chose qui me chiffonne, Aglae est persuadée d'avoir un problème mental. Mais, à part le traumatisme causé par Helena, elle n'a rien. J'en suis sûr et je le saurai même si sa psy ne lui avait pas expliqué. Mais, elle n'y croit pas, bien évidemment. Elle est convaincue d'être une plaie pour ses proches, d'être inutile, de n'être qu'une vie parmi des milliards. Comment lui faire comprendre que c'est faux ? Elle est bien plus que ça. Elle est tout ce dont j'ai besoin. Je ne suis pas capable d'imaginer ne serait-ce qu'une seconde une vie sans elle. Elle est comme ma moitié. Je la considère plus comme ma sœur que Vanya. L'amour que je lui porte est tellement fort et fraternel qu'il dépasse tous les autres. Je crois même qu'il était plus puissant que celui que je portais - porte ? - à Paula, à juste titre sûrement.

— Je crois pas que ça arrive à tout le monde, Elois... soupire Aglae.

— D'accord, mais ça arrive à pas mal de gens, repondé-je doucement.

     Du bout du pied, je shoote dans un bouchon de bouteille qui se trouve sur le trottoir. Mon skate sous le bras, je me rends au skate parc. J'ai hâte de voir Apollin et de penser à autre chose que ce à quoi je réfléchis d'habitude, c'est-à-dire Paula, Aglae et Helena. Trois filles, coïncidence, je ne pense pas. La première me manque, mais surtout je me demande si je l'aime encore. Je n'ai pas envie de rester à terre, ni de gaspiller mes larmes pour une fille comme elle. Elle ne le mérite pas. Mais au fin fond de moi, je ne suis pas vraiment sûr de ça. Je lui ai menti tant de fois, et je sais que j'aurai pu éviter ça un minimum. Je me suis comporté comme un salaud. Mais, personne ne le sait. Sauf elle. La troisième du lot. Je ne vaux pas mieux qu'elle, en fin de compte...

— Et, Aglae, s'il te plaît, ne t'en veux pas pour hier. D'accord ?

     Parler à ma meilleure amie, et me concentrer sur les mots que je prononce m'aide à ne plus penser. Parce que oui, je ne veux plus penser. Je l'ai trop fait. Cogiter dans mon lit, le soir, réfléchir au pourquoi du comment, penser aux conséquences de mes actes, tout ça j'en ai marre. Je veux vivre sans me soucier du reste, des autres. Rien qu'un peu. Je veux juste vivre.

— J'vais essayer, répond-t-elle d'une petite voix.

      Je veux penser à moi, à mes sentiments en priorité. Enfin, après Aglae. Parce qu'Aglae passe toujours avant moi et ce sera éternellement comme ça. On pourrait croire que je suis amoureux d'elle, comme ça. Mais, je ne suis même capable d'imaginer un truc pareil. Et pas que parce qu'elle est lesbienne. Non, c'est surtout parce que je ne peux pas pas l'aimer autrement que fraternellement. Les gens se trompent souvent sur notre compte à tous les deux. Et, ça devient lassant de leur faire comprendre que ne sera rien de plus que deux meilleurs amis. La vie, ce n'est pas comme un roman ou un film.

— Bon, j'suis arrivé au skate parc, j'te laisse, dis-je alors que devant moi ne se tiennent que des immeubles et des maisons et non le skate parc.

     J'ai besoin de décrocher de tout ça. D'oublier mes problèmes encore quelques instants de plus. Une fois que j'ai glissé mon portable dans la poche de ma veste en jean - tout le monde croit que j'ai froid avec alors que pas du tout - et monte sur mon skate. Avec mon pied droit, je me propulse plusieurs fois avant de le poser sur la planche et de profiter de ce moment magique. J'ai l'impression de voler alors que je ne suis qu'à quelques centimètres du sol, les pieds posés sur du dur. Et je glisse dans les rues de ma banlieue avec l'heureux sentiment de me sentir bien. C'est agréable.

     Quelques minutes après, je suis assis sur une des rampes du skate parc, attendant Apollin. La ponctualité n'a jamais été son fort, si bien que je me débrouille pour être moi aussi en retard, histoire de ne pas l'attendre trop longtemps. Mais, c'est un échec et les minutes passent sans qu'il n'arrive. Au bout de cinq minutes qui me paraissent être une éternité, je sors mon portable de ma poche et décide de regarder mes photos. Mauvaise idée : je n'ai pas effacé les nombreux clichés de Paula ou ceux que j'ai pris avec elle. Plusieurs me plongent dans mes souvenirs, comme celle où l'on est allongés tous les deux dans l'herbe de mon jardin, sous les étoiles. C'est ma sœur qui nous avait pris en photo. Si seulement je savais que sa bonne idée allait se transformer en mauvaise. Je donnerai tout pour revivre ce moment. Alors, je lui fais prendre vie dans ma tête :

— Tu aimes les étoiles, Paula ?

      Intriguée, ma copine a tourné la tête vers moi. Sous les rayons de la lune, elle semblait drapée d'un voile doré. Elle était magnifique.

— Je crois que je préfère la Lune, a-t-elle dit, pensive.

      Je me suis plongé dans ses yeux, brusquement, comme lorsque l'on saute dans le grand bain. On hésite, et puis on se jette dans l'eau d'un coup. Et, même si on sait que l'on peut faire un plat, on plonge quand même. En tout, cas, c'est ce que j'ai fait. J'étais suicidaire.

— Pourquoi ça ?

— Parce qu'il n'y en a qu'une, a-t-elle répondu immédiatement.

    Je me suis tourné encore plus de façon à être posé sur mon flanc droit. J'ai approché ma tête de la sienne et je l'ai embrassé. La douceur de ses lèvres m'a fait perdre la tête, elles étaient le contraire complet de Paula elle-même. Mais, pendant les quelques secondes de ce baiser, elle semblait être une autre personne, bien plus douce et délicate. Bien plus heureuse aussi. Amoureuse. Elle était si belle.

— Alors, j'irai dans l'espace et j'attraperai la Lune, ais-je chuchoté dans un grand sourire.

     Elle a pouffé, mais ses yeux étaient remplis de plus d'étoiles qu'il y en avait dans le ciel noir.

— Je crois pas à ce genre de truc, tu sais.

     J'ai fermé les yeux quelques secondes, essayant de m'imaginer dans l'espace, touchant la Lune du bout des doigts. C'est beau de rêver.

— Tant pis, ais-je dis, mais sache que je te donnerai aussi le Soleil.

— Pourquoi le Soleil ? a-t-elle murmuré.

— Parce qu'il est beau. Comme toi.

    Et, là, c'était elle qui m'a embrassé. Un baiser passionné et solaire qui flamboyait encore plus que le Soleil.

***
et coucou :)
je reviens une énième fois pour vous demandez ce que vous pensez de l'avancée de ce très cher roman et de mes p'tites merveilles Aglae et Elois
j'aime énormément écrit cette histoire (d'ailleurs j'ai presque fini de l'écrire :)) alors dites moi ce que vous en pensez
toi aussi p'tit lecteur fantôme, ton avis compte pour moi ! ^^
bref voilà voilà :)
(ah oui et la musique en média est pour une personne qui se reconnaîtra quand elle lira ceci eheh)

des_illusions

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