Chapitre 9

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Douze heures plus tard, après avoir failli frapper un chevreuil et rentrer sous en van, Darel demande à Nathan de se joindre à nous dans la voiture afin que je ne conduise plus. Disons que j'ai tendance à être facilement déconcentrée. Mais c'est si amusant de regarder les réactions des autres conducteurs !

Je suis contente de ne plus me retrouver seule avec Darel. Ce type me déstabilise. Il reste toujours sérieux, comme un soldat. Je devine qu'il mène sa propre guerre contre ses démons, mais je n'ose pas le questionner de peur qu'il m'envoie balader. Il ne veut pas se confier sur sa vie, sur son passé, alors il reste le même homme mystérieux qui est venu cogner à ma porte une semaine plus tôt.

Nous nous arrêtons quelquefois à des stations-services ou à des casse-croûtes pour manger rapidement, puis nous repartons aussitôt. Darel est plus loquace avec son ami, et ils me laissent m'asseoir seule sur la banquette arrière de la voiture tandis qu'ils discutent de tout et de rien, mais surtout de leurs projets une fois arrivés à destination.

Quant à moi, je somnole, je songe à mon frère et à ses secrets et me demande pourquoi il ne s'est jamais confié à moi. C'était le membre de ma famille avec lequel je m'entendais le mieux, nous partagions une belle complicité fraternelle et je me rends compte que je ne le connaissais pas réellement. C'est lui qui m'a appris à compter, à lacer mes chaussures, la guitare, une passion que nous partagions secrètement, ainsi que la natation. Nous avions des manies similaires, comme le fait de nous ronger les ongles en période de stress intense ou de mordiller notre lèvre inférieure. Mais ce qui était le plus évident, c'était notre manière de nous étirer comme des chats en nous levant d'un canapé, puis de sautiller comme Rocky Balboa afin de nous réveiller avant de mettre notre corps en action. Tous les deux gauchers, nous portions toujours une trace de crayon sur le revers de la main, du moins avant que l'ordinateur ne remplace la feuille de papier.

- Hey ! Ça va, derrière ? me demande alors Nathan, me faisant sursauter.

- Oui, pourquoi ?

- Tu es silencieuse depuis des heures.

- Je...réfléchissais.

- À quoi ?

J'hésite à leur parler de mon frère. Toutefois, il y a des choses que j'aimerais savoir, comme la façon dont ses collègues le voyaient.

- À Ethan, réponds-je.

Je vois instantanément à travers le rétroviseur Nathan et Darel se raidir.

- Je me demande si je le connaissais aussi bien que je le croyais, ajouté-je.

- Ethan était quelqu'un d'authentique.

- Il m'a menti sur son job, réfuté-je.

- Il le devait pour que sa famille soit en sécurité.

- Pour ce que ça a donné, ironisé-je.

Darel tique.

- Ce que nous voulons dire, c'est que sa personnalité restait la même que celle que tu as connu, expliqua Nathan. Il était quelqu'un de jovial, d'amusant et de complètement déluré. Il n'avait jamais froid aux yeux. Il lui arrivait de sauter d'un toit à l'autre pour s'entraîner ou de traverser un fleuve à la nage. Il aimait les défis.

Il a parfaitement décrit mon frère.

- Je ne pensais pas que vous vous connaissiez autant, lui fais-je remarquer.

- Ethan était quelqu'un d'empathique et on s'attachait facilement à lui, poursuivit Nathan. C'est pour cette raison qu'il participait aux missions les plus délicates. Les gens lui faisaient naturellement confiance.

My Mysterious ProtectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant