Chapitre 8

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Toujours pas de nouvelles de Carol Danvers. À croire que tout ça n'était qu'une hallucination collective, un -très- mauvais trip.

Un peu après ma découverte sur la nature fascinante de Gabriel, Pepper Potts-futurement-Stark-si-celui-ci-survit est arrivée accompagnée de James Rhodes, surnommé Rhodey par le milliardaire. Il est plutôt sympathique, pour un militaire.
J'ai cru saisir qu'il avait eu un léger différent avec Sam Wilson, qui a conduit à un accident fâcheux. Et il est accessoirement War Machine, du moins à temps partiel.
En bref, tout deux ont survécu à ce que les autres appellent 'le claquement', et attendent désespèrent le retour de Carol, qui est donc sensée ramener Stark.

Tout est diaboliquement lié.

Steve s'entraîne sans relâche.
Mais il n'y a plus personne à battre. Même les méchants sont en deuil. Il dit que c'est pour rester en forme. On sait tous que c'est faux, et qu'il ne se remet pas de la disparition de ses amis. Je crois que le retour d'un ami, de Tony par exemple, lui ferait du bien.
Natasha se nourrit exclusivement de sandwich au beurre de cacahuète. Et quand elle ne mange pas, elle parle à voix basse avec Clint. Elle essaye de faire bonne figure, mais elle est à deux doigts de craquer.
Clint est sur son téléphone, et regarde des photos ou des vidéos de Laura et des enfants. Ou alors il erre dehors, sans but. Je l'ai espionné à la fenêtre: il était en train de pleurer. Je ne suis pas allé le voir.
Banner s'est enfermé dans son labo. Je ne l'ai pas vu en sortir. Je crois qu'il cherche à évaluer les dégâts qu'a créé Thanos. Ça ne le déprime que davantage.
Pepper est à sa troisième tournée de cookies. Elle passe dans les couloirs et en propose à chacun. Les mouchoirs ne restent jamais loin.
Rhodey tourne en rond, au sens propre du terme. Il est clairement en train de malmener sa jambe boiteuse.
Rocket s'occupe comme il peut, il démonte et remonte tous les appareils d'électroménager qu'il trouve. Il est cinglant comme jamais. Quoi que, je le soupçonne d'être toujours comme ça. De temps en temps, il défie Clint aux fléchettes. Il se fait laminer.
Gabriel écoute de la musique dans sa chambre. Il est le seul à ne pas craquer, à rester un peu près normal. Si toutefois on peut être normal dans des circonstances pareilles.
Moi, je ne fais rien. Je me tourne les pouces.
Je regarde sans cesse le pot de confiture où reposent les cendres de Madame Parker. Je crois que si quelqu'un entrait dans ma chambre, il me prendrait pour un fou psychopathe. En même temps, il ne serait pas loin de la vérité. Si je reste quelques jours de plus ici, je vais devenir véritablement fou.
Oh, et j'allais oublier le meilleur.
Thor est inconsolable. Il pense que c'est à cause de lui que la moitié de l'univers a disparu.
Le pauvre, il a complètement raison. Sérieusement, il a vécu des millénaires et il ne sait toujours pas que le plus efficace pour tuer quelqu'un rapidement, c'est lui couper la tête. Je savais déjà ça à l'âge de cinq ans ! Le reste des Avengers essaient de le consoler, de le rassurer, mais rien n'y fait. Il reste silencieux, à attendre qu'il se passe quelque chose.

On attend tous qu'il se passe quelque chose. Mais quoi précisément ? J'en sais rien.
En fait si, je le sais, ou plutôt je le sens.
L'air de cette maison empeste la haine. Chacun ici n'attend qu'une chose: se venger de Thanos. Mais pour l'instant, on ne peut rien faire. On attend, et ils se morfondent.

Je me lève, me dégourdis les jambes. Je traverse le couloir. Par chance, la porte de Gabriel est déjà ouverte, m'offrant un spectacle mémorable. Le blond ailé est en train de danser, casque sur les oreilles. Il se déhanche, les yeux mi-clos, ses ailes s'agitant. Je me retiens de rire, observe le spectacle en souriant. Il se tourne vers moi, sursaute en me voyant. Il pose sa main sur son cœur.

« Tu m'as fait peur! »

Il met son casque autour de son cou.

« T'écoutes quoi? » je lui demande.

Il me le tend, me le pose sur les oreilles, redémarre la musique. Nous sommes proches, sans pour autant nous toucher, ni même nous effleurer.
J'écoute la musique, immobile. Un vieux son des années quatre-vingt je crois. Madame Parker en raffole. Raffolait.
À la fin de la musique, j'enlève le casque, le lui rend.

« Donc t'écoutes des trucs de vieux, » j'en conclus.

« Il y a pas de musique là d'où je viens. C'est Quill qui me l'a fait découvrir. La première fois, je n'ai pas compris quand mon corps s'est mis à bouger de lui même. Quill m'a expliqué que vous, les Terraniens, vous appeliez ça danser. »

Il me regarde, les yeux pétillants.

« C'est vrai que vous dansez, vous, les Terraniens? »

« Je ne suis pas humain, je réponds simplement, je ne danse pas. »

« Je ne suis pas Terranien, et je danse, objecte-t-il, sourcils haussés. Un jour, je te ferais danser. »

Je souris, ni croyant pas du tout. Peter a déjà essayé de me faire danser. Madame Parker aussi. Louise également.
Ils ont tous échoué.
Gabriel sort de sa poche un paquet de cigarettes. Il en met une dans sa bouche, dégaine son briquet, l'allume. Il agite le paquet sous mon nez.

« Je fume pas, » je réponds à sa question silencieuse.

Il pouffe, comme un muet le fait.

« En même temps, t'as pas l'âge. T'es qu'un bébé. »

Je ris froidement. Pour qui se prend-il?

« Parce que toi t'as l'âge ? je le questionne. T'as quoi ? Dix huit ans ? Vingt grand max. Quoi qu'il arrive, je suis plus vieux que toi. »

Il ricane.

« J'en ai cent deux. »

Je le jauge du regard. Il a l'air sérieux.

« Le temps ne m'affecte pas comme vous. C'est le petit plus d'être de la cité des anges. Ça, et les ailes. »

Gabriel me recrache la fumée au nez. Je reste stoïque. Il en faut bien plus pour me faire ciller. Le blond sourit. Son rictus déforme ses lèvres, lui donnant un air presque mauvais.

« Je t'aime bien Alexandre. Toi et tes manières de mauvais garçons. Mais au fond, t'es qu'un gosse apeuré. »

Je ne réponds pas à cela. Parce que ça ne sert à rien de répondre.
Je me contente de faire luire mes yeux jaunes.

« J'ai l'air d'être un gosse apeuré ? » je le défie.

Son sourire s'agrandit, il secoue la tête, se marrant.
Nous restons un long moment silencieux, sur le balcon. Lui à recracher la fumée de sa clope, moi à regarder les étoiles.

« Pourquoi t'utilises la télépathie avec moi, et pas avec les autres? » je lui demande subitement.

Nos yeux se croisent. Les siens sont amusés, moqueurs même.

« Parce que tu parles pas le langage des signes. »

Je m'apprête à répondre, mais le bruit d'impact du vaisseau atterrissant dans le jardin m'en empêche.

Carol Danvers est revenue.

Carol Danvers est revenue

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Revenge {Alex Jones Chaikovski}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant