Les liens du sang [The Blood Ties]

Chapitre IX

Je l'aperçois : debout, sur la terrasse, une cigarette à la main. Ses cheveux bougent au rythme du vent. Il est pensif... il l'est souvent ces derniers temps, me semble-t-il. Je sors de mes pensées quand je vois un grand nuage de fumée se diriger vers la baie vitrée.

– Nathan! Qu'est-ce que tu fais ici?! Je pensais que tu avais, enfin, compris que c'était ma chambre!
– Sans blague! Une culotte qui traîne sur le lit et un soutien-gorge qui pend à la chaise de bureau, cela m'étonnerait que ce soit la mienne... rigole-t-il.

Le rouge me monte aux joues. Mes yeux font le tour de la chambre et, effectivement, une culotte brésilienne rouge et un soutien-gorge « push up » noir en dentelle sont à portée de vue. Je les saisis le plus vite possible afin de les jeter dans la manne à linge.

– Ne t'inquiète pas, ce ne sont pas deux petits sous-vêtements féminins qui vont me choquer, se moque-t-il.
– Tu m'étonnes! Tu en vois, approximativement, six par week-end.
– Oh! Un point pour Alicia Martin, zéro pour Nathan Flores.

Nous rigolons. Nathan s'assied sur une des deux chaises que j'avais installées hier soir. Sur l'autre, le dessin qu'Emilie avait fait aujourd'hui à l'école, est posé.

– Elle m'a supplié pour que je te le donne.
– Pourquoi ne l'a-t-elle pas donné à toi?
– Parce que, je cite, « moi, j'ai déjà reçu énormément de ses œuvres ».

J'éclate de rire. Je saisis le dessin et le colle au mur, à l'aide d'un petit morceau de papier collant. Ce garçon m'avait énervé, mais, comme à chaque fois, je ne sais comment, il y a toujours un petit quelque chose qui fait disparaître cette colère...

Je retourne sur la terrasse afin de m'asseoir à ses côtés. Il me tend sa cigarette que je refuse par un simple geste de la main.

– Je sais que, ce qui t'est arrivé ce midi, est à cause de moi...
– J'espère. D'ailleurs, j'attends des excuses de ta part.

J'essaie de paraître fâchée, mais là seule envie que j'ai, est de rire.

– Des excuses? Tu peux toujours rêver, petite! sourit-il.
– Et pourquoi pas? Tu viens de l'avouer: c'était ta faute.
– Je n'ai pas avoué que c'était de ma faute, j'ai seulement dit que j'étais l'origine du problème! Cette femme...
– Si l'on peut appeler cela une femme... je le coupe en rigolant.
– Cette femme était frustrée, car elle n'aurait, désormais, plus l'occasion d'entrer dans mon petit lit douillet.

Je lève les yeux au ciel: tant d'arrogance dans un seul corps, cela ne doit pas être bon...

– Je pense que tu ne te rends pas compte de la gravité des faits, continue Nathan en retenant son rire : je suis un dieu au lit, tu n'imagines pas la perte que cela doit être, pour elle.
– Effectivement, je ne l'imagine pas. Et je préfère garder ça comme ça...

C'est la première fois, depuis notre rencontre, qu'on s'entend aussi bien... Nous parlons, nous rigolons : nous nous amusons, tout simplement.

Soudain, Nathan se lève, prend une dernière longue bouffée de cigarette, ensuite, l'écrase par terre avec son pieds.

– Ne bouge pas! dit-il en sortant de la chambre.

Il revient, un verre dans la main gauche et, dans la droite, une bouteille de... de Gin? De Tequila? Lorsqu'il dépose la bouteille sur la table, je vois l'étiquette m'indiquant qu'il s'agit de la Vodka. Il sert un fond :

– Les femmes d'abord, me dit-il en me tendant le verre.

Je bois, seulement, une petite gorgée, mais sens, déjà, l'alcool me brûler la gorge. Je dépose le verre.