Chapitre XIV

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« Alicette ».

Je sens les battements de mon cœur s'accélérer dans ma poitrine. Que va-t-elle m'annoncer ? Je décroche, la voix tremblante.

– Alice ! Tu ne sais pas à quel point j'ai eu peur. Où es-tu ?
– Ne t'inquiète pas, Ali. Je suis rentré chez moi il y a une heure.
– Qu'as-tu fait, mon Dieu ? Es-tu seule ? Dis moi, s'il te plaît, que tu vas bien, que tu n'as rien.
– Je vais bien. Calme toi, chérie, respire.

Je ferme les yeux et essaie, tant bien que mal, de reprendre mon souffle. Sa voix est douce et apaisante, comme toujours : elle semble bien aller, ça me rassure. Je retrouve peu à peu mon calme.

– Peut-on se donner rendez-vous à la cafétéria ? demande-t-elle. Il faut absolument que je vous explique ce qu'il s'est passé.
– Bien sûr, Alicette. Je serai là ! Il faut prévenir Adam.
– Je viens de lui envoyer un message : il est déjà en route. Prépare-toi, on se retrouve dans vingt minutes. Je t'aime.

Nous nous faisons un bisou par le téléphone et puis, raccrochons. Vingt minutes ? C'est jouable, mais il faudra que je me dépêche. Après avoir choisi ma tenue, je saute sous la douche, me lave les cheveux, puis, les attache, encore mouillés, en un simple chignon haut. J'applique une légère touche d'ombre à paupières afin de faire ressortir mes yeux verts, et enfile ma chemise satinée blanche, que je coince dans mon jean à trous. Je jette un rapide coup d'œil dans le miroir, rebrousse mes manches et... je pense que je suis prête !

Sept minutes. Il me reste sept minutes. Tout est encore possible ! Je descends les escaliers quatre à quatre en grimaçant à chaque marche : c'est qu'elle fait extrêmement mal cette blessure au genou ! Arrivée en bas, je m'approche de Maman, toujours assise devant ses plans, et l'embrasse.

– Je vais à la cafétéria avec A et A.
– Amuse-toi, chérie. Salue-les de ma part.
– Je fais ça !
– Comment y vas-tu, me demande David.
– En bus. Pourquoi ?
– Je peux te déposer, si tu veux.

Je jette un coup d'œil à mon téléphone : plus que quatre minutes. Habituellement, j'aurais renoncer, mais aujourd'hui, je me suis laissée tentée : ma meilleure amie a besoin de moi.

David et moi sommes sur le point de sortir de la maison quand Maman m'appelle.

– Ali ?
– Oui, maman ?
– Tu es très belle, ma puce.

Je lui souris : elle est la femme de ma vie...

– C'est parce que je ressemble à ma mère.
– File ! rigole-t-elle.

Je rejoins David dans la voiture. Nous discutons du mariage, du voyage à Cannes, de l'enthousiasme de Maman, de mon adaptation dans cette nouvelle maison, de ma relation avec mon demi-frère et ma demi-sœur,...

– En parlant de Nathan : entre nous, comment c'est passé ce week-end ? S'est-il tenu aux règles ? m'interroge David.

Catastrophe. Que dois-je faire ? Le couvrir, et garder la bonne relation que j'avais, jusqu'à ce matin, avec lui, ou le dénoncer pour venger ma meilleure amie ? Le dilemme.

– Alicia ?
– Oui, il a respecté vos accords.

Pourquoi, Ali ? Pourquoi le couvrir ? Il mérite tout sauf la sympathie.

Les liens du sang [The Blood Ties]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant