Partie II - Chapitre 1

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Cela faisait près de trois mois que je m'occupais personnellement de la surveillance de Cara. J'avais d'abord été distant, limitant mes séances d'observations à une ou deux par mois. Mais très vite, le besoin d'en voir plus s'était fait ressentir. Elle s'était rendue compte de quelque chose. Elle ignorait quoi exactement. Ce qui était certain, c'est qu'elle savait qu'elle n'était plus toute seule.

Et cette pensée m'était réjouissante.

Je n'avais pas besoin de plus pour l'instant. Je me contentais de l'observer dès que mon emploi du temps me permettait. Je savais que bientôt j'aurais besoin de plus. De la faire vraiment mienne.

Mais pour l'instant, ce jeu du chat et de la souris me plaisait foutrement. Par quelques regards inquiets et candides, elle avait réussi à m'exciter plus qu'un grand nombre de femmes aussi jolies les unes que les autres.

Elle avait quelque chose d'inexplicable. Je voulais qu'elle en ait conscience.


***


L'été était définitivement fini. Je me trouvais devant l'université, prête à entrer dans quelques minutes. Une nouvelle année commençait et une période nouvelle s'ouvrait. 

Et j'avoue qu'à ce moment-là, je ne mesurais pas encore la vérité de de cette dernière phrase. 

- Vos emplois du temps seront constitués en fin de semaine et vous les recevrez par mail. Pour toute réclamation, vous devez vous rendre au secrétariat qui ouvre de 10h à 12h et de 14h à 16h. SI vous souhaitez changer... 

Je m'empêchais de fermer les yeux et de laisser poser ma tête sur la table pour enfin finir ma nuit de sommeil. Hier, j'étais sortie à un apéro organisé par une association étudiante de la fac. J'avais pu sympathiser et rencontrer un certain nombre de nouveaux étudiants.

Ce que j'avais omis dans ma nuit de fête c'était ma réunion de méthodologie à 9h du matin. L'amphi était étonnement plein lorsque j'étais entrée, les cheveux encore en pagaille puisque j'avais tenté jusqu'aux derniers instants de prolonger mon temps de sommeil. 

J'ouvris mon téléphone et ouvris l'application Instagram. Les quelques dernières photos de l'été avaient été postées par des amis ou de simples connaissances. Bain de minuit à Porto Rico, selfie devant la statue de la liberté, dîner entre amis à Belle-Île... 

Je vérifiais les likes que j'avais obtenu sur la photo que j'avais posté hier en matinée. Une photo volée des filles et moi sur la côte d'Azur. Emilie faisait un doigt d'honneur, Susan tenait son rouge à lèvres en main. J'étais la seule à garder une pose sérieuse avec un sourire presque rêveur. J'aimais cette photo car elle illustrait d'une façon terriblement véridique un pan de notre amitié: notre complémentarité. 

Le professeur nous remercia enfin et tout l'amphi se leva. Après quelques difficultés, je réussis à sortir de la fac. Je n'avais pas le temps de traîner, je commençais aujourd'hui ma première journée de job étudiant. 

J'étais tout simplement vendeuse mais dans un lieu assez exceptionnel... Les filles avaient crié de surprise lorsque je leurs avais annoncé que j'allais travailler dans un sex-shop. 

J'étais tombée sur l'annonce par hasard. En défilant les quelques annonces de job étudiant, ce dernier m'avait tapé dans l'œil. Sa proximité avec la fac et le salaire proposé. Travailler dans ce genre de lieu ne me gênait pas. Au contraire, je trouvais que c'était une bonne opportunité pour élargir mes connaissances autour du monde du sexe. 

Au téléphone, mon employeur m'avait paru assez jeune mais lorsque je l'eus en face de moi, je découvrais un quarantenaire aux cheveux grisonnants. Après une brève présentation des étalages et du fonctionnement de la caisse, je fus lancée dans le grand bond de ce lundi après-midi plutôt pas mal fréquenté dans la boutique. 

MajestueuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant