Après la rencontre du matin avec sa troublante voisine, Clarke avait continué à déballer ses cartons. Ses affaires et celles de Lucas étaient à présent soigneusement rangées et l'aménagement de son appartement avançait finalement plutôt vite. Vers midi, son estomac lui rappela qu'elle n'avait rien avalé depuis la veille. Il était temps qu'elle aille faire quelques courses pour remplir un minimum son frigo. Bien qu'ayant quitté sa ville natale depuis des années, elle n'eut aucune difficulté à retrouver le centre commercial où elle accompagnait ses parents pour faire les courses.
L'endroit n'avait quasiment pas changé. Clarke s'attendait presque à revoir Maryline, la caissière toujours joyeuse qui l'appelait "beaux yeux" et lui glissait une sucette de temps à autre. Elle sentit la nostalgie l'envahir à ces souvenirs heureux, quand son père était encore en vie et que sa mère souriait tout le temps. Sa gorge se serra quand elle se remémora les moments passés ici. Son père cachait toujours dans le caddie un paquet de bonbons pour elle pendant que sa mère faisait semblant de ne rien voir. Elle sourit en se remémorant ce petit jeu qu'ils avaient mis en place tous les trois et sentit son estomac se tordre d'émotion. Ses meilleurs moments, elle les avait vécus dans cette ville et maintenant qu'elle était de retour, elle se sentait à nouveau chez elle.
Une fois de retour chez elle, elle mangea rapidement et ressortit tout de suite après pour aller à l'université. Elle devait signer son contrat de travail et récupérer toutes les informations dont elle avait besoin avant le début de l'année, notamment son emploi du temps. Elle n'eut aucun mal à s'orienter sur l'immense campus et à trouver le bâtiment des langues. Elle avait passé deux ans dans cette université avant que sa mère n'accepte un poste à l'autre bout du pays et que Clarke ne soit obligée de la suivre. Elle regrettait maintenant de ne pas avoir davantage essayé de la faire changer d'avis. Elle aurait dû se battre pour lui faire comprendre que fuir, en acceptant ce nouveau poste, ne l'aiderait pas à faire son deuil. Mais elle aussi souffrait de la perte de son père et elle avait suivi sans discuter, sans imaginer à quel point cela allait bouleverser sa vie. Pour le meilleur car elle avait Lucas dans sa vie mais surtout pour le pire.
Après avoir accompli toutes ses démarches administratives, elle prit le chemin du retour, satisfaite des avancées de sa journée. Elle allait pouvoir souffler quelques heures et s'accorder un moment de lecture accompagné d'un verre de l'excellente bouteille de vin rouge qu'elle venait d'acheter. Peut-être même qu'elle s'offrirait un long bain parfumé pour se délasser. Mais avant ça, elle appellerait Lucas qui lui manquait terriblement.
Perdue dans ses pensées, elle entra dans son immeuble sans regarder et percuta presque une personne qui s'apprêtait à en sortir. Elle s'arrêta d'un coup pour éviter la collision puis fixa la femme qui lui faisait face avant de se figer, stupéfaite :
- Octavia ! s'exclama-t-elle.Elle avait beau ne pas l'avoir vue depuis 7 ans, elle avait immédiatement reconnue celle qui avait été sa meilleure amie pendant des années. La brune face à elle était également tétanisée :
- Mon dieu... Clarke, c'est bien toi ? bredouilla-t-elle.- C'est moi... Je suis revenue, murmura la blonde, émue.
Octavia était totalement sidérée de retrouver son amie perdue de vue il y a tant d'années. Elles étaient amies depuis leur plus jeune âge. Elles avaient fréquenté les mêmes établissements du cours préparatoire jusqu'à leur deuxième année de fac. Octavia n'avait aucun souvenir de ces années qu'elle n'ait pas vécu en présence de Clarke. Elles avaient fait leurs premières bêtises ensemble, connu leurs premières fêtes, leurs premiers échecs, avaient pratiqué les mêmes sports, s'étaient raconté leurs premiers flirts, consolées quand elles avaient vécu leur premier chagrin d'amour... Son enfance et son adolescence toutes entières étaient liées à Clarke.
Puis le drame était arrivé... Le père de son amie était décédé dans un accident durant leur seconde année universitaire et tout avait été bouleversé. Abby, la mère de Clarke, avait décidé d'accepter un poste à l'autre bout du pays et son amie, ne voulant pas laisser sa mère seule dans sa souffrance, l'avait suivie. Pendant presque 3 ans, elles s'étaient donné des nouvelles tous les jours et se voyaient régulièrement durant leurs vacances universitaires. Elles avaient réussi, malgré la distance, à préserver leur amitié avant que Clarke ne change subitement. La jeune femme avait progressivement cessé de répondre à ses appels puis à ne plus lui donner de nouvelles. Octavia en avait eu le coeur brisé, ne comprenant pas pourquoi sa meilleure amie l'avait exclue de sa vie si soudainement. Et voilà que Clarke était là face à elle... Le temps des explications viendrait mais pour l'instant, elle ne souhaitait qu'une chose : renouer avec son amie. C'est d'une voix tremblante qu'elle demanda :
- Tu es rentrée quand ?- Seulement hier... Et je t'assure que je t'aurais contactée... J'avais prévu d'aller voir tes parents... expliqua la jeune blonde, gênée.
- Et c'est un retour provisoire ou définitif ? l'interrogea-t-elle.
- C'est définitif... J'ai obtenu un poste fixe à l'université, je ne compte pas repartir.
La jeune brune fixa Clarke dans les yeux, comme si elle cherchait à sonder son esprit et son âme. Physiquement, son amie n'était pas très différente de celle qu'elle était des années auparavant, elle avait à peine vieilli. Seul son regard avait changé. Cette lueur joyeuse qu'elle avait toujours eu au fond de ses magnifiques yeux bleus, celle qui la rendait si lumineuse et pétillante, semblait s'être éteinte. Le coeur d'Octavia se serra à ce constat. Elles auraient beaucoup à se dire mais avant elles devaient se retrouver :
- Et tu as emménagé dans cet immeuble ? demanda la brune.- Oui, au dernier étage...
- Le destin est bien fait alors... affirma Octavia avec ce léger sourire qui illuminait systématiquement son visage. Mon fiancé Lincoln habite justement cet immeuble, à l'étage du dessous. C'est pour ça que j'étais ici.
A ces mots, Clarke comprit ce qu'elle avait manqué durant toutes ces années en rejetant son amie :
- Tu es fiancée ? bredouilla-t-elle, la gorge serrée par l'émotion.Octavia montra sa bague, des étoiles plein les yeux :
- Depuis quelques mois...- Je suis vraiment très heureuse pour toi, dit la blonde avec un sourire sincère.
La jeune brune regarda sa montre et grimaça :
- Écoute, je dois aller travailler mais j'aimerais que l'on puisse poursuivre cette discussion, expliqua-t-elle. Nous recevons quelques amis avec Lincoln ce vendredi. J'aimerais vraiment que tu viennes.- Je serai là, répondit Clarke sans hésiter une seconde.
- Génial ! A 20 heures, indiqua la brune.
Puis, sans réfléchir, elle embrassa Clarke sur la joue comme elles en avaient toujours eu l'habitude avant de filer rapidement. La jeune blonde rejoignit son appartement comme un automate. Revoir Octavia l'avait profondément bouleversée et elle s'était immédiatement rendu compte que son amie lui avait énormément manquée. Aussi, elle avait tout de suite saisi l'opportunité que lui offrait Octavia d'essayer de renouer leurs liens en l'invitant à cette soirée. Elle avait fuit pendant des années, rejetant tous ses proches amis, mais c'était terminé, elle ne s'enfuirait plus.
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Renaissance
Narrativa generaleAprès avoir obtenu un poste de professeur au sein l'université locale, Clarke Griffin retourne vivre dans sa ville natale. Très vite, elle fait la connaissance de Lexa Woods, inspecteur de police, et ancienne militaire qui semble cacher un secret tr...