Vanessa

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Bientôt 1 mois que je suis réveillée.
Ce week-end, j'ai une permission.
J'ai demandé à maman et papa de ne pas prévenir Thomas que je sors dès le vendredi.

Je voudrais aller voir le columbarium.
Je voudrais voir où repose Rose et me recueillir.
J'ai tellement de chose à lui dire.
Je dois lui demander pardon.

Tout le monde me dit que je ne suis pas responsable que c'est la fatalité mais je vis avec cette culpabilité.
Ca me ronge de l'intérieur.

Cette blessure ne guérira jamais. Elle laissera toujours des séquelles.
Elles seront éternelles et me rappellerons à chaque instant mon inconscience.

Je ne serais plus jamais la même.
Une partie de moi c'est à tout jamais brisée ce jour là.

Le jour de la permission est enfin arrivée.
Le personnel soignant me souhaite de bien m'amuser.
Je sors avec le fauteuil roulant.
Je gère très bien maintenant mais je fais tout pour m'en débarrasser très vite.

Maman me dépose devant le cimetière.
Ce n'est pas très loin de la maison.
Je lui dis que j'arriverai à rentrer seule.
Elle comprend que j'ai besoin de ce moment de recueillement.

Je dépose une rose à son emplacement.
La main sur sa plaque, je pleure mon erreur, sa disparition...
Je pense fort à elle.

Quand je rentre à la maison, Thomas est déjà là.
Il est surpris de me voir et me pose des questions.
Je lui explique que je me suis balader.
Il ne me laisse pas le temps de me poser qu'il m'entraîne au terrain de jeux en prévenant ces amis qu'il a une surprise.
Tres vite tout le monde rapplique.

Moi je sens le regard de tout les autres sur moi et je ne suis pas bien.
J'essaie de capter l'attention de Thomas mais il ne comprend pas.
Je sais ce qui se passe et ça me tord l'estomac.
Je suis en pleine crise de panique.

Pierre s'en rend compte et m'éloigne de tout le monde.
Il se met devant moi et me demande de suivre sa respiration.
Apres un long moment, il arrive à me calmer.
Il envoie un message à Thomas le prévenant de où nous sommes et de ma crise d'angoisse.

Je pleure.
J'en ai marre de pleurer.
Pierre me serre contre lui.
Il ne parle pas mais m'écoute.
J'aimerais confier mon secret mais ça me fait mal. Trop mal.
Le dire ça serait le rendre réel. Et je n'en ai pas envie.

Ils m'emmènent manger en ville.
J'essaie de masquer ma fatigue mais ils s'en rendent compte et Thomas me ramène.
Il me monte à l'étage et attend que je sois laver et changer pour m'aider à me coucher.
Cette situation me pèse beaucoup.

Etre dépendante ce n'est pas moi.
Je dois retrouver mon autonomie. Recommencer à marcher.

Julie reste dormir avec moi.
Thomas sort avec ces amis.
Nous nous faisons une soirée film d'horreur avec des conneries à manger.
Elle me raconte les ragots du lycée et les mésaventures de nos anciennes amies.
Je rigole de tout ça et j'ai hâte de régler mes comptes.

La douce Vaness' a disparu pour beaucoup de monde.
Je ne me tairais plus et me défendrais ou défendrais ceux que j'aime coûte que coûte.

Le week-end est vite passé.
Je réattaque ma rééducation plus motivée.
Je me bats avec moi-même.
Je n'ai plus de séances de psy car il n'y a plus rien à dire.
Ce qui est fait et fait. Rien ne le changera. Je dois juste me laisser le temps de me pardonner.

Je ne lache rien et avance pour que ma fille soit fière de moi de là haut.
J'ai rattrapé mon retard scolaire et je passe des examens de niveau pour voir où j'en suis.
Je ne remercierai jamais assez ma Juju pour le travail qu'elle a fourni pour moi.

Les amis de mon frère sont devenus nos amis.
Nous passons beaucoup de temps ensemble.
Pierre, Julie, Thomas et moi sommes un quatuor du tonnerre.

J'ai fait la surprise à mes parents de rentrer un soir en bus.
Ils ne savaient pas que j'avais une permission.
Thomas non plus.
Leurs têtes étaient mémorables.
Je crois qu'après mon réveil, c'est la deuxième fois qu'ils pleuraient autant pour moi.

Je passe mes examens de niveau et je les réussis. A la rentrée, je passerai en première.

En rééducation, j'avance aussi. Je me déplace de mieux en mieux et je gagne de plus en plus d'assurance.

En mai je sors enfin de là.
Je retourne au lycée pour finir l'année.
Julie est heureuse.
Je suis à l'école en béquille.
3 après midi par semaine, je vais l'hôpital pour ma rééducation.

J'ai hâte de retrouver ma vie et de reprendre les activités que je faisais avant.

J'ai besoin de reprendre le sport pour évacuer ce que j'ai en moi.
La haine et la rage qui m'habite.
Je faisais de la boxe pour m'amuser. Mais je pense en faire une de mes activités principales pour me canaliser.

L'entraîneur que je connais, est un homme d'exception et je pense qu'il pourrait m'aider à soigner ma peine, a gérer ma haine.
C'est pour cette raison que je vais le voir un soir.
Je lui avais demandé un rdv, pour la première fois, je me confie à un étranger.
Je lui raconte tout.
Même mon secret. Celui qui me ronge.
Il m'étreint et me dit qu'il va m'aider à aller mieux que j'ai déjà fait un pas en avant en trouvant cette solution.

Je commence rapidement les séances avec lui.
C'est un ancien champion très reconnu.
Avec mon accord, il prend contact avec mon médecin traumato et mon kiné et ils mettent au point un programme du tonnerre.

Rapidement, je quitte une béquille et la seconde pour la rentrée.
Mon handicap ne se voit plus.
Il n'y a plus que les cicatrices qui prouvent la dureté de mon accident et les séquelles psychologiques.

Je demande à mes parents l'autorisation de me faire tatouer.

Ils acceptent sans discuter.
Je vais avec papa chez un tatoueur sans que Thomas le sache.
J'explique à la tatoueuse une partie se mon histoire et mon besoin d'avoir une trace de ma fille sur moi.

Quand on sort du salon, papa est en larme.
Il me sert dans ses bras et me dit qu'il est fier du chemin que j'ai parcouru et qu'il sera toujours là pour moi.

Avec maman, ils ne sont pas rendu compte du mal qui me ronge d'avoir perdu Rose.
Pour eux, j'étais la priorité. Ils ont fait au mieux pour elle et quand ça été fait. Elle est passée au second plan. Pas oubliée mais j'étais là priorité.
Ils ne pensaient pas que j'étais aussi affecter. La nouvelle etait fraîche et ils ne pensaient pas que j'étais déjà autant attachée à elle.
Je lui explique qu'après les mots de Jérôme, je pensais que eux aussi aller me rejeter et que je ne serais pas qu'avec elle.

Mamange, le défi d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant