Cœur d'homme, âme de soldat 4 : L'homme enragé.

Livre 2, Chapitre 7

Claire.

— Je n'arrive pas à croire que tu aies menti aussi... aussi ouvertement !

Raté !

La discussion calme et adulte a donc décliné l'invitation du soir. Je n'ai pas pu résister à l'idée de lui sauter sur le poil en l'entendant rentrer du boulot. Il a juste eu le temps de se changer. Je préfère. Il est moins impressionnant sans son treillis. Quoique...
Il a le regard noir des jours de tempête. Ce n'est vraiment pas le moment. Ça déclenche invariablement une réaction en chaîne du genre tsunami de la petite culotte. Dois-je moi aussi consulter un psy ? J'adore le provoquer rien que pour mieux le mordiller après ! Mais pour l'instant, l'heure n'est pas à la fête du slip en feu.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne t'ai jamais menti !
— Tu appelles ça comment toi ? Moi j'appelle ça du mensonge par omission ! Tu revois ton ex dans mon dos alors que tu exiges une totale transparence de ma part ! Pourquoi tu n'as rien dit ? Je trouve ça... moche.
— Écoute, je ne savais pas comment te l'annoncer. Je pensais que ça finirait par se régler tout seul.

Se régler tout seul ? Genre, me plaquer sans que j'en fasse tout un fromage ? Il se drogue ou quoi ? D'ailleurs, je remarque qu'il garde le contrôle. Sa mâchoire est contractée mais il ne frôle même pas la zone rouge. Il s'attendait à cette dispute et la subit sans grosses difficultés parce qu'il l'a anticipée. Foutu stratège militaire ! Ça m'énerve encore plus. J'ai envie de lui faire mal. Autant que cette découverte m'en a fait. Je ne lâche pas le morceau.

— C'est bien une réponse de mec ça !
— Arrête de t'énerver pour rien. C'est suffisamment compliqué à gérer, une scène est inutile !
— Tu n'es pas sérieux ? Si tu m'en avais parlé, il n'y aurait pas de scène. D'ailleurs ce n'est pas une scène ! C'est une demande légitime d'explications ! Tu m'en aurais parlé si tu n'avais rien à cacher ! Tu es un menteur, un putain de menteur !
— Eh bien le ton de ta demande me gonfle, là, tout-de-suite ! T'as qu'à la formuler en trois exemplaires, tu connais ça hein ? Si je ne t'en ai pas parlé, c'est parce que je savais pas comment te présenter le problème !
— Quel est le problème ? Du chantage ? Elle te menace de balancer des photos de toi à poil sur le net ou quoi ?
— Ça n'a rien de drôle Claire ! Et tu ne peux pas comprendre !
— QUOI ? j'explose. Attends une minute, mon lapin ! Tu es mon mec, tu la vois en douce, elle te laisse des messages du genre « tu me manques, mon chéri » ou « les bébés qu'on a conçus ». Quoi, quand, où ? Pourtant, on ne peut pas faire plus claire. Alors c'est quoi l'objectif, tu espères que je passe gentiment le relais, sans déclencher la troisième guerre mondiale ?
— Donc tu as vu les messages. Est-ce que tu as fouillé dans mon portable ? réplique-t-il en entendant mes paroles réciter mot pour mot quelques-uns des multiples billets doux de son ex-femme.

Oh oui, il a vraiment quelque chose à se reprocher pour réagir comme ça. Il ne paraît pas surpris mais presque satisfait que je sois tombée sur les messages. L'aurait-il fait exprès ? À cette hypothèse, mon cœur s'effrite en mille morceaux. Pour la première fois, je suis à la limite de pleurer à cause d'un homme. Mais je ravale mes larmes. Le goût salé passe dans ma gorge, mes yeux sont secs, l'honneur est sauf. Cette fois je maîtrise ma voix, elle est descendue de plusieurs octaves et résonne glaciale avec un arrière fond métallique.

— Non. Je te faisais encore confiance, malgré les nombreux appels que tu recevais à toute heure depuis des jours. Mais conserver une tripotée de sms sur un portable opportunément oublié dans la cuisine pour que je m'étrangle avec mon café, merci bien. Surtout quand les sms continuent à arriver alors que je suis à côté et qu'ils s'affichent sur l'écran de veille !
— Putain, Claire, je suis désolé. Je reconnais que c'était volontaire. Je voulais vraiment éviter une crise mais je ne savais pas comment m'y prendre parce qu'elle me harcèle depuis qu'on s'est vu. Alors oui, j'ai fait exprès de laisser mon portable en sachant que tu verrais les messages, mais je ne m'attendais pas à ce que tu réagisses comme ça... Je ne voulais pas qu'on en arrive là.