Chapitre 19

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- Nico ! s'écria Will pour la deuxième fois en quelques minutes.

Il se précipita vers le garçon brun. Reyna sur ses talons.

Accroupis près de lui, les deux adolescents le secouaient. Lui prenaient la main. Lui ébouriffaient les cheveux. Comme pour s'assurer qu'il était bien là.

Ses yeux papillonnèrent, découvrant deux prunelles d'un noir d'encre. Tous les sang-mêlés soupirèrent de soulagement.

-Vous en avez mit du temps, ricana l'évaporé.

Sa voix était douce et pourtant froide. Dénuée de sentiments. 

-On t'avait dit que les vols d'ombres c'étaient dangereux, commença Will. Ton médecin t'a même recommandé de les éviter pour toujours ! Et toi, tu sautes sur la première occasion pour désobéir !

Il avait l'air tellement en colère et pourtant tellement soulagé que c'en était presque comique.

Mais les sorciers n'avaient pas le cœur à rire.

Ils étaient épuisés, affamés et le garçon qu'ils étaient venus sauver était tellement mal en point qu'on l'aurait cru en fin de vie.

Nico.

Depuis combien de temps attendait il ici, que quelqu'un vienne le chercher ? Trop faible pour bouger. Pour se nourrir. Il aurait mille fois pu lâcher prise.

Harry essaya de se mettre à sa place.

Seul. Dans une chambre d'hôtel sombre. Avec trop peu de force pour manger. L'estomac criant famine. Chaque seconde paressant des heures. Attendant des adolescents qui ne viendraient peut être jamais.

Comme il avait du avoir peur. Comme il avait du souffrir.

"Il te ressemble un peu" lui avait dit Reyna. "Pas physiquement mais au milieu de ce truc pété dans tes yeux."

Oui.

Oui, Nico avait l'air brisé. Anéanti.

Tout se mêlaient dans ses yeux.

Détresse.

Peur.

Colère.

Haine.

Honte.

Tristesse.

Non-dits, promesses, larmes, violence, peine.

Il tourna la tête.

-Mais qui avons nous là ? grinça-t-il en fixant les sorciers.

Harry pâlit en découvrant son visage.

Il ne devait pas avoir plus de quatorze ans.

Ce n'était qu'un enfant.

Mais comme Hazel et comme Thalia, on aurait dit qu'il avait traversé les âges.

Il se sentait si proche de cet enfant aux cheveux de jais.

Comme s'il l'avait toujours connu.

Il était son semblable, sa paire. Il lui était incroyablement familier.

Comme une moitié qu'on lui aurait retiré et qu'il venait de retrouver. Comme une pièce de ce puzzle qui le constituait.

Pour la première fois de sa vie, il n'avait plus l'impression d'être complétement seul.

Alors, le Survivant fit ce qu'il n'avait pas fait depuis longtemps.

Il sourit.

Vraiment.

Réunis...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant