Les sans-tresses III : Honneur retrouvé

6 1 0
                                    



" Il se repose pour le moment. Là bas, à l'autre bout de la tente, " indiqua soeur Ulrika à Shaiélaè lorsqu'elle lui demanda où se trouvait Ioreck. La petite elfe traversa la tente d'infirmerie encombrée. Une odeur lourde flottait dans l'atmosphère poisseuse de sangs et de gémissements. La douce lumière émise par les sorts de guérison se reflétaient sur les visages et les tentures comme les premières lueurs d'une aube paisible. Les pas de la petite elfe ne chancelaient plus lorsqu'elle marchait entre les rangées de couches interminables encombrées de blessés et de mourant. Elle s'y était habituée...

La tente n'était ce jour là pas aussi débordante que ce qu'elle avait déjà pu voir par le passé. Aucun blessés ne jonchait le sol au pied des lits, plusieurs étaient vide. Derrière un paravent dépassaient les pieds des derniers morts de la journée, recouvert d'un drap. Les pieds de Ioreck dépassaient aussi, de la couche sur laquelle il somnolait. C'est ainsi que Shaiélaè le reconnut. Elle s'approcha de lui. le nordique ne dormait pas vraiment. Il tourna vers elle son visage tuméfié en l'entendant approcher et entrouvrit un œil sous ses paupières gonflées.

Shaiélaè hésita. C'était de sa faute s'il était dans cet état. Elle s'en voulait tellement.  la petite elfe bredouilla légèrement avant de parvenir à prononcer ce qu'elle était venue dire à son ami.

" Salut. Je pars demain pour ma mission... Cette nuit. On profite de la nouvelle lune. Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi, je passe en coup de vent . J'espère que tu va mieux, que tu t'en remettra. Je ne sais pas quand on reviendra."

La bouche de Ioreck émis un gargouillis incompréhensible. Parler lui était douloureux et son visage tuméfié ressemblait à une patate sanguinolente. Mais quad elle le visitait, Shaiélaè ne pouvait s'empêcher d'interpréter ses borborygmes et son regard comme de la rancoeur et des accusation...

" Excuse-moi..." murmura-t-elle.

Voilà trois jours que son amis gisait dans cet état à l'infirmerie. Le nez, la mâchoire brisé et les multiples contusions n'étaient en somme que le moindre de ses maux. Ses côtes et sa colonne vertébrales étaient en miette . Ulrika, Jeannine et Elena avaient fait de leur mieux pour sauver ses jambes. A forces de potions et de séances intensives de magie de guérison, il marcherait à nouveau sans séquelle, lui avaient-elles assurées. Elles aussi se sentaient responsable... Mais quel idiot aussi, ce Ioreck !

Trois semaines s'étaient écoulées depuis l'enlèvement du nordique par les sans-tresses et la fameuse nuit où elles lui aient fait payé pour son insolence et Elena. Elles étaient partie se coucher en laissant Ioreck ligoté au mât de la IXème légion. La légion le découvrit ainsi le lendemain matin pour la levée de l'étendard de l'Empire. Vêtu d'une nuisette rose le visage outrancièrement poudré, recouvert de fard à paupière et  d'une couche épaisse de rouge à lèvres. Le décolleté découvrait pectoraux auxquels collaient une bande cire. Les sans-tresses prévoyaient d'épiler le nordique s'il opposait de la résistance pour enfiler la robe. La simple application sur le torse de la bande de cire suffit à garantir sa tranquillité. Elles n'osèrent pas ensuite l'enlever et la laissèrent comme tel. A ses pieds gisaient le tas de tresse de chanvre, symbole énigmatique pour ceux n'ayant pas connaissance de la conspiration.

Mais la rumeur se répandit vite dans le camps après que la moitié de la IXème légion ai assisté en riant aux éclats à la libération de Ioreck de son poteau de torture.

L'incident eu des conséquences, une poignée de sans-tresse furent mise aux arrêts pour désobéissance. Suzanna, Elga, elle-même et quelques autres passèrent au trou la nuit suivante. Nora usa de ses privilèges de Lame pour les faire libérer et le général Decianus accepta finalement de passer l'éponge. Des problèmes plus urgents que cette brimade retenaient son attention.

Honneur et AmertumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant