OS 29 : Famille Laguionie - Terraink

1.1K 70 29
                                    

Le paysage défilait dehors, à travers la vitre du train. Thomas fit glisser son regard sur Damien. Ce dernier tortillait ses mains ensemble et ne cessait de d'humidifier ses lèvres avec sa langue.
Laink comprit que ce dernier était plus que stressé par le dîner qui allait arriver.
Le bouclé posa sa main sur celle plus grande de Terracid et l'attrapa, tandis que des yeux bleus se levaient sur lui :
-T'inquiètes Chaton. Tout va bien se passer. Et si tu le sens pas, on peut toujours le dire plus tard à ta famille.
-J'ai tellement peur qu'ils réagissent mal.
-Vous n'en avez jamais parlé ? Tu ne sais vraiment pas s'il sont homophobes ?
-Non. De ce que je m'en souviens, ni ma sœur ni mes parents n'ont parlé des LGBT en général.

Thomas posa sa main sur la joue brûlante de son petit copain :
-Alors ça va sûrement bien se passer.
Damien aquiesça du regard :
-Je l'espère.
Alors que le train emmenait le couple à Tours, pour que Thomas fasse un peu plus connaissance avec la famille de Damien, ce dernier essayait tant bien que mal de se calmer, se relaxant un peu sous les gestes et les paroles attentionnées de son amant.


***************************************

La porte s'ouvrit, permettant à un vieux couple et à une jeune femme de faire la bise au couple.
Madame Laguionie, une petite femme avec les cheveux bruns lui arrivant à la nuque et des petits yeux bruns, prit quand à elle Thomas dans ses bras :
-Alors, comment il va le meilleur ami de mon fils ?
-B-bien. Très bien.
-Tant mieux alors. Tu sais, tu aurais pu venir avec ta petite copine. Ce n'est pas parce que mon fils n'en a pas que toi tu dois venir seul.
-Je n'ai pas de petite copine.
-Un garçon sympathique comme toi ? Ça m'étonne. Remarque mon Damien n'a toujours pas trouvé de chaussure à son pied.
Elle se tourna vers son fils :
-D'ailleurs, ça fait longtemps que tu ne m'aies pas annoncé avoir une nouvelle conquête. Moi j'attends mes petits enfants hein.

Elle éclata d'un rire aiguë en donnant une tappe dans le dos de son fils.
La sœur de Damien, une grande brune aux yeux bleus tout aussi magnifique que son frère, regarda avec intrigue la gêne de Thomas et Damien. Si elle adorait taquiner son frère, elle voyait bien que l'ami de ce dernier semblait être plus que pressé de finir cette conversation. Aussi, elle dit, d'une voix forte, entraînant son père à l'intérieur :
-Bon, ce n'est pas tout, mais on sera mieux dedans. Maman lâche leur un peu la jambe et fait les rentrer plutôt.
Sa mère se tourna vers elle :
-M'enfin je ne les embête pas quand même. Je m'intéresse à mon fils et à son ami. Ce n'est quand même pas un crime.

Tandis que la fille se tournait vers elle pour lui répondre, elle aperçut Thomas prendre la main de Damien et lui faire un sourire réconfortant. Alors, la sœur se tut et suivit sa mère, essayant de retenir un sourire.

Monsieur Laguionie, un homme encore plutôt bien conservé pour son âge, malgré ses cheveux blancs et sa mine plutôt voûtée, amena le plat sur la table.
Thomas remarque tout de suite que, des parents de Thomas, le père était plutôt effacé contrairement à sa mère, qui elle parlait et s'agitait pour dix.
Et pendant que la sœur servait les personnes assises autour de la table, elle à côté de Damien, ce dernier à la gauche de Thomas avec ses parents en face, la mère s'adressa au bouclé :
-Tu m'excuseras Thomas, mais on a fait appelle au traiteur. Mon mari commence à se faire vieux pour cuisiner et, ma fille comme moi, sommes incapable de faire quoi que ce soit en cuisine. Damien aussi d'ailleurs, tu as du le remarquer s'il t'as déjà invité à manger chez lui.
L'interpellé, qui commençait à être à l'aise, parla sans réfléchir :
-Oui je l'ai remarqué ! Mais je ne peux pas lui en tenir rigueur, je suis comme lui. Alors, pratiquement tous les soirs, c'est soit Picard, soit Allô resto.
La sœur sourit en comprenant que sa pensée s'avérait être vraie. Son frère, lui, lança un regard effaré à Thomas. Il venait d'avouer qu'ils vivaient ensemble devant ses parents.

Sa mère écarquilla les yeux et se tourna vers son fils, ses joues rougissant et sa gorge se nouant.
-Damien ? T-tu vis avec cet homme ?
Le cœur du grand manqua un battement. Sa mère avait compris. Thomas vit qu'il avait posé sa main sur la table, et qu'elle tremblait. Il attrapa sa main quand un cri lui la fit lâcher :
-TOI LACHES LA MAIN DE MON FILS. DAMIEN, J'ATTENDS DES EXPLICATIONS.
Laink sentait que l'ambiance dans la pièce venait de monter de plusieurs crans. Ça commençait vraiment à très mal se passer.

Terracid lança un regard désolé au bouclé pour l'attitude de sa mère, et se tourna enfin vers cette dernière :
-J-je. Oui. Oui je vis avec Thomas. Parce que je l'aime. De tout mon cœur.
Sa mère lui répondit du tac au tac :
-Comment tu peux me dire ça, à moi ? Ta mère ?
Elle recula sa chaise et dit d'une voix exaspérée :
-J'en reviens pas que mon fils soit pd !

Thomas et Damien se tournèrent l'un vers l'autre, époustouflés devant l'attitude de madame Laguionie. Alors que Laink allait intervenir, la sœur de Terracid fut plus rapide :
-MAMAN ! Comment tu peux dire ça ? Tu me fais honte !
-Moi je te fais honte ? Alors que ton frère nous annonce qu'il aime les ...
Elle prit un ton dégouté et une mine pincée :
-hommes.
-Parfaitement. Lui il a trouvé une personne pour le combler. Et d'ailleurs, Thomas à l'air vraiment adorable. Alors que toi, tu réagis comme une arrièrée, comme une coincée, comme une inculte, comme une intolérante.
-Chéri ! Tu vas laisser notre fille nous parler comme ça ?
L'homme qui s'était fait discret, se tourna vers sa femme, arborant cette fois ci une mine confiante :
-Je suis souvent de ton côté, tu le sais. Mais là, elle a raison. Notre fils est heureux, c'est tout ce qui compte. Et puis si ça te plaît pas, c'est pareil. En tout cas, il aura mon soutien. 

Tandis que la femme perdait de plus en plus de contenance, Thomas l'acheva :
-Je suis dingue de votre fils. Et j'espère que je le comble autant que lui me comble. Peu importe qu'il soit du même sexe que moi. Nous sommes dans une époque où une famille, et encore plus une mère, ne devrait pas réagir pareil à ce genre de situation. C'est votre fils. Votre sang. Votre chair. Vous ne pouvez décemment pas vous opposer à son attirance sexuelle.

La mère regarda autour d'elle. Son mari qui venait de, pour la première fois depuis plusieurs dizaines d'années, être contre elle. Sa fille, qui avait osé lui tenir tête et l'insulter. Le petit ami de son fils, qui avait tenu un discours des plus convaincant et qui, maintenant qu'elle l'observait plus attentivement, semblait fou amoureux de sa progéniture. Et enfin son fils, qui était encore déboussolé par son attitude et qui semblait à présent triste comme tout.
Elle devait se l'avouer, toute les apparences étaient contre elle. Si elle ne comprenait pas comment deux personnes du même sexe pouvaient s'aimer, si elle trouvait ça contre nature, si elle aurait aimé que son fils aime les filles, elle ne pouvait pas être différente avec son fils pour autant et ne plus l'aimer.

Elle se leva de la table et la contourna, de sorte à se trouver à côté de Damien.
-Vous avez raison, je n'aurais pas dû agir comme ça. Si je suis sous le choque, sache Damien, que je continuerais de t'aimer, et que je ne traiterais pas différemment. Tu es mon fils, et tu le resteras peu importe qui tu aimes.
Terracid se leva de sa chaise précipitamment et prit sa mère dans ses bras avant de la serrer de toute ses forces. Sa mère, elle, sourit en voyant que son fils ne lui tenait pas rigueur de son comportement précédent.
Tandis que Thomas regardait son amant avec sa mère, ému et soulagé, la sœur de Damien se leva à son tour et, alors qu'elle attendait son tour pour prendre son frère dans ses bras, félicita Laink chaleureusement. Le père lui, qui s'était levé peu après sa fille, serra la main du petit copain de son fils.
-J'espère que vous serez heureux ensemble.
-Si ça continue comme ça l'est déjà, alors ce sera le cas.

Et tandis que le repas refroidissait, la famille Laguionie et leur bientôt beau fils, s'enlaçaient et se félicitaient, tous heureux, l'ambiance de la pièce étant redevenue festive et douce.

OS youtubersWhere stories live. Discover now