Les liens du sang [The Blood Ties]

Chapitre XIII

Je reconnaîtrais cette chevelure entre mille... Alice.

Non, ce n'est pas possible. Nathan n'aurait jamais fait cela : nous sommes amis, maintenant. Je lui fais confiance. Voilà pourquoi, je les ai laissé seuls hier soir. Il n'aurait tout de même pas profité de l'occasion pour coucher avec ma meilleure amie ?

Les paroles d'Inès me reviennent en tête : « pour lui, les coucheries, c'est fini ! ». Pourquoi avait-il dit ça ? Parce qu'il tient à Alice ? Ou voulait-il seulement l'attraper dans ses filets, comme toutes les autres ?

Mais comment a-t-elle pu atterrir dans le lit de mon demi-frère, bon sang ! Il a seulement fallu un seul soir pour qu'elle tombe sous son charme et elle n'a pas réussi à s'en sortir. Je m'en veux énormément : je connais le petit jeu de Nathan, et, jamais, je n'aurais dû laisser ma meilleure amie seule avec lui. Si sa virginité a été volée, c'est ma faute.

Je m'effondre intérieurement. Je glisse le long du mur le plus près, jusqu'à me retrouver assise au sol. Je serre mes jambes contre ma poitrine et pose mon visage sur mes genoux. Quelques larmes ruissellent le long de mes joues. Ma respiration saccadée à cause de la panique ne présage rien de bon.

Les images défilent beaucoup trop vite dans ma tête. Ma meilleure amie avec mon demi-frère... Non ! Ils sont trop différents : une douce jeune fille comme Alice ne survivrait jamais à l'arrogance de Nathan, ce bad-boy à l'égo surdimensionné. Il est hors de question que je laisse ma sœur de cœur tomber dans ses mains, une nouvelle fois. Je reprends mes esprits et entre dans la chambre : Alice, couchée, dort paisiblement. De légers sifflements provenant de son nez sont tout ce qu'on entend. Je ne peux pas la réveiller, c'est au-dessus de mes forces, elle est beaucoup trop mignonne.

Pourquoi s'en prendre à elle ? Elle n'est que la victime dans cette histoire. Je sors de la chambre à pas de loup en prenant soin de fermer la porte derrière moi, puis, dévale les escaliers. Ma colère grandit à chaque marche. Si je trouve Nathan, il passera un mauvais quart d'heure. Une mauvaise semaine, plutôt.

– Nathan ? Où es-tu ? Tu n'es vraiment qu'un sale c...

Un papier posé sur l'îlot de la cuisine attire mon attention. Étrange, cette écriture m'est encore inconnue :

« Je suis parti chercher Emilie chez une amie. Nathan. »

Je saisis le papier et le déchire : ma colère devra attendre. Je remonte dans ma chambre, en silence, et m'habille : un jogging matinal pourrait peut-être m'aider à me calmer. J'enfile une brassière de sport et un legging noir, des baskets de sports, et me coiffe d'une couette haute qui m'arrive jusqu'aux omoplates. Comme à chaque fois, je glisse mon canif dans ma brassière, ma cachette secrète. Écoutez, on ne sait jamais : le monde regorge de personnes malsaines, alors il faut être prudent ! Je ne pense pas pouvoir vraiment me défendre avec une lame de trois centimètres, mais c'est mieux que rien. Je ferme la porte d'entrée derrière moi en espérant pouvoir parler à Nathan et Alice, lors de mon retour.

Les vingts premières minutes de ma course, je me force à penser à autre chose et puise toute mon énergie dans ma colère, ce qui m'a permis d'atteindre une certaine cadence que je n'ai pas l'habitude de tenir. C'est bien le seul point positif de cette matinée. Mais, soudain, mon esprit lâche prise pour se permettre de repenser à Alice, et à la grande bêtise qu'elle a faite cette nuit. Je perds ma concentration et, avant de me rendre compte que mon pied heurte quelque chose, je me retrouve à terre, couchée sur le ventre. Je vois des étoiles puis, le noir.