Chapitre 2 - La rage au ventre

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Wake up
Grab a brush and put a little (makeup)
Grab a brush and put a little
Hide the scars to fade away the (shakeup)
Hide the scars to fade away the
Why'd you leave the keys upon the table?
Here you go create another fable

Lexa adorait se réveiller avec System of a Down surtout quand elle se sentait en colère comme ce matin. Elle savait qu'elle ne dérangerait pas les autres locataires et ne se privait donc pas pour mettre le son au maximum. L'appartement voisin au sien était inoccupé depuis plusieurs mois et elle savait que Lincoln, son cousin et voisin du dessous, avait pris son service très tôt.

Comme elle, il était inspecteur de police mais ils ne travaillaient pas dans le même service. Lui faisait partie de la brigade anti-drogue tandis qu'elle était membre de l'unité spéciale chargée d'enquêter sur les crimes sexuels. Sa journée de travail avait été particulièrement éprouvante la veille. La victime de l'enquête qui lui avait été confiée était un petit garçons de 8 ans. Elle sentait encore la rage couler dans ses veines en revoyant son petit visage inondé de larmes et son corps secoué de tremblements lorsqu'elle l'avait interrogé la veille. 

Ce matin, elle avait donc besoin de se défouler avant de débuter sa journée. Elle enfila ses gants doigts coupés et se dirigea vers le sac de frappe qu'elle avait installé dans une chambre vide avec d'autres équipements de sport. Elle commença à frapper le sac avec une force peu commune, habituée à maltraiter le cuir déjà usé par les coups répétés. Après son départ de l'armée, elle avait continué à s'entraîner régulièrement comme elle en avait l'habitude. Elle courrait ainsi plusieurs fois par semaine et fréquentait assidûment la salle de boxe près de chez elle. Elle ne pouvait pas se passer de ses activités sous peine de voir la rage et la colère l'envahir. Le sport était son exutoire, le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas perdre pied, particulièrement quand elle était confronté à une enquête difficile.

Et cette nuit, les cauchemars ne lui avaient laissé aucun répit. Elle avait été renvoyée là-bas, comme si elle y était encore dans la réalité, et s'était réveillée en sueur, des larmes, qu'elle avait essuyé rageusement, coulant sur ses joues. Maintenant, il lui fallait évacuer toute cette colère et cette haine. Elle frappait, encore et encore, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Le sac bougeait et grinçait sur sa chaîne pendant qu'elle se déchaînait. Elle était tellement prise dans son combat contre cet adversaire imaginaire symbolisé par le sac, qu'elle n'entendit pas que l'on tambourinait à sa porte depuis plusieurs minutes. 

Elle finit par s'arrêter, à bout de souffle. La sueur perlait sur son front et le long de son dos. Ses poings la brûlaient à cause du frottement des gants, elle aurait encore des marques, peut-être même saignait-elle à certains endroits malgré la protection. Elle en avait l'habitude et trouvait cette douleur réconfortante, signe que le sang circulait encore en elle et qu'elle était bien vivante. Contrairement à d'autres, pensa-t-elle amèrement.

Elle tendit soudainement l'oreille pour écouter par dessus la musique et fronça les sourcils en entendant les coups frappés à la porte. Elle ne recevait jamais personne chez elle en dehors de son cousin et n'attendait pas de livraison. Elle coupa la musique et se dirigea vers la porte. Un rapide regard dans l'oeilleton lui permit de voir qu'une jeune femme se tenait derrière la porte et qu'elle ne semblait pas représenter une menace. Elle décida donc d'ouvrir la porte et resta bouche bée. La femme face à elle portait un short court et un débardeur trop large qui laissait entrevoir la courbe d'un sein, elle était pieds nus, les cheveux emmêlés et avait visiblement l'air furieux sans que Lexa n'en comprenne la raison.

- C'est pourquoi ? demanda-t-elle en haussant un sourcil interrogateur et en se demandant si elle n'avait pas affaire à une de ces cinglées de l'un des groupes hippies qui trainaient parfois dans la région.

Mais la blonde, comme pétrifié, ne répondit pas et se contenta de déglutir difficilement en fixant Lexa dans les yeux. Cette dernière se demanda alors si sa visiteuse n'était pas sous l'emprise d'une quelconque drogue et se raidit légèrement à l'idée. Elle regrettait de ne pas avoir pris son arme avant d'ouvrir. La jeune blonde n'était pas bien impressionnante physiquement mais elle se souvenait de quelques histoires racontées par Lincoln et savait qu'une droguée en manque pouvait faire des dégâts. Elle ne tenait pas à être attaquée ou même mordue, en tout cas pas dans ces circonstances. C'est donc en étant sur ses gardes qu'elle l'interrogea à nouveau un peu agressivement :
- Vous foutez quoi ici et vous me voulez quoi ?

- Je... Je...

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