Les sans-tresses I : La conspiration des sans-tresses

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Shaiélaè remua sur la selle de son cheval qui commençait sérieusement à l'inconforter . Heureusement, ils arrivaient à destination La ville de tentes de plusieurs hectares de surfaces se profilait devant, derrière ses enfilades de palissades, de fossés et du mur de pierre sèche qui le ceinturait. L'escouade des forces spéciales au sein de laquelle servait la petite elfe rentrait enfin à la maison. Ils chevauchaient depuis des heures déjà, après plusieurs jours de voyages depuis le désert où vivaient les tribus reculées de Alik'r. 

Shaiélaè avait vécu parmi eux avec son escouade. Une unité spéciale commandée par une agent des Lames en mission secrète, chargée d'unir et de coordonner les nomades rougegardes autour de la bannière de l'Empire et de leur haine commune du Thalmor. Ils avaient fournis de grands efforts, s'étaient épuisés en réunions diplomatiques, assemblées de chefs, avaient multipliés présents, promesses. Ils s'étaient battu, pour prouver leur force autant que celle des nomades. Même s'ils s'y aventuraient avec réticence, le désert n'était pas pour autant vide d'elfes...

Leur commandant pouvait apporter la tête haute à l'état major un rapport encourageant sur l'implication des nomades ali'kr dans l'effort de guerre contre le Domaine Aldmeri et sur les précieuses actions de guérilla qu'ils pourraient accomplir derrière les lignes elfes. Leur ténacité avait porté ses fruits, l'escouade pouvait être fière des efforts accomplis.

Shaiélaè ne l'était pas moins. Elle n'avait qu'un rôle d'éclaireuse, qui se bornait à guider l'escouade à travers des terrains qu'elle connaissait du temps passé dans le bataillon de reconnaissance et de participer à la sécurité du commandant. On lui avait dit qu'elle pourrait servir  d'interprète s'ils venaient à rencontrer des elfes, voir se faire passer elle-même  pour une soldat du Thalmor si cela était nécessaire, mais la bosmer doutait qu'une telle occasion se présente un jour.  Elle s'était peu à peu prise d'affection pour la culture Rougegarde au milieu de laquelle elle avait baigné de longues semaines. Une culture fascinante que les nomades alik'r vivaient avec pureté, bien plus que dans les villes plus ouvertes et cosmopolites. La petite elfe éprouvait une certaine nostalgie a devoir les quitter et songeait déjà à la prochaine mission qui l'y ferait y retourner, si le commandant voulait toujours bien d'elle...

Shaiélaè jeta un œil au chef de l'escouade, sur le dos de sa jument grise non loin à côté d'elle. Nora Loune était une agent des Lames. On racontait que ses guerriers d'élites au service direct de l'Empereur portaient au combat une armure d'or et d'ébonite, forgée dans le style exotique des Tsaesci du lointain et mystérieux continent d'Akavir. Cela était surement vrai, mais Nora ne portait rien de tel qui pourrait laisser présager ainsi de son véritable rang au sein de l'armée impériale. La guerrière ne portait qu'une chemise légère aux manches retroussées. Son visage halé dépassait du col. Bien qu'elle n'aie pas plus de trente ans, ses cheveux courts et noirs arboraient déjà quelques mèches blanches. Des bottes et une culotte de cavalier complétaient sa panoplie rudimentaire. Une écharpe lui protégeait les hanches de sa ceinture à laquelle une simple épée courte et un banal poignard étaient sanglée. Ça, en revanche, Shaiéalè l'avait vu : Dans ce camps ici même, lorsque Nora avait recruté l'éclaireuse pour la faire entrer dans les forces spéciales. Au lieu de l'épée et du poignard quelconque qu'elle portait aujourd'hui, sa hanche était ce jour là ornée du magnifique katana akaviroi emblème de l'Ordre des Lames et d'un tanto assorti. Encore une fois, c'est par souci de discrétion que les précieuses armes n'avaient pas quitté la malle de l'agent pour cette mission.

Le groupe de cavalier s'approcha des portes du camps, où un poste de contrôle les attendait. Nora donna au garde leurs laisser-passer et attendit que les soldats les examines. Les autres compagnons de Shaiélaè commençaient eux à s'impatienter, à l'approche du camps et des distractions que celui-ci promettait pour leur séjour de repos. Ils discutaient entre eux de la promesse de bains glacés, de bière fraiche, de tournois de dès... Skaven n'était pas loin, juste à une cinquantaine de lieues au nord. Peut-être pourraient-ils y aller en permission, profiter des thermes, des tavernes, des femmes, de la musique...

Honneur et AmertumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant