XII. 1943 - Prisonnier de guerre

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L'alarme sonna dans tout le bâtiment. Il était là. L'intrus. Celui qu'Hydra redoutait et celui dont il s'inspirait afin de créer sa propre arme. Il venait pour lui. Pour Bucky. Mais dans sa salle, il n'entendait rien. Pourtant, le bruit des tirs et des explosions en faisait mal au crâne. Mais non. Entre rêve et réalité, Barnes divaguait. Il avait l'air d'un fou murmurant des paroles inaudibles et insensées entre son identité répétée. Mais ce même mot revenait. желание Il ne partait pas. Il ne le voulait pas. Comme s'il avait une volonté propre. 

- Bucky!!!

Son prénom au loin. Il ne réagissait pas. C'était encore un de ces mirages. Il entendait son nom. Il entendait la voix de Steve mais ne le voyait jamais. Que ferait-il ici après tout? Il était en Amérique. À Brooklyn. Et il était si heureux qu'il soit à l'abris du danger. À l'abris de ces monstres. À l'abris de-

- Bucky! Oh mon dieu...

Soudain, il cessa de murmurer des mots en vracs. Des mots russe. Des mots que Steve ne comprenait pas car il était sous le choc de le voir ainsi. Il se dépêcha de faire sauter à mains nues les lanières retenant son ami qui fixait le plafond d'un regard vide. Au dessus de lui, Rogers constata qu'il ne réagissait même pas. Comme une enveloppe privée d'âme et de la même manière qu'un robot, Bucky tourna machinalement la tête vers lui.

- Qui c'est...? Gémit-il.

- C'est moi. Steve!

- S... Steve? Steve!

- Allez, viens. 

Le sourire de Barnes n'en laissa pas moins sa stupéfaction lorsque son ami l'aida à se mettre debout.

- Je te croyais mort...

Il l'observa de haut en bas, comme si, devant lui, une vision ne pouvant être possible venait de se réaliser.

- Je croyais que t'étais plus petit...

Steve observa la salle, repérant une carte avec des bases dispersées dans tout l'Europe. Il ne s'attarda que quelques secondes, considérant le sauvetage de son meilleur ami comme l'objectif principale de sa venue. Sans mal, il aida Bucky à s'accrocher à lui afin qu'il regagne l'usage de ses jambes plus rapidement et moins douloureusement.

- Qu'est-ce-qui t'es arrivé...?

- J'ai rejoins l'armé. 

Dehors, le combat faisait rage. Dum Dum et le reste de la bande s'étaient emparés des armes ennemis, prenant un malin plaisir à les faire disparaître comme ils avaient fait disparaître leurs camarades. Le feu s'éprenait de la bâtisse dans lequel Steve et Bucky demeuraient. Monter les escaliers ne fut pas une mince à faire pour le Sergent qui se demandait toujours ce ce qui a bien pu se passer pendant son absence. Il essayait de remuer ses souvenirs afin de mieux comprendre, ou du moins tenter. Il observait Steve, son visage mais aussi son corps, témoin d'une poussée musculaire incroyable et d'une endurance et force indescriptible. Est-ce-que... C'était lui, Captain America? SON Steve? Celui qui s'était retrouvé dans les poubelles à vouloir faire le fière la veille de son départ?

- Captain America!

Ils s'arrêtèrent au dernier étage de l'escalier. Cet homme au long manteau de cuir et accent allemand venait de l'appeler... Comme ce héros des comics. Comme ce type sur les posters. C'était donc vrai. Steve était devenu l'emblème de l'Amérique mais aussi l'ennemi numéro un de l'adversaire allemand: Johann Schmidt allias Crâne Rouge. 

- Comme c'est excitant! Je suis un grand fan de vos films!

Mais le reste de la conversation, Barnes ne l'entendit pas. À l'instant où il croisa le regard de Zola, la colère monta au même niveau que la peur. Et c'est dans ce regard qu'Arnim comprit son succès et que si Captain America n'était pas arrivé, il aurait réussi à faire de son meilleur ami son meilleur ennemi. Mais les flashs l'assaillirent. Il tenta de rester neutre, de se concentrer sur Steve. C'était impossible. Sa tête... Il avait si mal... Tous les muscles de son corps se contractèrent, son rythme cardiaque s'emballa et le plus effrayant était qu'il avait mal aux os. Si mal qu'il en broyait la bar de fer sous sa main. Il jeta un coup d'œil à ce qu'il venait de faire sans trop y croire mais au même moment, le coup de poing de Steve dans le visage de Johann le ramena à la réalité. 

- JE suis sa plus grande réussite! 

Alors que Zola creusa l'écart entre les deux surhommes, Schmidt commença à retirer la peau de son visage que le coup de Steve avait déformé. Répugné, Rogers n'en crut pas ses yeux. Abraham Erskine l'avait prévenu: le sérum ne fait qu'amplifier ce que nous avons en nous. Et pour lui, il était devenu le mal incarné. 

- Dis-moi que tu n'en as pas un comme ça? Demanda Bucky, terrifié par ce qu'il venait de voir. 

C'était impossible. Surréaliste. Et pourtant, son corps lui rappelait bien que tout ceci était la réalité. Qu'ils ont voulu faire de lui une arme surhumaine à la manière de Steve. Et Steve, lui, qu'était-il devenu? Trop de questions l'empêchaient de rester accrocher à la fuite de Schmidt. Mais l'explosion qui fit trembler le frêle bâtiment leur annonça l'heure de partir. Steve repéra une passerelle, certes peu sûre, mais elle était leur seul moyen d'atteindre l'autre côté et la dernière porte de sortie. 

- Viens Bucky! Allez!

Rogers dû prendre son meilleur ami par le bras afin de lui montrer la voie. Au fond de lui, il sentait que quelque chose n'allait pas. Qu'ils lui avaient fait quelque chose pour que lui, James Buchanan Barnes, ne puisse réagir aux tremblements d'une explosion. Ils montèrent au tout dernier étage. Bucky fut le premier à franchir la barrière sous les conseils de Steve. Sur la barre de fer tremblante, Barnes tentait de rester concentrer sur ses pas, ne pas regarder le vide donnant sur un océan de feu, visualiser son arrivée, garder l'équilibre et la peur de tomber quand la passerelle céda légèrement. La peur dans les yeux de Steve et le courage qu'il fallut à James pour courir et sauter de l'autre côté au dernier moment avant que tout ne s'écroule. Il n'y avait plus moyen pour Steve de passer. Il était coincé.

- Il doit y avoir un autre moyen!!!

- Juste va-t'en! Pars d'ici!

- Non pas sans toi!!!

Face à la détermination de son ami, Rogers chercha un moyen. Il était devenu un autre. Plus fort. Plus rapide. Il lui vint alors l'idée folle de tordre les barreaux, prendre du recule afin de gagner de la vitesse et de sauter au dessus du vide de flammes sous le regard ébahit de James. 

Une heure. Il leur fallut une heure afin de gagner contre l'armée allemande. Des pertes étaient à déplorer mais ils s'étaient battus fièrement pour leur pays et leur liberté. Mourir au front et non dans des cachots. C'était ça, leur victoire. 

Ils étaient libres. Barnes était libre mais pas libéré de tout ce qu'il venait de vivre. Tout cela allait le hanter. Tout ce qu'il avait ressenti. Tout ce qu'ils lui avaient dit. Tout ce qu'ils voulaient faire de lui. Le fait qu'il soit le premier à passer la première dose. Qu'il ait été l'espoir de l'ennemi. Et ce mot qui ne voulait partir de sa tête. Comme une programmation qui restait coincé dans son cerveau. 

желание

Past of a Soldier 彡 Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant