Simplement ineffable - Receuil os

Une soirée de printemps

Pour les un an de l'apocalypse-mais-enfaite-non, Rampa, Aziraphale, et les Eux, avaient été invité chez Anathème et Newt. La soirée avait été agréable, malgré les petites disputes des Eux et des nouveaux tourtereaux, qui fêtaient au passage leur un an ensemble. Comme à leur habitude Aziraphale et Rampa, négligeant les autres convives, avaient passé la soirée à s'envoyer des piques et à se draguer plus ou moins ouvertement et sans vraiment s'en rendre compte. La preuve en était le fard qu'ils avaient piqué lorsque Adam s'étaient permis de faire remarquer qu'ils ressemblaient beaucoup trop à un vieux couple pour leur faire croire qu'ils n'étaient que des amis.

Celui-ci, bien décidé à les pousser dans leurs retranchements, continua ses remarques toutes la soirée. D'accord, ce n'était pas très sympa, mais aussi est-ce que Rampa avait vraiment besoin de se coller à "son ange" de manière aussi indécente ? Et puis c'était quoi cette excuse : "j'ai un métabolisme de serpent, il me faut de la chaleur." Vraiment nul. Pour un démon, ses mensonges n'étaient vraiment pas crédibles. Et puis sincèrement, qui donnait la becquée à un simple ami ? avec cette lueur dégoulinante de tendresse dans les yeux ? Adam était bien décidé à les mettre face à leurs sentiments ; malheureusement il ne réussit qu'à les faire fuir. Mais ce n'était que partie remise : il avait un plan.

Le lendemain, Rampa et Aziraphale se retrouvèrent au parc pour nourrir les canards ; enfin plus précisément pour qu'Aziraphale les nourrisse et que Rampa leur jette des pierres dès que son ange avait le dos tourné. Malheureusement pour lui, les volatiles avaient bien compris cette maneuvre et se réfugiaient toujours entre les jambes du blond où ils se savaient en sécurité : Rampa s'en voudrait trop si jamais le moindre de ses projectiles ne faisait même qu'effleurer son ange.

Adam et les Eux, cachés dans les buisons, se préparait à la réalisation du plan de leur chef. Les uns après les autres, ils grimperent dans un chêne noueux qui surplombait le futur couple.

Le futur couple en question était maintenant assis sur un vieux banc vermoulu près à tomber en miette au moindre coup de vent ; à se demander comment il pouvait supporter le poids d'Aziraphale (sans doute grâce à un sort de Rampa). Ils discutaient de tout et de rien ; enfin du moins Aziraphale discutait de tout et de rien tandis que Rampa considérait avec attention la main potelée de son ange, hésitant à la prendre dans la sienne et maudisant intérieurement les papillons que cette idée faisait naître dans son ventre.

Il faisait presque nuit et le petit parc était vide, les seuls bruits qui meublait cette chaude soirée de printemps provenaient du doux babillage de l'ange, des canards qui espéraient toujours plus de pain, et d'une brise légère qui apportait jusqu'à leurs narines un délicat parfum de fleurs : c'était parfait, et Adam était sur du succès de son plan.

Alors que le démon s'apprêtait à enfin prendre la main de son ange, une voix puissante, grondante comme milles éclairs, déchira la quiétude des lieu.
"Prends sa main imbécile !"

Le futur couple sursauta et Rampa éloigna sa main d'un air coupable. Furieux contre le crétin qui avait osé le déranger pendant qu'il parlait avec son ange, il se leva et, se sentant particulièrement ridicule, cria vers le ciel : "Dites-moi votre nom, que j'aille vous faire la peau !"
La voix répondit : "Je suis Dieu, et tu as intérêt à m'obéire."
Rampa sourit : "Je suis un démon, je n'obéit  qu'à Satan, et encore..."

La haut, en équilibre précaire sur une branche, Adam grimaça : il n'avait pas pensé à ça. Néanmoins il se reprit assez vite et, portant à sa bouche son mégaphone spécial "voix flippante", il reprit : "Dans ce cas, Aziraphale, prend sa main !"

L'ange hésita : il n'aimait pas désobéir à ses supérieurs, et surtout pas au Créateur lui même, mais cet ordre était étrange et la voix ne ressemblait pas à celle de Métatron.
"Pourquoi donc ? Je pensais que vous réprouviez mon pacte avec un démon ? Et puis lui tenir la main..." La peau pâle de l'ange rougie sensiblement.