Chapitre 2

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Comme prévu, le sons provocant de mon cadran me réveilla à sept heure tapante. C'était le son du commencement de la souffrance, comme un coup de gong annonçant le KO de l'adversaire. Et l'adversaire c'était moi. Une faible lueur grisâtre brillait derrière mes volets jaunis et ternes. Pourquoi est-ce que les commencements sont-ils toujours aussi déprimants? Je tapai à l'aveuglette jusqu'à ce que le son s'étouffe. Je me leva tranquillement et resta dans cette position, debout au milieu de ma minuscule chambre, jusqu'à ce que les points rouges cessent de tournoyer devant mes yeux. J'attrapai des jeans bleus (quoi de plus simple?) et un chandail entièrement noir avec un imprimé de Nirvana sur l'emplacement de ma poitrine. J'essais pas d'être à la mode, je tente la plus grande partie de mon temps à me fondre dans le décor. J'espère simplement qu'un jours on ne me portera plus d'attention et qu'on m'ignora comme une vulgaire pièce de vêtement qu'on a pas porté depuis trois ans. Je suis peut-être la seule dans ce monde où tout les gens se tournent vers la propagande et chantent à l'unisson l'âge de la paranoïa, qui souhaite ne pas avoir d'attention. Les personnes me comprendraient si elles avaient goutées au mauvais côté de la popularité, celle ou tu es reconnue pour être une bonne à rien.

Je descendais à la cuisine pour faire semblant de manger afin de faire plaisir à ma mère qui ne cessait de me répéter que le petit déjeuné était le repas le plus important de la journée. Je ne suis pas anorexique, j'ai simplement la boule au ventre et je sens que si j'avale, quoi que ce soit, ça ressortirais aussi rapidement que ça aurais entré. Je vous évite les détails de savoir à quel point c'est agréable de vomir vos tripes. Donc je prétends manger et dès que ma mère tourne le dos, je jette par terre une dose considérable de céréales qui se fait aussitôt engloutir par mon énorme cabot, Goldy.

À la fin de mon cinéma, je me brosse les dents enfile mon coupe-vent bleu marin et prends mon sac. Je m'efforce de prendre le plus de temps possible à la maison pour éviter que quelqu'un à l'arrêt de bus s'ennui et qu'il s'amuse à me taxer l'argent de mon déjeuné. J'arrive donc très serrée dans mon temps, juste avant que l'autobus ne redémarre j'embarque dans celle-ci. Et cette fois-ci le coup de gong est quarante fois plus fort. Je regarde dans tous les bancs à la recherche d'une place vide où j'aurais pu m'asseoir seule, comme à mon habitude, et appuyer mon front contre la fenêtre tout le long du transport, mais rien. J'avance dans l'allée centrale, les étudiants me font comprendre en me regardant droit dans les yeux et poussant leur sacs du côté libre du banc que, ils ne veulent pas de moi dans leur banquette. Aucune place n'est disponible, donc je m'assois au milieu de l'artère et passe le voyage à entendre les rires moqueurs des petites bandes d'élèves dans le silence pesant du premier jour de cours. Je retenais mes sanglots la tête basse, je suis un cas perdu, une vraie proie.. Dès l'arrivé du car, je descends trombe comme si j'essayais de fuir ce qui venait de se passer, comme si se presser à aller se cacher allait effacer cette honte de la mémoire des individus.

Je me précipite alors, bousculant plusieurs personnes a mon passage, dans la bibliothèque toujours vide, qui, pour moi représentait un havre de paix. Le petit drapeau blanc de la guerre. J'entre dans celle-ci, me rue dans un rayon éloigné et plaque ma main contre ma bouche pour essayer de noyer mes sanglots.

-Ça va? Entendis-je dans le rayon adjacent.

Je me raidis et m'arrêta net. On m'avait entendue pleurer. Et puis depuis quand il y avait d'autres personnes que moi dans cette bibliothèque?On allait savoir que j'étais seulement qu'une faible, une lâche, une minable. J'essuyais le coin de mes yeux fébrilement. Je me retournai pour voir qui m'avait choper en plein délit. C'est alors que je vis..

Wirrow Crawford.Where stories live. Discover now