III. Le début de la fin, partie 2

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   Je posai et ouvris le paquet avec une délicatesse que je ne connaissais pas chez moi, de la même manière que je désamorcerai un bombe. Je sentais mon cœur taper contre ma cage thoracique, je doutais même d'ouvrir le paquet mais l'envie fut plus forte que mon doute. Une fois le paquet ouvert, je vis directement qu'il contenait une dague. Rien qu'en la regardant, je pus sentir son tranchant. À son cœur trônait une magnifique pierre violette et jaune.

   Mais ce n'était pas tout car dans la boîte il y avait aussi une lettre sur laquelle était écrit :

Cher Jay,

   Je t'écris dans l'espoir que tu sois encore en vie. Je t'envoie une dague, elle t'aidera à traverser les moments difficiles. N'oublie jamais que la Terre est une goutte d'eau dans l'univers.

   La fin de la lettre avait été arrachée.

   – C'est quoi ce bordel !

   Bien entendu personne ne me répondis. J'étais totalement perdu, je ne comprenais pas qui avait écrit ça, n'y pourquoi je le recevais maintenant. Sûrement un couillon qui voulait me faire une blague, ça aurait bien été dans le style de Martin, le farceur de la classe ; mais en même temps il n'aurait pas été aussi loin dans une blague. Je trouvais ça étrange voir limite flippant que quelqu'un m'offre un colis contenant une arme, ce qui me renforçait dans mon idée que ce ne soit pas Martin.

   Le plus intriguant c'était cette lettre, elle n'avait absolument aucun sens.

   – En quoi une dague pourrait m'aider à traverser des moments difficiles. Je ne veux tuer personne, me dis-je à moi-même.

   C'était du grand délire. Je partis suite à ça me coucher, cependant, les mots de la lettre restaient dans ma tête. Qui pouvait bien avoir écrit ça ? J'avais besoin de repos. Je fermai toutes les portes de la maison à double tour, je ne voulais pas qu'un type bizarre s'introduise dans ma maison, mis à part mon père, bien sûr. Finalement, j'ai dû m'endormir vers 2 h du matin.

* * * * *

   Le lendemain, après avoir fait un cauchemar atroce dans lequel ma nouvelle prof de math me courait après en hurlant : « Laisse-moi te couper la tête l'avorton ! ». Je m'étais dit qu'il s'agissait sûrement d'une erreur ou d'une blague quant à la lettre d'hier soir, les deux cas était envisageables. Même si ce colis m'intriguait, ce n'était pas ma priorité.

   Cela faisait maintenant quatre semaines que j'avais repris les cours et j'étais déjà à bout, le travail était bien plus difficile qu'au collège, les profs plus exigeants, on se retrouvait livré à nous même. Je me sentais plus seul que jamais et le mois d'octobre arrivait tout juste. Sans Roudin et Laura en amis je pense que j'aurais explosé. Je commençais un peu à m'ouvrir à eux, à leur parler de mes problèmes et de ma vie. Un lien de confiance s'établissait entre nous. Pourtant j'hésitais à leur parler de mon mystérieux colis, j'avais peur de leur réaction ; peut-être qu'ils ne voudraient plus me fréquenter. Après mon fameux rituel quotidien je prie le bus, m'installant à ma place habituelle, le trajet était long.

   Lors de mon arrivée au lycée tous les élèves me regardèrent avec terreur. Leurs yeux étaient affolés, une panique totale, dès que je m'approchais d'un élève, ce dernier s'enfuyait. Que s'était-il passé, pourquoi tout le monde me regardait de cette façon ? Je me dirigeais vers mes seuls amis pour en savoir plus mais la voix de « Godzilla » me fit changer de trajectoire. J'espérais intérieurement qu'elle ne prononce pas mon nom. J'avais encore à l'esprit mon cauchemar de la veille, ce qui eût pour effet de décupler ma peur pour ce monstre. Mais hélas elle cria de sa voix tyrannique : « Jay, tu viens avec moi ». À ces mots mon corps entier se paralysa. Je ne comprenais plus rien, tout se déroula si vite.

   Elle me prit le poignet, m'emmena en direction du bureau du proviseur. Le regard des élèves me fusillaient, nous entrâmes finalement dans le bureau du principal et contrairement aux idées reçues, le « chef » de ce lycée était un petit homme frêle sans prestance avec un regard en fuite comme si le moindre coup de vent pouvait le faire voler en éclats. Il aurait selon moi dû choisir un autre métier, car il ne semblait apte à remplir la moindre mission que lui laissait son poste.

   Je ne sais comment mais la dague que j'avais reçu la veille se trouvait sur le bureau du principal, j'étais pourtant certain de l'avoir cachée dans le colis sous mon lit.

   Le principal dit d'une voix à peine audible.
   – Jay Parker. Élève de 2C. Vous êtes le présumé coupable du meurtre de Mme Fradet, qui était je vous le rappelle l'infirmière de l'établissement.

   Godzilla continua d'une voix plus tranchante encore.

   – Vous l'auriez tuée avec cette dague. Je me doutais bien que vous étiez dérangé, c'est pourquoi je me suis permis de contacter votre père et il nous a immédiatement affirmé que votre comportement était catastrophique depuis un certain temps.

   Je ne le croyais pas, mon père avait encore foutu la merde dans ma vie ! Je demandai alors, avec une voix plus dure que ce que je ne pensais :

   – Pourquoi j'aurais tué cette infirmière ? Je ne la connais même pas.

   – Tout simplement parce que vous êtes dérangé, rétorqua madame Trimos.

   J'étais sous le choc, cette prof en avait clairement contre moi.

   Elle osait me dénoncer comme coupable d'un meurtre et son seul argument était de dire que j'étais dérangé. Maintenant j'allais me faire renvoyer pour un crime que je n'avais pas commis. Je compris soudain le regard des autres et ne pouvais pas leur en vouloir. Je n'avais cependant rien fait.

   Quelques jours plus tard, après que le conseil de discipline ai rendu son jugement, je quittai l'école pour ne plus y revenir. Roudin et Laura étaient les seuls à venir me voir pour me dire adieu. Roudin était en colère et me dit :

   – Mec je sais que t'a rien fait. On va faire notre enquête avec Laura et crois-moi tu vas vite réintégrer ce merveilleux lycée. Il est hors de question qu'on subisse Godzilla sans toi.

   Laura dans un ultime câlin d'adieu me dit en pleurant :

   – Elle va nous le payer.

Jay et les Mondes ParallèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant