Chapitre(2/5)

66 5 1
                                    

Prénom de fleur

¥

Je n'ai jamais été un véritable modèle de courage ni même quelqu'un de très expressif. Je suis plutôt de celle que l'on parvient facilement à dominer comme un enfant à qui l'on donne des ordres, dans un groupe je serai forcément le personnage timide qui serre de toutou aux autres. D'ailleurs, c'est pour cette raison qu'il disait, non prétendait "m'aimer", pour ma sensibilité et ma timidité. Tu es une fille sympa, très belle et ton apparente timidité fait de toi quelqu'un d'unique, d'exceptionnel, pleine de charme et de surprise, disait-il comme un chuchotement. Les hommes et leur pouvoir de sifflement manipulateur. Bref, elle me fixe avec son tendre regard menaçant comme pour essayer de sonder un peu dans mon être pour puiser la source de ma question et ainsi m'interroger : pourquoi veux-tu que je déshabille ma vie devant une parfaite inconnue ?

- Oh je suis navré ! Je ne voulais pas paraître indiscrète, c'est juste qu'en ce moment précis, la tristesse est l'une des seules émotions que je parviens à distinguer avec beaucoup d'aisance. Dis-je.

Son regard est toujours planté dans le mien, elle a un regard tellement fascinant comme un immense bassin dont le seul désir est de faire une trompette à l'intérieur et ne plus en ressortir. D'où me sortent ces idées ?

- Seul un ange déchu peut reconnaître un autre ange déchu. Finit elle par amorcer en poursuivant, seule une feuille morte peut en reconnaître une autre et seul un cœur brisé peut reconnaître un autre cœur du même état. Est-ce ton cas ? Demande t-elle en plissant ses yeux pour en camoufler la lueur.

- C'est diaboliquement poétique comme concept. Hélas oui, mon petit copain vient de rompre avec moi par texto ce matin et depuis j'ère comme un méchant vautour perdu. M'exclamé-je.

Elle lâche un soupir de compassion avant de parler.

- Tous les mecs sont pareils, ils n'ont jamais les couilles pour faire face à ce qu'ils détruisent. Elle aspire un bon coup puis poursuit, pour tout te dire moi c'est ma petite amie. Je l'ai surprise avec un mec dans notre appartement, sur notre lit.

Après qu'elle s'est tue, je suis resté figer sur ses lèvres sans dire un mot. A-t-elle bien dit "ma petite amie" ? Elle est donc homosexuelle si je comprend bien !? Ce n'est pas que j'ai un problème avec les homosexuels non loin de là, c'est juste que c'est la première fois que je rencontrai quelqu'un avec le courage de l'assumer ainsi sans gêne ni honte, mon silence est un peu gênant mais je n'arrive pas à placer quelque chose et elle le remarque.

- Arrête de me regarder comme si j'étais un monstre de foire s'il te plaît. Lance t-elle en me sortant de ma réflexion.

- Oh pardon ! Je ne voulais pas, ce n'est pas, désolé ! Dis-je minablement.

- Décompresse ma belle, j'ai l'habitude des regards indiscrets, de l'incompréhension et du dégoût que cela évoque auprès des gens "normaux". Ils ne comprennent pas alors ils font ce dont l'être humain fait depuis des siècles face à un problème sans solution : ils jugent. C'est dans la nature humaine. Dit-elle tout simplement.

Ce n'est pas pour cette raison que je n'arrive pas à dire un mot, je suis juste impressionné par son audace et sa franchise.

- Ce n'est pas ça ! C'est juste que tu es la première personne que je rencontre qui ne semble pas en avoir honte et qui l'assume pleinement. Parviens-je à dire finalement.

- Je vois ! Alors revenant à ton abruti de mec qui a rompu avec toi par texto.

- Bah tu sais c'est moins dramatique que de trouver la personne que l'on aime les cuisses entre les jambes de quelqu'un d'autre.

- Comme elle l'a dit elle-même : ce n'est pas comme si je pouvais lui procurer ce genre de plaisir. S'exclame t-elle avec beaucoup de chagrin dans la voix.

- Elle a osé utiliser ces mots ?

- Sans gêne ni scrupule et c'est assez logique d'ailleurs.

Comment peut-on être aussi cruel envers quelqu'un que l'on a prétendu aimer ? Elle la trompe chez eux et qui puis est sur leur lit et ose lui balancer ces atrocités en pleine face ! Pour une raison qui m'échappe cela me met hors de moi.

- Cette fille est un monstre de cruauté et de mesquinerie, une vraie hypocrite. Lancé-je à brûle pourpoint.

- Je ne pense pas non, elle a raison. Si l'on analyse bien la situation moi je n'ai effectivement qu'un vagin, le plaisir n'est pas le même entre un frottement et une pénétration. Elle le dit en tournant son regard vers le ciel, les yeux dans les nuages qui daignent enfin à nous honorer de leur présence.

Mais qu'elle réflexion idiote et insensée, essai t-elle de se persuader ainsi ? Ou ne cherche t-elle que des explications à une mesquine tromperie ? Je ne comprends pas pourquoi elle pense ainsi. Sa petite amie avait choisie d'être une lesbienne, elle savait ce dont cela appliqué et c'était résolue à vivre cette vie. Alors pourquoi ? Est-ce possible que toute cette histoire ne soit pour elle qu'un jeu, une exploration ? J'interrompt ma réflexion pour poser à nouveau mes yeux sur elle. Son visage semble indécis et son regard pensif, est-elle parvenu à se convaincre ou essai t-elle toujours ? Dure rhétorique mais pure nécessité car dans son cas seules les mêmes questions me parviennent encore et encore.

POURQUOI ES-TU TRISTE ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant