Chapitre 6

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Des bruits sourds me tirèrent de mon profond sommeil. Les rayons aveuglant du soleil transperçaient les rideaux de la chambre.Je m'assis sur mon lit et, regardant autour de moi, je réalisai enfin où j'étais.
Ah oui, c'est vrai, le pensionnat qui d'ailleurs commençait à s'activer et à prendre vie petit à petit.

Je repensais a ma discussion avec la " Mère supérieure" qui se croyait tellement supérieure d'ailleurs. Nan mais sérieusement, pourquoi m'enlever le droit de me promener. Me promener. En fait, nan, elle était plutôt la réincarnation humaine de Satan.
Mais justement, un ange apparut au seuil de ma porte. Elle était vêtue d'une robe blanche très élégante dont un joli noeud noir et fin était fixé sur le col. Ses pommettes rosées, son teint pâle et frais, et ses yeux amande illuminés par le timide soleil ne pouvaient que me faire penser qu'elle était ,incontestablement, absolument, ravissante. Encore captée par cette scène comme suspendue dans le temps, je sursautai quand elle me dit d'une voix douce:

"-Je m'excuse d'être entrée comme cela. C'est que j'ai toqué plusieurs fois, tu ne répondais pas.

-Oh, mais ne t'en fais pas. C'est moi qui m'excuse.
Elle me sourit avec bienveillance et reprit:
« -Je venais simplement te dire qu'il ne faut pas tarder. Notre premier cours commence bientôt, nous sommes vendredi et je dois avant te faire visiter les lieux.

- Ça me va. Mais, êtes-vous tous arrivés il y a longtemps au pensionnat?

- Tout le monde est arrivé il y a une semaine à peu près.»

Face à cette révélation, je n'étais que plus mal à l'aise à l'idée d'être ici. Je réflechissais. Ce devait être sûrement à cause du bateau, il ne faisait pas l'aller retour aux bonnes dates. Je repris:
-Oh, je vois. Sais-tu où l'on doit prendre le petit déjeuner ? J'ai une de ces faims!Je pourrais manger n'importe quoi !

-Oui, bien sûr, répondit-elle, un peu surprise par mon franc-parler. On ira le prendre ensemble. Pour le moment, habille-toi et rejoins-moi. Je suis dans la chambre à côté, à droite. Elle s'approcha de la porte et se retourna en me disant:
« - Au fait, moi c'est Maé
-Holly »

Une fois qu'elle avait quitté la chambre, je me dirigeai devant mon armoire, en ouvris les portes et découvris une robe qui était absolument identique à celle de Maé. Ce devait être l'uniforme de Saint Mary. Je m'empressai de l'enfiler et de rejoindre Maé.

Plus tard, assises à table, nous avions pu faire un peu connaissance. Elle était très gentille et plutôt drôle, en fait. Elle me fit visiter quelques endroits comme la bibliothèque, les salles de cour etc. Elle me montra également la cour. De retour à l'intérieur, elle me dit qu'il y avait une dernière pièce que je n'avais pas vu. Elle marchait devant moi. Nous arrivâmes dans une grande salle ouverte et elle me lança:
« C'est le grand salon. Ici, tout le monde discute, se rencontre... etc entre deux cours par exemple ou le matin comme maintenant.

- Ah je vois. Tu penses que... je m'arrêtai net de parler. Pétrifiée, j'avais l'impression que mon cœur cognait en moi de plus en plus vite, l'angoisse m'envahissait.
J'avais vu Victoria.
Et elle m'avait vu.
Bouche bée, je la regardais entourée de sa petite cour. Elle chuchota à l'oreille de ses amies tout en me lançant quelques regards en coin et celles-ci se tournèrent indiscrètement vers moi, hilares, suite aux paroles prononcées par Victoria. Et comme si cela ne suffisait pas, je vis Alexander assis un peu plus loin sur un canapé en velours vert foncé. Heureusement, il ne m'avait pas vu. Pitié, que ce soit un cauchemar, juste un horrible cauchemar. Les deux personnes qui m'avaient fait le plus de mal, de toute ma vie, étaient ici, à quelques mètres. Je n'y croyais pas..
Mais, plantée à côté de moi, Mae me questionna:
« - Ca va Holly?
- Oui... ça va répondis-je encore anesthésiée par le choc que je venais de subir.
-Tu en es sûre?insista-t-elle.
-Oui oui, ne t'en fais pas pour moi. »
Nous allâmes à notre premier cours qui se trouvait être un cours de latin. Je n'en avais jamais fait. Je ne connaissais que quelques bases que m'avait inculquées un précepteur employé par les Johnson mais j'étais loin de pouvoir comprendre quoi que ce soit. Le professeur le remarqua et par chance, il fut indulgent avec moi et me laissa en paix à essayer de comprendre au moins un mot. Je ne l'en remercierais jamais assez. La journée passa rapidement, et j'étais contente de constater que je n'avais qu'un cours en commun avec Victoria, l'Histoire. C'était déjà trop. Je ne pouvais la supporter, elle, et ses regards insistants.

HollyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant