Chapitre 8

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       Au début, il y eût un instant de silence pesant.

Je voulais disparaître. J'étais là, face à lui. Il devenait rouge, rouge de colère tandis que je virais plutôt au blanc. Il me lança ou plutôt aboya:
« - Qu'est-ce que tu fais ici? Je t'interdis d'être là.»

Son regard se dirigea vers le cadre qui pendait à ma main, plus bas, au niveau de mon genou.

Il se dirigea vers moi, se pencha légèrement et m'arracha le cadre en question des mains avec une violence qui me faisait vraiment peur.

Il sentait l'alcool. Il jeta le cadre sur son lit et s'approcha de son bureau. Il fit tout valdinguer. Il faisait tellement de bruit mais j'étais tétanisée, je le laissais faire.
Le petit récipient contenant de l'encre pour écrire se brisa, laissant couler un liquide bleu foncé sur la moquette. Il donna un coup dans le mur avec son poing. Puis un autre, et encore un autre, jusqu'au sang que je voyais dégouliner sur les arcades de son poing et sur le mur. Je m'approchai et mis ma main sur son épaule en lui soufflant:

« -Arrêtez, arrêtez s'il vous plaît.»

Il se retourna et ne paraissait que plus en colère. Ce que j'avais dit avait fait l'inverse de ce que je voulais. Je me reculais et lui, s'avançait vers moi.
Je fus stoppée par un mur derrière moi et mon dos y était plaqué. Mon souffle s'accélérait. Je tremblais. Il s'approcha encore. Je pouvais sentir avec plus d'intensité l'alcool qui émanait de son souffle, de son haleine. Il plaqua ses mains contre le mur de chaque côté de ma tête. Il me dit avec hargne:

« -Qu'est ce que tu veux, hein? Dis-le moi.

- Je... Je suis arrivée par hasard, je me suis trompée.

Il était tout proche quand Noah arriva en trombe dans la chambre. En voyant Edward, il s'énerva:
« -Lâche-là Montgomery, ou tu vas le regretter. »
Edward ne moufta pas et répondit:
« - C'est sûrement pas toi qui va me dire ce que je dois faire.»
Noah ne put se contrôler et il s'avança précipitamment vers Edward et lui asséna un coup dans le ventre. Edward, pris de cours, haleta quelques secondes. Puis, il donna un coup de poing à Noah au niveau de la joue. Je réussis à me faufiler. Puis, j'essayai d'empêcher les deux garçons de se battre jusqu'à la mort. Je tentai de les séparer.

Je réussis enfin et pris Noah par le bras afin qu'il se repose sur mon épaule. Je fis comprendre à Edward qu'il était plus sage de ne rien tenter et nous partîmes rapidement.

Edward lança tout de même:
« -On finira ce qu'on a commencé une autre fois, Adams.»
Heureusement, il n'y avait personne dans les couloirs et la chambre de Noah était juste à côté. Il pouvait marcher tout seul, le coup n'avait pas été trop violent, enfin c'est ce qu'il disait. Nous entrâmes dans sa chambre et je fus étonnée de voir un jeune homme allongé sur un lit, en train de lire à la lumière d'une lampe à huile.

En nous voyant, il se leva, s'approcha et aida Noah à rejoindre son lit. Il me dit, bizarrement pas trop étonné de me voir ici:
« - Salut. Je suis le compagnon de chambre de Noah, je m'appelle Aaron.» Il parlait d'un ton très calme et posé.

- Moi c'est Holly, enchantée.»
Il me sourit puis observa Noah et dit:
- Mais qu'est-ce qui s'est passé?

- Tu sais je suis sorti tout à l'heure parce que j'avais entendu beaucoup de bruit à côté, j'étais inquiet. Et le bruit provenait de la chambre de Edward, répondit Noah. Je sais pas ce que ce petit con avait mais il était vraiment énervé. Il allait s'en prendre à Holly. Je l'en ai donc empêché.

- Ah, je vois répondit-Il, t'as voulu faire le héros...

-Mais nan pas du tout, c'était nécessaire, vraiment.

Noah marqua une pause et un éclair passa dans ses yeux. Il me questionna:
« -Mais d'ailleurs, pourquoi t'étais dans sa chambre, à l'autre?»

Je leur racontai tout depuis le début et ils en rirent beaucoup, surtout quand je leur avais raconté que j'avais grimpé aux arbres.
Il était minuit passée et je leur dis que je devais partir. J'étais sur leur balcon , Aaron était allongé sur son lit et Noah me dit, avant que je parte:
« - Je me disais, les autres fois, quand on te demandera de venir ici, je t'enverrai des signaux avec un miroir et de la lumière. Quand tu verras des reflets répétitifs, ce sera le signal pour que tu viennes.

- C'est d'accord, répondis-je quelque peu amusée par sa proposition.

- Fais attention dans les arbres, ne te fais pas mal... »
Il se renfrogna et reprit d'un ton suppliant:
« -Nan en fait, c'est de la folie, tu as vu le vide entre le balcon et l'arbre. A l'allée, c'était faisable mais là... Tu es sure que tu ne veux pas passer par l'aile intérieure ? »

- Et me faire prendre ? Nan, pas question. La mère supérieure a déjà perdu patience avec moi.

- Oui et c'est vrai que quand il faudra te ramasser à la petite cuillère parce que tu seras tombée d'un arbre de plusieurs mètres de hauteur , elle sera moins en colère ? Ironisa-t-il.

- Ne t'en fais pas, j'ai l'habitude. Cependant, tu n'aurais pas une corde ou quelque chose?

Il se dirigea vers un placard, ouvrit plusieurs tiroirs et il trouva au fond d'un deux une corde assez solide. Il me la tendit et j'en fis un noeud comme un lasso. Je le lançai et au bout de la deuxième tentative, il s'enroula autour d'une branche plutôt fiable. J'hésitai puis m'élançai et atterris sur l'arbre, soulagée. Enfin rentrée dans ma chambre, j'avançais a pas de loup avant de me laisser tomber sur mon lit. Quelle soirée mouvementée...

Cette fois, il ne fut pas difficile de m'endormir même si ce qui s'était passé avec Edward résonnait encore dans ma tête.

HollyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant