Chapitre 17 : Tim

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Dimanche 12 mai 2019, 16 h 58, Cagibi, château de Vestpalie.

Ça fait plus de dix minutes que je suis arrivé dans ce cagibi. J'avais besoin d'y retourner avant qu'elle n'arrive, pour me préparer à avoir une conversation avec Amanda. J'avais besoin de me dire que tout c'était bien réel. Ça ne fait que deux jours que nous avons échangés des phrases, mais surtout des regards.

Ça me fait bizarre de me dire que la première fois que je suis allée dans ce cagibi c'était parce que j'étais tellement en colère que je n'arrivais plus à me contrôler. J'étais énervé de la réaction d'Alex, perturbé d'avoir vu pour la première fois l'incarnation même de la puissance. J'ai l'impression que c'était il y a des siècles.

Aujourd'hui, je ne suis pas en colère, je suis apaisé, en paix avec moi-même et ça me semble tellement surréaliste que je me demande si je ne rêve pas. Je ne suis plus avec Alexandra, on a mis fin à notre relation et j'ai eu l'impression de respirer correctement depuis bien longtemps. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point ça me pesait vraiment d'être dans cette relation toxique. Maintenant que c'est fini, j'ai l'impression d'être plus libre.

Je n'ai pas arrêté de réfléchir. Depuis la fin de la première manche, je n'ai pas cessé de m'interroger, de me questionner, de tout remettre en question. J'avais l'impression que tout s'éclairait et que je prenais enfin conscience de ce qui était possible pour moi. Au moment où je rompais avec Alex, j'ai compris que j'étais prêt.

Mais c'est hier soir que je m'en suis vraiment rendu compte. En discutant avec Naveed, après lui avoir révélé un peu par obligation la teneur de ma relation avec Amanda, on a pas mal discuté et j'ai compris. J'ai compris vraiment pourquoi elle disait que je n'étais pas prêt. J'ai véritablement compris quel rôle elle allait jouer dans ma vie.

La porte s'ouvre, je suis prêt à massacrer le premier qui entrerait et qui ne serait pas Amanda. Je ne voulais voir personne à part elle. J'ai tant de choses à lui dire, tant de choses sont possibles maintenant. J'ai reporté ma séance quotidienne à la salle avec Jules, pour la voir. J'ai besoin qu'elle me dise que je ne me trompe pas.

Les objets dans la pièce se mettent à trembler et je suis prêt. J'entends un rire et ça me déstabilise. La personne entre, ferme la porte et je la reconnais. Elle est bien là. Elle est venue.

Amanda : Tu n'as pas besoin de me massacrer, et je n'aurai raté ce rendez-vous pour rien au monde.

Rendez-vous ? Un rendez-vous, comme un rendez-vous galant ? Ou un rendez-vous comme un rendez-vous médical ? Le sous-entendu dans sa phrase me laisse perplexe. Je ne pensai pas que ce rendez-vous pouvait avoir d'autre aboutissant que des révélations et un éclaircissement pour moi. Peut-être qu'elle a autre chose en tête.

Elle bouge et cela attire mon attention. Elle porte une robe fluide. Elle lui arrive au-dessus du genou. C'est une robe bleu nuit. Ses cheveux blancs volent autour d'elle, entourant son visage et son buste. J'eus la certitude qu'elle m'apparaissait comme un ange descendu du ciel pour moi. Pour m'aider, me confirmer que je ne me suis pas trompé.

Elle avance dans la pièce. Le cagibi n'est pas très grand. C'est un petit rectangle. Sur les longueurs, il y a des étagères remplies de toute sorte de produits ménager et utilitaire. Plusieurs sots et cagettes se trouvent au sol. Je me suis adossé au mur du fond, en face de la porte en m'asseyant sur une cagette. Ma jambe droite est étendue et ma jambe gauche repliée, le pied bien à plat.

Amanda prend à son tour un sot, le retourne et s'assoit dessus. Et sa cheville droite touche le mollet de ma jambe droite et je crus que je ne comprenais plus rien. Ce contact me fit brusquement oublier tout ce que je voulais lui dire. Tous les mots et toutes les phrases que je voulais prononcer se sont évanouis sur ma langue. Et mon corps n'est plus que tension là où son corps rentre en contact avec le mien.

Le Tournoi des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant