JUNE
Le temps passe lentement et ses longues semaines de rééducation étaient interminables. Gabriel venait me voir chaque soir avec toujours une certaine peine dans le regard à chaque fois que je prononcais ou parlais de détails en rapport avec mon opération.
Je n'ai qu'un souvenir vague de la suite, trop vague pour m'en souvenir réellement, juste cette odeur de sang imprimé dans ma mémoire, elle est constamment présente en moi pour des raisons que j'ignore encore.
Alors que la plus petite aiguille passe sur le 6 du cadran de l'horloge, Anne vient m'aider à boucler ma valise, pas grand-chose la contenant. Elle est composé de paperasses médicales, de quelques ustensiles pour régler mon bras ranger précieusement dans une pochette en tissus noirs, de ma machine à écrire et enfin de mes chaussons de danse valant à mes yeux comme de l'or.
Je lui ai demandée à plusieurs reprises qu'elle me donne la facture de l'opération, mais sa seule réponse était :
« Quelqu'un a régler la facture de votre opération avant que vous vous réveillez de votre coma. ».
D'après elle, la personne voulait rester anonyme. Cette réponse que je repasse en boucle dans ma tête ne me mène à rien. Le pire c'est que je n'ai pas la moindre idée quant à la personne qui pourrait se cacher derrière cet anonymat.
Je laisse cette question de côté, me concentrant d'avantage sur les papiers administratifs à signer pour valider ma sortie de l'hôpital.
Durant ces semaines je n'ai plus vu Léo, pas une seule fois et je crois que c'est ça qui m'a fait le plus de peine au fond, si je suis tombé, ce n'était pas de sa faute, j'ai moi aussi ma part de responsabilité.
Gabriel m'expliquait sans cesse qu'il était resté à mon chevet durant quasiment la totalité de mon coma mais qu'une fois éveillée, il s'en voulait trop pour venir me voir et me regarder en face sans culpabiliser, cela me déchire une partie du coeur en y repensant ; ce n'était pas de sa faute, je ne veux pas qu'il croit ça.
Par ailleurs, moi-même, je me demande encore ce qu'il s'est vraiment passé ce soir là, mais les souvenirs me manque encore et le temps n'y arrange rien. La fraîcheur ressentit à mon réveil est toujours présente, et celle-ci m'hypnotise presque, en fait elle me calme.
J'avance à pas lent dans les couloirs jusqu'à la sortie avec ma valise, semblable à du plomb en mains.
Le Dr Smith m'a répété à de nombreuses reprises de ne rien porter de lourd durant au minimum deux semaines de mon bras droit, le temps que mon épaule se rétablisse totalement.
À la sortie j'envoie un signe de la main à Anne qui m'a accompagné et pars vers un arrêt de bus menant directement à l'opéra.
C'est la première fois que le soleil me frôle depuis ce qui me semble être une éternité, et Dieu sait, que cela me fait du bien. Ces rayons solitaires passant sur ma peau m'ont manqués, tout comme Léo, mon plus beau rayon de soleil.
Quand j'attends les roues du bus s'arrêter en un crissement aigu, je relève la tête pour affronter la réalité et monte dans cette machine sale et grinçante, je glisse ma main dans la poche de mon sweet et cale la valise entre mes jambes, restant debout pour paraître la plus banale possible. Par conséquent, les gens ne font pas attention à moi et je passe incognito comme une personne normale.
Descendant au prochain arrêt à quelques mètres de l'opéra, je m'approche d'un pas sûr vers l'entrée des artistes. Le chemin, le connaissant pas coeur, j'arrive vite au bureau du producteur. Je tape puis entre avec une légère appréhension. Je tombe alors nez à nez sur sa petite secrétaire qui bizarrement ne me sourit pas comme à son habitude.
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Lien de sang
VampireLa Terre a vu passer de multiples choses mais jamais encore elle ne s'attendait à porter un jour sur sa surface bleue des êtres dits "morts". C'est vrai, nous ne sommes plus seuls depuis maintenant quelques milliers de siècles. Ils sont arrivés co...