XIII. 1943 - Prisonnier de guerre

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Quatre jours plus tard,

Quatre jours. Il leur fallut quatre jours pour revenir en Italie, guidés par le Captain Rogers. Bucky accompagnait fièrement son meilleur ami sous les applaudissements et hurlements de bonheur. Le Colonel Chester Phillips n'en croyait pas ses yeux. Il avait vu ce gamin de Brooklyn suer à la mort lors des entraînements et se dandiner comme une danseuse devant des spectacles tous aussi minables les uns que les autres. Il pensait que Rogers n'était qu'un pantin incapable de faire quoi que ce soit de plus que d'amuser la galerie et le voilà accompagné des anges ayant traversé l'enfer. Il s'était finalement lamentablement trompé. Mais ce n'était pas le fait qu'il lui ait dicté son impuissance qui l'ait poussé à partir sur le front. C'était son meilleur ami. Le Sergent James Buchanan Barnes. Il ne supportait pas l'idée de le laisser derrière. C'était inimaginable. Et ce qui les reliait était bien plus que de l'amitié. Ils étaient frères et la barrière du sang n'existait plus avec eux.

- Bravo à Captain America! Cria Bucky, des étoiles de fierté dans les yeux soupoudrées d'une honce de "À qui j'avais dit de rester loin des problèmes et que je retrouve avec vingt kilos de muscles et un mètre en plus".

Steve se sentait perdu, mais fière. Il était le responsable de tous ces regards, tous ces hurlements de bonheur. De toutes ces vies qui, sans lui, auraient péris dans les flammes et la douleur. Il échangea un regard avec son frère. Pour une fois, les rôles avaient été inversé. Et mon dieu, ce que cela lui faisait du bien, d'enfin pouvoir sauver quelqu'un. Être le héros qu'il a toujours voulu devenir. 

Après quelques heures de repos et une douche pour laver leur corps des souvenirs de ce cauchemar éveillé, le bar non loin du camps fut en quelques minutes immergé de soldats. Le piano joua ses plus belles notes, le barman servit ses meilleurs breuvages aux rescapés et les rires dominaient le bâtiment ainsi que toute la rue. Au comptoir, Bucky s'amusa à servir plusieurs verres à Steve, histoire de confirmer que son métabolisme l'empêchait bien - malheureusement - de rentrer dans un état second submergé par l'alcool. Au final, se fut le cas pour Bucky, légèrement éméché. 

Enfin, s'approcha Peggy Carter. Malgré les tentatives du Sergent afin de se faire bien voir par l'agent, toutes ses tentatives demeurèrent veines. Elle n'avait d'yeux que pour Steve ce qui le mit légèrement mal à l'aise d'avoir pris la place de celui que personne ne considérait. Mais alors vint au comptoir une femme sculptée dans une robe en satin violette et recouverte d'un beau manteau prune aux revers de manches en poils parme. Elle revêtait un bibi à voilette noir cachant la totalité de son visage derrière ce tissu résille mais Barnes distingua tout de même la couleur rouge flamboyante de son rouge à lèvres. Elle ne se situait pas très loin de lui mais était tout de même placée en retrait par rapport au reste des clients.

Alors, intrigué par cette femme mystère, il ne pu s'empêcher de faire glisser son verre sur le bois ciré afin de se rapprocher, l'air de rien, de la source de sa curiosité. Il observa faussement les bouteilles alignée au dessus du barman nettoyant un verre à son robinet, serviette sur l'épaule. Il finit même par jeter un œil au plafond avant de n'engager la conversation. 

- Venue retrouver un proche? 

Il but une gorgée de la liqueur trouble. 

- On peut dire ça. 

Il observa les alentours, pensant que quelqu'un allait arriver dans ce cas là.

- Cette personne n'a pas l'air d'être arrivée. 

- C'est drôle comment vous observez les gens, Sergent. 

- Oh, alors comme ça vous me connaissez? 

- De loin. 

Il commanda d'un signe de main un verre pour la demoiselle.

- Si seulement vous acceptez, bien sûr.

Elle acquiesça de la tête, cachant comme elle le pouvait son sourire tiraillé. 

- Vous ne perdez pas de temps.

- La vérité, c'est que vous me troublez pour une raison que je ne saurais expliquer. Nous sommes-nous déjà rencontrés?

Le barman déposa un joli verre couleur framboise sur un dessous de verre. La femme le prit délicatement et l'approcha de ses lèvres tout aussi lentement...

- Non, Sergent. Malheureusement. 

Et but d'une gorgée le contenant avant de ne le déposer plus énergiquement.

- D'où venez-vous comme ça?

- Très curieux.

- Seulement parce que cela vient de vous.

- De très loin. 

- Et vous êtes venue ici juste pour retrouver cette personne?

Elle mit du temps à répondre.

- Oui. Mais je suppose que c'était une erreur. 

D'un bond, elle s'éclipsa, confuse, troublée. Barnes sentait qu'elle n'allait pas bien. Peut-être même déçue. Déçue de quoi? Que son rendez-vous ne soit pas venu? Alors il la rattrapa, et d'une simple phrase, l'empêcha de franchir cette porte. Cette porte, elle était synonyme d'adieu. 

- Il était là, c'est ça? Votre rendez-vous. 

-... Oui...

- Alors pourquoi partez-vous?

- Parce que c'est trop dur de le voir ici, souriant. Heureux. Plein de vie. Je suis tout son contraire.

- Et pourtant vous avez fait un long chemin pour venir jusqu'à lui. Pourquoi repartir maintenant?

- Parce que... Parce que je risque de tout gâcher. (Elle entrouvrit la porte) S'il vous plaît, faites-moi plaisir, continuer de sourire. On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. 

Confus, il acquiesça d'un signe de tête, muet. 

- Ce fut un plaisir, Sergent Barnes. 

Et, cette fois, elle était partie. Elle avait disparu derrière cette porte, emportant avec elle le lot de réponses à ses questions. 

Des femmes, Bucky en avait côtoyé. Amicales. Amoureuses. Chacune de ses relations lui avait appris quelque chose. Mais elle... Elle, elle lui retirait quelque chose. Les mots. La raison. Il ne lui avait parlé que durant quelques minutes futiles et, pourtant, il avait l'impression de la connaître.

Dans une autre vie, peut-être.

- Et toi, es-tu prêt à suivre Captain America jusque dans les entrailles de la mort? 

De retour au comptoir, Bucky fut vite ramener à la réalité. Celle que la guerre n'était pas fini. 

- Jamais. Ce petit gars de Brooklyn qui était trop bête pour fuir le combat, c'est lui que je suis. (Il ingurgita d'une traite le restant de son verre) Tu gardes le costume, rassure-moi?

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 26, 2020 ⏰

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Past of a Soldier 彡 Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant