V. Une nouvelle vie

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   Une fois mes paroles prononcées le monde des miroirs disparu, comme emporté dans un nuage de poussière. J'avais la sensation que du sable doux et légèrement chaud effleurait continuellement ma peau. J'étais emporté avec lui, tous deux nous dérivions au gré des vents, je ne voyais rien car le sable me recouvrait complètement. Cet aveuglement me permis au contraire de voir plus clair que jamais, je revoyais Roudin et Laura les seuls véritables amis, que la vie m'avait permis d'avoir, mes rêves sur l'espoir de revoir ma mère. Elle manquait tant à ma vie, je n'avais pour souvenir d'elle que ma mémoire, car mon père avait détruit toutes les photos sur laquelle elle figurait. Dans mes souvenirs, elle était forte, splendide, douce, intelligente, attentionnée, pleine d'imagination, inspirante, généreuse, ... Pourquoi a-t-il fallu qu'elle nous quitte ? Pourquoi a-t-il fallu qu'elle ait un accident ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit-elle ? Je ressentis alors dans ce bain de douceur de la tristesse et de la colère. Ces émotions négatives furent balayées, se transformant peu à peu en une promesse, celle de vivre pour ma mère, elle qui ne pouvait plus... Rien ne pouvait m'arrêter, tout semblait à ma portée ; plus rien n'était impossible. Tous les doutes ressentis dans le monde des miroirs coulaient sur ma peau, j'étais bien.

   Le sable chaud qui me protégeait du monde extérieure disparu brutalement enretombant tel de la neige ; comme la fin d'un rêve qui se dévoile face à la réalité ; me laissant m'effondrer sur le sol dure et froid. En me redressant mes mainsreconnurent le sol goudronné d'une route, cette route qui m'avait déjà trop pris dans ma vie était là, elle était encore là. Une fois totalement debout, Je sentis unevive douleur dans tout mon corps. Ce déchirement interne me plia en deux et la souffrance était telle que finis par m'effondrer sur le sol. J'aurais aimé pouvoir crier jusqu'à époumoner, mais aucun son ne sortis de ma bouche sinon du silence. Mon visage était décomposé par la souffrance insoutenable que je ressentais et pourtant je n'avais aucun signe de blessure apparent. De la sueur coulait le long de mon corps meurtri par cette torture qui ne demandais que l'arrêt de mes mouvements vains. Je finis par m'allonger totalement sur le dos, évitant le moindre geste qui aurait pu me faire agoniser de souffrance. Pourquoi souffrais-je ? Qu'avais-je fait pour mériter cela ? Ma vie n'était-elle pas assez pénible ? Ma jeune promesse allait-elle déjà être rompu ? Il en était hors de question ! Puisant dans les dernières forces qui me restaient et oubliant la souffrance, je me relevai en titubant. Je réussis à me tenir debout et je souris. Ce sourire était adressé à la vie, je lui avais montré par ce geste si simple que je ne mourrai pas sans me battre. J'étais si fière d'avoir réussi. Puis une larme coulasur mon visage et mon corps tomba en arrière et s'écrasa une bonne fois pour toutes sur le sol ; inerte. Je me sentais exténué, je n'avais plus aucune force. Mesyeux aperçurent alors une dernière fois le ciel nocturne et ses multiples corps célestes avant de se fermer. La vie avait gagné ma mort.

   Pourtant, il y eut un réveil, j'étais encore en vie, ainsi mon heure n'était pas arrivée. Doucement, j'ouvris mes yeux qui jusque-là étaient clos. Je me trouvais dans une grande salle aux couleurs rouges sombres et peu éclairé, de ce que mes yeux fraîchement ouverts pouvaient distinguer je vis que les murs étaient décorés de quelques peintures sur la mort, je reconnus l'une d'elle, il s'agissait de « La Guerre » d'Otto Dix. Cette œuvre était selon moi une représentation parfaite de ce qu'était l'horreur et l'inutilité des guerres. Je me souviens de cette conférence que notre professeur d'histoire nous avez mené voir sur les guerres et ce qu'elles nous avaient apportées. D'après cette conférence, les guerres permettent de créer une cohésion sociale, de garantir la liberté et même selon certains de réduire les conflits futurs, de faire des bonds gigantesques dans les avancées scientifiques. Tout cela représente-t-il réellement quelque chose face à la perte de la vie ? La guerre est pour moi la pire des solutions, car elle mène la mort et on ne peut pas revenir sur la mort. Comme le disait si bien John Kennedy : « L'humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l'humanité ». En me perdant dans mes pensées, j'avais totalement oublié que je n'étais pas mort. Je me rendis alors compte que la salle où je me trouvais n'avais aucune fenêtre, ni même aucune porte ce qui était plus qu'étrange. Le seul véritable mobilier que contenait cette salle, mis appart les tableaux, c'était un bureau derrière lequel se trouvait un gigantesque fauteuil, ce dernier était dos au meuble. Quant à moi j'étais debout face au bureau qui n'avait sur lui que quelques feuilles jaunies par le temps et une magnifique perle noire posée sur une sorte de socle en or.

Jay et les Mondes ParallèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant